France, Suisse: mobilisation générale en faveur de l'Eglise persécutée

Tandis que lors de leur Assemblée annuelle, les évêques catholiques lancent un appel à la solidarité en faveur des chrétiens persécutés à travers le monde, l'Alliance Evangélique Française et l'organisation de défense des chrétiens persécutés Portes Ouvertes organisent une journée de prières en faveur de l'Eglise persécutée le dimanche 17 novembre prochain. Nous nous faisons l'écho de ces deux initiatives.


Appel des évêques catholiques


Dans une "Lettre aux Eglises dans la tourmente", les évêques de France déclarent: "Évêques de France, pays qui, en 70 ans, a connu trois guerres fratricides avec un pays voisin – nous nous sommes même battus, honte de notre histoire, entre fidèles du Christ –, nous savons les efforts que réclament le pardon, le rapprochement et l'amitié. Avec la force du Christ ressuscité, nous savons aussi que cela est possible!


"Afin de soutenir votre existence et vos efforts pour les Droits de l'homme et la liberté religieuse, nous voulons faire écho à votre douleur. Nous nous engageons à entretenir, chez nous et partout où nous le pourrons, le respect et la coexistence entre les hommes et entre les peuples. Beaucoup de conflits ont un retentissement international. A notre place, nous ne manquerons pas d’agir pour faire connaître – et s’il plaît à Dieu, soulager – les épreuves qui sont les vôtres, pour vous apporter le réconfort, à la mesure de nos moyens. Vous pouvez compter sur notre prière fraternelle et sur celle de toutes les communautés dont nous sommes les pasteurs".



Alliance Evangélique & Portes Ouvertes 


On peut s'interroger sur l'utilité d'organiser dans sa communauté une journée spéciale consacrée

à l'Eglise persécutée. Mettre ainsi l'accent sur cette tragique réalité, est-ce bien nécessaire? Et puis, que peut-on vraiment faire? S'il s'agit de prier, il y a 365 jours par an et 52 dimanches: la régularité en la matière est, sans aucun doute, la meilleure des choses. Pourtant notre nature humaine est ainsi faite, qu'elle oublie vite et s'habitue à tout. Nos conditions de vie - privilégiées, reconnaissons-le -auraient tendance à nous faire oublier que nous ne sommes pas tous logés à la même enseigne. Alors, oui! consacrer une journée à l'Eglise persécutée est non seulement nécessaire, mais indispensable.


C'est l'occasion de mesurer notre privilège, mais aussi de vivre quelque chose de l'universalité de l'Eglise. C'est porter les fardeaux les uns des autres, s'intéresser à autre chose qu'à nous-mêmes, sortir de nos préoccupations égoïstes. C'est se laisser interpeller par des situations qui nous dépassent et, dans le même temps, pouvant nous stimuler. C'est là, en effet, une des leçons à tirer: ces frères et soeurs dans la foi qui souffrent à cause de Jésus-Christ nous interrogent sur notre propre consécration et nous invitent à plus de fidélité.


Le dernier rapport de la Commission pour la liberté religieuse de l'Alliance Evangélique Mondiale,souligne que plus de 200 millions de personnes sont persécutées tout simplement parce qu'elles sont chrétiennes. C'est le groupe le plus important au monde qui ne jouit pas pleinement de ses droits à cause de ses croyances. Ce même rapport décrit le chemin qu'emprunte la persécution. Il note que la première étape est celle de la désinformation. Elle commence le plus souvent dans les médias et attaque les chrétiens en les calomniant sans possibilité de répondre à ces fausses accusations. La deuxième étape est celle de la discrimination : elle relègue le chrétien à un rang de citoyen de seconde zone. La troisième phase est celle de la persécution proprement dite, en toute impunité: elle peut être le fait de l'état, de l'armée, de la police ou de groupes extrémistes.


La liberté religieuse est un droit fondamental. En réalité, elle est plus que cela… Sans la liberté de culte, il ne peut y avoir aucune liberté politique, aucune liberté de pensée, aucune liberté de conscience véritables. Certains chrétiens vivent malheureusement la persécution alors que d'autres jouissent pleinement de leurs libertés. Nous faisons partie de cette dernière catégorie mais qui peut dire ce qui arrivera demain?


Participer au dimanche de l'Eglise persécutée, c'est d'abord et sans doute, manifester sa solidarité avec cette partie souffrante du Corps de Christ, mais c'est aussi dire à nouveau sa confiance dans le Seigneur, le Maître de l'histoire. C'est enfin l'occasion de penser nos propres engagements et de laisser résonner en nous cette question : que ferions-nous à leur place ? Que ferons-nous le jour où…?

Stéphane Lauzet

Secrétaire Général de l’Alliance Evangélique Française

Michel Varton

Directeur de Portes Ouvertes France

Source: EEMNI/CEF