Le «Conseil Oecuménique des Eglises» (COE) et la «Conférence Chrétienne Asiatique» (ACK) ont réclamé de la part du gouvernement des sanctions contre les responsables des agressions commises entre chrétiens et musulmans comme contre la minorité chinoise, est-il écrit dans un communiqué-COE publié mercredi. Des délégués des deux organisations ont pu établir à l'occasion d'un voyage en Indonésie que la situation dans ce pays est 'absolument confuse'. Les délégués ont visité l'Indonésie du 28 janvier au 3 février. Pendant leur visite, la délégation de neuf personnes a parlé avec le président B.J. Habibie. elle lui a fait part de son étonnement que les auteurs des agressions commises contre hommes et biens lors des troubles survenus en mai dernier et par la suite n'ont toujours pas été identifiés. Depuis que le pays est devenu indépendant en 1945, 544 Eglises ont été détruites, et le phénomène n'a jamais cessé. A la mi-janvier, une vague de violence et de destruction a déferlé dans la ville portuaire d'Ambon, où musulmans et chrétiens cohabitaient jusqu'alors ensemble dans la paix; 40 personnes y ont trouvé la mort et de nombreuses mosquées et Eglises ont été détruites. Le Président Habibie et d'autres hauts dignitaires du gouvernement se sont exprimés fermement contre les auteurs de ces violences lors de leur discussion avec la délégation du COE/ACK. Le Président a promis de traduire les auteurs devant la justice. Au regard des développements récents, il a néanmoins ajouté ceci: «Ma mission frise l'impossible.» L'équipe oecuménique est convaincue du fait que la violence qui a cours actuellement en Indonésie n'est pas en première ligne l'expression d'un haine religieuse, mais doit être ramenée bien davantage à des facteurs économiques et politiques. Sous cet angle, l'Indonésie est un pays, qui découvre aujourd'hui une nouvelle liberté, après avoir vécu sous un régime totalitaire où la liberté d'opinion avait été longtemps bâillonnée. Personne ne sait ce qui va se passer spécialement après les élections parlementaires de juin, pour lesquelles plus de 200 partis se sont inscrits. L'équipe rapporte que la situation en Indonésie est absolument confuse et que l'appartenance ethnique est exploitée par les élites au pouvoir et par leurs proches. La délégation tire des raisons d'espérer de l'attitude de certains citoyens indonésiens: des voisins musulmans s'étaient proposés de protéger les familles chrétiennes ayant souffert d'une agression et de jeunes musulmans avaient empêché la destruction d'une Eglise. Les troubles ont pour effet de remettre probablement en cause la construction de l'Hôpital de 250 lits planifié par l'Eglise Evangélique Méthodiste à Médan/Indonésie (EEMNI en a rendu compte le 13/10/98), qui aurait dû déjà ouvrir ses portes l'année prochaine. De possibles donateurs pourraient ne pas verser leur contribution en raison de l'insécurité prévalant en Indonésie. La délégation du COE/ARK a aussi visité Irian Jaya. Elle a pris là-bas, auprès de toutes les parties de la population, la mesure de son désir manifeste d'indépendance. A Djakarta, des fonctionnaires du gouvernement, et parmi eux le Ministre des Affaires étrangères, Ali Alatas, ont fait par ailleurs clairement savoir à l'équipe qu'Irian Jaya était partie intégrante de l'Indonésie et qu'il ne fallait pas établir de parallèle entre Irian Jaya et Timor-Est. L'équipe a constaté que le retard apporté au dialogue national proposé en septembre 1998 et approuvé par le Président a provoqué la déception et la confusion en Irian Jaya. La délégation COE/ARK en appelle maintenant le gouvernement indonésien à entamer immédiatement ce dialogue et à garantir la participation sans condition et de façon substantielle de représentants de la population d'Irian Jaya à ce dialogue. Le Conseil Oecuménique rassemble en son sein environ 338 Eglises de plus d'une centaine de pays et de l'ensemble de toutes les traditions chrétiennes. L'Eglise catholique romaine n'en est pas membre, mais collabore avec le COE.
>Source: Reformierter Pressedienst und EMKNI