EDIMBOURG 1910, ANNEE CHARNIERE POUR LES MISSIONS


Pour mieux avancer, il faut savoir s’arrêter et considérer le chemin parcouru. Edimbourg  2010 est l’occasion de revenir sur une centaine d’année de mission. Le point de départ était Edimbourg

En juin 1910 s’est tenue à Edimbourg la grande Conférence mondiale des missions. Cette Conférence rassembla les chrétiens de plusieurs églises protestantes pour réfléchir à la stratégie à mettre en œuvre sur le plan missionnaire. Alors que la plupart des participants étaient blancs et occidentaux, il n’en demeure pas moins qu’elle a été une rencontre révolutionnaire et d’une importance capitale. Les participants ont reconnu le besoin d’aller au-delà du colonialisme et de favoriser le développement des églises indépendantes et autonomes à travers le monde. L’évêque Heinrich Bolleter, membre du Conseil de cette Conférence Edimbourg 2010, revient sur l’histoire de cet événement majeur sur le plan missionnaire qui marque les débuts du mouvement œcuménique moderne. 

Edimbourg 2010 « Vous êtes mes témoins »

Pourquoi se souvenir d’Edimbourg 1910 ?

Heinrich Bolleter, évêque à la retraite

C’est durant l’été 1910 que se réunirent dans la capitale écossaise les délégués officiels de sociétés missionnaires protestantes qui œuvraient à la prédication de l’évangile sur de nouveaux territoires, là où le Christ n’avait jusque-là pas été annoncé. N’ayant aucune vocation décisionnelle, la Conférence n’avait d’autre but que d’aider les missionnaires à se forger un esprit commun et à coordonner leurs entreprises. Heinrich Bolleter, évêque à la retraite, membre du conseil général de la Conférence, nous en dit plus.

L’événement du siècle

En juin 1910, la ville d’Edimbourg a accueilli un des rassemblements les plus déterminants et mémorables de toute l’histoire du christianisme. La « World Missionary Conference » clôturait un grand chapitre de l’histoire chrétienne et en ouvrait un nouveau. Edimbourg 1910 fut un événement majeur pour le mouvement missionnaire du XXe siècle : ses principaux représentants se sont réunis pour faire le point sur leur travail et évaluer ce qui restait à faire.

Parmi les 1 200 délégués à la conférence figurait un très petit nombre de non-Occidentaux, les dirigeants des églises émergentes en Asie. Bien que peu nombreux, leur présence en dit long sur les changements en cours dans la famille chrétienne et ce sont eux qui ont offert quelques-unes des contributions les plus décisives de la Conférence. Ils ont eu la bonne idée de prôner une unité beaucoup plus grande entre les différents volets du témoignage chrétien. Une conviction forte unissait les délégués d’Edimbourg, à savoir que plus grande serait la collaboration entre organismes missionnaires, plus on parviendrait à faire. Ils ont rappelé la prière de Jésus que « tous soient un » (Jn 17.20). Cette question donne le ton au siècle à venir. La Conférence mondiale des missions, Edimbourg 1910, fut le berceau du mouvement œcuménique moderne. Le président de la Conférence a été l’Américain John R. Mott. 176 sociétés missionnaires et conseils ont envoyé des délégations. Ce fut un événement exclusivement protestant. Le très jeune mouvement pentecôtiste n’était pas représenté.

Edimbourg a eu pour objectif d’être une réunion de travail, son sous-titre étant « d’examiner les problèmes missionnaires en relation avec le monde non-chrétien ». Il s’est distingué par sa tentative de parvenir à une stratégie plus unifiée et à une plus grande coordination au sein du mouvement missionnaire dans le monde entier.

Les résultats de la conférence

Au-delà du côté formel des résolutions, des commissions et des plans, l’impact d’Edimbourg 1910 se mesure à l’ouverture d’esprit des participants. Les délégués ont eu la vision de ce qui n’existait pas alors : une église « mondiale » avec des racines profondes et une expression vigoureuse et manifeste sur tous les continents La conférence insistait aussi sur la nécessité pour les églises elles-mêmes de s’appliquer à leur tâche première de proclamer la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ à « toute la création ». Enfin, elle défendait la conviction qu’il était préférable « de travailler ensemble » — que les églises et les organismes s’acquitteraient bien mieux de leur mandat missionnaire, si elles étaient étroitement unies. Edimbourg 1910 a donné le ton aux Églises pour le siècle à venir et leur a donné une impulsion décisive pour relever le défi missionnaire.

Edimbourg 1910 n’était pas un événement ponctuel. C’était la première étape d’un voyage, le début d’un processus déterminant pour la mission de l’Église au XXe siècle. Certains événements clés marquent les grandes étapes de ce voyage :

  • Formation du Conseil international des missions,
  • Foi et constitution (parallèlement au développement du Conseil international des missions a été l’émergence d’un autre instrument œcuménique — la Conférence mondiale de Foi et constitution. Son origine peut également être mise en relation avec Edimbourg 1910).
  • Life and Work (Une autre piste parallèle à l’engagement œcuménique a été le mouvement Life and Work. Il est parti du principe que les chrétiens progresseront plus facilement vers l’unité en mettant de côté leurs différences doctrinales et en se concentrant sur l’action et la coopération).
  • Le Conseil œcuménique des Églises 1948 (lorsque le Conseil œcuménique des Églises a finalement été constitué à Amsterdam en 1948, il a été noté que la présence de John R. Mott, Ruth Rouse et JH Oldham a fourni un lien vivant avec la Conférence de 1910 Edimbourg).

Oberentfelden, 2009-03-08

Heinrich Bolleter, Secrétaire à Genève du Conseil Méthodiste Mondial

En route / EEMNI