CA 2004, Thoune: rencontre du district francophone


Quelle vision pour le district francophone?


Le président Bernard Lehmann débute l’après-midi d’échanges  entre francophones dans la Salle de l’Armée du Salut par une citation biblique: Je bâtis mon Eglise”, déclaration de Jésus (Mt 16,18). Jésus édifie l’Eglise et non les finances, le management sec et dur ni l’engagement des croyants. D’emblée, il pose quelle vision les uns et les autres ont-ils d’un district francophone?


Les réponses fusent: D. Osswald estime que le peu de temps vécu ensemble entre francophones ne permettra pas de définir un projet digne de ce nom. Etienne Rudolph suggère que les francophones échangent en des groupes plus restreints à l’élaboration d’un projet commun. Rose-May Privet relève que maints projets, diverses rencontres supralocales ont déjà vu le jour grâce au Carrefour des Femmes par exemple.


Jean-Philippe Waechter rappelle que le journal En Route, N°1 à la rentrée 2004, est l’organe voulu pour développer ces échanges entre Eglises et oeuvres de la francophonie. Robert Gillet plaide pour que l’on vive la réalité du district, pour mieux vivre aussi la réalité de l’EEM.


Bernard Lehmann dénonce le danger de se regrouper dans ses murs à soi. Au danger du renfermement, il oppose l’ouverture: ”Apprenons à mieux vivre connexio, la mission à l’égard du prochain dans le contexte d’aujourd’hui.”


Déjà, de nos Eglises en font l’expérience: selon Roswita Ebner, les Eglises de Suisse romande apprennent déjà avec bonheur le dépassement des clivages linguistiques et culturels (Journée de district interéglises trilingue).


La genèse du rapprochement EMF/UEEM


Pierre Geiser (EMF) rappelle à l’assistance l’histoire du rapprochement entre les deux Unions méthodistes bientôt scellée (2005). L’EMF avait le sentiment de se trouver dans la position de quelqu’un qui avait empoigné du sable dans sa main et qui finissait par le perdre. Il était grand temps, conclut l’EMF, de rechercher de nouveaux contacts. Il est convaincu que ce qui va naître du rapprochement entre les deux Unions sera une entité nouvelle: “Nous sommes en train de vivre la création d’une nouvelle entité; nous mettons en place une réalité nouvelle”.


Mais cette nouvelle réalité ne se fera pas au détriment de certains acquis, nuance Jean-Philippe Waechter, comme l’esprit de solidarité (caisse commune, gestion des ressources humaines et financières partagée, solidarité des églises entre elles, etc...). Daniel Osswald abonde dans ce sens, estimant qu’il faut travailler à maintenir une certaine continuité, en favorisant l’esprit connexio, faire reculer l’individualisme.


Vers l’autonomie du district francophone?


Grégoire Chahinian, président de l’EMF, laisse entendre que les choses sont claires après les explications avancées par l’évêque lors de la dernière AG de l’UEEM à Montmeyran. Les signes sont nombreux et ne trompent pas: la formation d’une Commission pour le Ministère Pastoral (CMP) distincte pour le monde francophone, la refonte du CMFT; tout cela encourage tôt ou tard à l’autonomie du district francophone, tremplin pour un envol missionnaire de l’avis du présidenht B. Lehmann: ”Avec la structuration en cours (surintendant, CMP, CMFT), nous pourrons rendre l’Eglise plus missionnaire”.


Pour le surintendant, le nouveau découpage des circuits (= le regroupement de quelques Eglises d’une région), pour reprendre la terminologie méthodiste -l’idée n’est pas neuve, c’est une opportunité favorable à la croissance des Eglises: ”Cela peut créer des dynamismes régionaux, dans les programmes, dans le domaine administratif.”


La part de l’islam dans le pays, un défi à relever!


Deux réalités sont incontournables pour l’Eglise en France: la présence de l’Eglise catholique et la réalité du monde islamique: "Pour moi, il existe une opportunité historique à bâtir quelque chose avec nos frères  du monde musulman", allusion à l’Eglise d’Algérie susceptible d’aider l’Eglise en France à aborder la réalité musulmane.


Gerdy déclare vivre à ”Turkviller” et non à Bischwiller, tellement la densité de population turcophone est importante. L’Eglise locale s’interroge: comment atteindre ces  personnes à majorité musulmane?


Un étudiant algérien à Genève témoigne de son côté de la difficulté pour les musulmans devenus chrétiens de s’intégrer dans les communautés chrétiennes établies: ”Ce n’est pas qu’on ne veut pas s’ouvrir, mais les Eglises y sont peu préparées”.


A ce stade des échanges, Claude Grunenwald reconnaît la nécessité de l’ouverture aux chrétiens d’autres cultures: ”Nous avons besoin des autres, de vous autres, des autres cultures, pour mieux évangéliser le pays”. Daniel Osswald partage son opinion: ”Profitons de l’opportunité d’avoir des frères nord-africains pour qu’ils nous conseillent dans la mission auprès des musulm›ans”.


Abdenour, formateur en Algérie, fait état des groupes OASIS créés en France pour regrouper des chrétiens algériens et les aider à toucher la population musulmane en organisant avec eux des rencontres.


Pierre Geiser exprime ses réserves quant à une Eglise absolument typée ethniquement: à ses yeux, le modèle de référence biblique n’est pas Jérusalem mais Antioche: ”Y-a-t-il un dynamisme meilleur pour la croissance de l’Eglise?"


Martial Delachat relève que déjà on évangélise les musulmans sur Lausanne par le biais des enfants: de 8 à 15 enfants sont régulièrement touchés par cette initiative.


Le surintendant plaide pour l’intensification du dialogue sur notre rapport à l’islam et la nécessité d’éviter tout heurt frontÍal, brutal à l’islam: ”Nous voulons ^être des chrétiens joyeux, qui vivons l’Eglise joyeusement. Ainsi les autres qui vivent avec nous pourront accéder à la source sans la moindre contrainte.”


Etienne Rudolph cite d’autres défis que l’islam, à ses yeux la jeunesse souvent fort éloignée de la réalité de l’EGLISE nous interpelle: ”Comment être témoins de l’Evangile aujourd’hui?” Sommes-nous  une réalité soucieuse seulement de maintenance


Tour d’horizon du district francophone


Le surintendant Daniel Nussbaumer invite les participants à cette réunion de communiquer ce qu’ils vivent ensemble localement.


La communauté Béthesda de Strasbourg, se présente à travers Soeur Louise: la communauté vit maints temps forts en tant que congrégation \de soeurs. Le cercle d’amis  cr’éé récemment apporte une aide fort appréciée. Les attentes sont largement dépassées p(rière, soutien financier, déménagement sous peu).


La Chapelle de Muntzenheim se construit peutit à petit. L’Eglise tire de ces efforts de cosntrucituon un bénéfice extraordinaire.


René Lamey, Strasbourg Sion, évoque l’effort des deux Eglises méthodistes à former une nouvelle Eglise commune dans la ville entre Emmanuel, Sion et l’Eglise cambodgienne. Le vote se fera dans les semaines à venir. Tous réfléchissent sur les missions spécifiques de l’Eglise sur Strasbourg.


Willy Funsch relève le camp de catéchumènes,, succès auprès des jeunes. Jp.w cite la journée de l’Ascension au Landersen commune aux Eglises de l’Est, organisée par les jeunes de l’Union, riche de sens pour toutes les générations.


Jean-Pierre Peou évoque la croissance rapide et forte de l’Eglise au Cambodge, à laquelle l’Eglise de Paris participe grandement.


Grégoire Chahinian relève l’évolution de l’EMF et pour commencer la crise qu’elle a traversée avec le retrait de l’Eglise de Narbonne et de son pasteur; il évoque l’année sabbatique du pasteur Jean-Marc Donnat, la nomination à Valleraugue d’un stagiaire en la personne de Arnaud Bobèche. Les jeunes de Montélimar ont été sollicités pour animer le culte nationale de l’ASEV lors de son congrès, un événement extraordinaire pour les jeunes, une opportunité unique de contacts avec les oeuvres sociales.


Les Eglises du Sud Ouest ont organisé un week-end commun cette année pour la troisième fois consécutive sur le thème de l’amour fraternel. Des pastorales communes sont organisées, des échanges de chaire 4X par an, et une réunion entre conseils à dimension théologique et pastiorale. L’association Tipi Adent organise sur place des colonies de vacances et des week-ends. et bientôt des rencontres KT et des camps préados. Ils sont treize enfants entre Agen et Fleurance à suivre des cours d’instruction religieuse communs.


Les Eglises de Suisse Romande ont vécu la journée de l’Ascension ensemble sur le thhème des étrangers parmi nous.


L’Eglise de Genève organise un camp de familles à Montmeyran (26) cet été ouvert à des familles d’autres Eglises, bel exemple d’ouverture, nous rappelle le pasteur François Roux.


Puis vient la mention du travail en cours en Tunisie sous couvert oecuménique: depuis l’implantation de la Banque africaine du développement, il y a afflux de population africaine à Tunis. Toutes les Eglises sont pleines et souvent deux cultes sont célébrés le dimanche.


Les chrétiens tunisiens vivent leur foi à ciel ouvert à préusent, ”Notre bâtiment est devenu quasiment leur Eglise, .....”, révèle le pasteur X sollicité comme orateur au dernier camp GBU qui était consacré à l‘histoire de l’Evangile en Afrique.


Le tour d’horizon s’achève sur la situation de l’Eglise Méthodiste en Algérie aujourd’hui sous le choc de l’annonce du départ à la retraite du pasteur Hugh Johnston, qui a contribué au maintien de l’Eglise protestante contre vents et marées.


L’Eglise des Ouadias s’est retirée du reste de l’Eglise et devient une Eglise méthodiste affiliée. ”L’Eglise a besoin d’unité; c’est sûr, l’Eglise Méthodistes veut jouer un rôle centenaire à l’avenir.”


A Constantine, souvent décrite comme la Mecque de l’islam, l’Eglise était longtemps un bâtiment fermé. Dès son ouverture, les gens sont venus en grand nombre poser des questions et demander de l’aide.


A Oran, on relève l’impact des chaînes de télévisi∑on (Miracle, Sat 7, etc....) dans les foyers, même dans les régions les plus reculées. ”On y récolte actuellement le fruit. La grande masse de courrier adressé à ces chaines provient d’Algérie.” Ajoutons aussi la Bibliothèque anglophone, qui joue un  rôle non négligeable auprès des étudiants. Un groupe d’Africains à l’Université, la plupart sont des protestants-, a demandé la collaboration de l’Eglise. Des réunions hebdomadaires vont voir le jour.


Leur vision est claire: implanter des Eglises sous forme de cercles de prières. Et déjà, nombreux sont les groupes qui démarrent.


Le district francophone est manifestement en train de s’étoffer au nord comme au sud. Fort heureusement, Jésus bâtit partout son Eglise contre laquelle les puissances de l’Enfer ne prévaudront pas. Une promesse revigorante pour tous.


jp.w


EEMNI