G20 : à Londres début avril, les grands de la terre se sont réunis pour plancher sur l’avenir des peuples secoués par une économie devenue bien incertaine… Dans cette rubrique commune à quatre journaux (Christ seul, Horizons évangéliques, Pour la Vérité et En route), l’économiste Hélène Farelly de l’Eglise Evangélique Baptiste de Compiègne, tire des leçons de la rencontre au sommet du G20.
Signe des temps : la traditionnelle photo de groupe place sous les flashs les chefs d’État qui sont venus eux-mêmes plutôt que de laisser leurs ministres des finances mener seuls les débats. Ambiance fébrile des jours de crise où l’on n’a plus guère le choix : se serrer les coudes pour relancer la machine économique ou sombrer ensemble. Le monde entier se frotte les yeux : nos dirigeants prendraient-ils conscience que l’heure est venue de se poser les bonnes, les vraies questions économiques ?
Le vocabulaire utilisé par les chefs d’État ne trompe pas : « Le temps du secret bancaire est révolu », « Nous devons coopérer », «… mettre fin aux errements de la finance mondiale », « Il faut moraliser le capitalisme ».
Moraliser le capitalisme…
Les 20 États représentés veulent aller dans ce sens en signant un accord pour dresser la liste noire des paradis fiscaux qu’on espère mettre au pas, pour obliger les organismes bancaires à exercer plus de transparence, pour surveiller ces fameux « hedge funds », fonds spéculatifs dont le développement hors de tout contrôle a été un élément déclencheur de la crise en plongeant dans la faillite plusieurs grandes banques.
Alors, c’est fait ! La régulation devrait s’amplifier et éviter les dérives financières hallucinantes observées ces dernières années : bénéfices irréels, pertes bancaires inchiffrables, et surtout recherche obsessionnelle d’un profit à court terme qui ne repose plus sur la production mais sur la spéculation financière. Cette régulation devrait limiter les prises de risques inconsidérées des établissements financiers, et les agissements malhonnêtes de certains acteurs qui ont profité de la crédulité de petits épargnants ou emprunteurs, paumés dans les méandres d’une finance mondiale devenue si complexe.
Pour autant, réguler suffit-il à moraliser l’économie ?
La régulation par la contrainte est-elle l’avant-garde des changements profonds qui affecteront prochainement les comportements économiques de chacun ?
Je l’ignore. Je sais cependant que la morale est surtout une affaire de conscience, et que les règles, bien que nécessaires, ne peuvent suffire. L’espoir, c’est aussi que les cœurs changent, que les priorités ne soient plus placées autant sur des mirages liés à l’argent.
Gandhi l’a perçu, il y a longtemps : « Le monde contient bien assez pour les besoins de chacun mais pas assez pour la cupidité de tous ».
L’espoir du monde aux yeux braqués vers le G20 va bien au-delà d’un souhait de régulation financière.
Rendez-vous à New York en septembre pour l’acte 2.