République Slovaque, Bratislava : des pasteurs du pays pour servir les évangéliques méthodistes albanais

Les Albanais évangéliques méthodistes n’ont jamais eu de pasteur qui ait parlé leur langue ou qui ait grandi avec leur culture.


Cette minuscule église missionnaire comptait toujours sur des étrangers pour aider à l’organisation et la direction de leurs congrégations. Mais c’est sur le point de changer. Dans une année, Rigels Kasmollari, 23 ans, finira sa formation pastorale et retournera en Albanie pour s’occuper de trois congrégations évangéliques méthodistes du pays. Les pasteurs de pays comme l’Albanie, la Macédoine et la Serbie — avec un nombre restreint de méthodistes — doivent se rendre à l’étranger pour suivre la formation. Kasmollari a consacré une année d’études à l’allemand en Autriche, suivi trois autres années d’études dans un séminaire luthérien autrichien.


Et là, il a non seulement étudié la théologie, mais reçu aussi une formation au travail social, qui jouera son rôle dans son ministère auprès des personnes âgées, des enfants et des marginaux. Après une nouvelle année de stage dans une église évangélique méthodiste à Vienne, il rentrera dans son pays.


Un second jeune pasteur, Englantin Lushka, finira aussi sa formation pastorale en même temps et rejoindra Kasmollari pour s’occuper avec lui des congrégations évangéliques méthodistes en Albanie.


Relever des défis


Kasmollari était une des quelque 1,000 personnes de toute l’Europe qui a suivi le Festival Méthodiste européen de cette année du 1 au 5 août à Bratislava. Comme beaucoup de ses homologues de l’Europe de l’Est présents  au festival, il sait que son pays fait face à des défis énormes, chômage très élevé, accès limité à l’éducation et faiblesse des investissements de la part de l’Occident.


Les dictateurs très répressifs de l’Albanie au temps de de la Guerre froide ont laissé l’Albanie comme le pays le plus en retard technologiquement parlant, le plus isolé et pauvre en Europe — un legs qui continue à hanter ce pays du sud-est de l’Europe. Entre 1990 et 2001, 20 % de la population sont partis. On estime que plus de 30 % du revenu national de l’Albanie provient des Albanais à l’étranger qui viennent ainsi en aide à leurs familles. Une grande tension existe en Albanie entre ceux qui restent à la maison et ceux qui mènent leur vie à l’étranger.


En tant que responsables pastoraux, Kasmollari et Lushka seront confrontés à ces défis ; ils le feront avec le soutien du surintendant basé au Sud-ouest des Balkans et un évêque basé en Suisse.


"J’espère que je vais apprendre beaucoup l’année prochaine comme stagiaire," disait Kasmollari) l’Agence de presse évangélique méthodiste.


Une rencontre


L’Église Évangélique Méthodiste moderne en Albanie a commencé en 1998 avec l’aide d’Évangéliques Méthodistes de l’ancienne Allemagne de l’Est. Ils ont apporté des tables et des chaises à des écoles du village de Kasmollari, Bishnica et d’autres villages situés en pleine montagne. Ils ont alors commencé à réparer les écoles elles-mêmes. Quand les gens du pays ont demandé pourquoi ils ont continué à venir, ils ont parlé de leur foi chrétienne.


À 13 ans, Kasmollari a commencé à venir aux réunions pour enfants de l’EEM, surtout par curiosité. "J’ai été intéressé par les histoires de la Bible. Je ne les avais jamais entendues auparavant et c’était quelque chose de différent," s’est-il souvenu. Quand il est devenu plus grand, il a commencé à aimer la vie d’église dans son village, y compris la communion fraternelle avec les gens de l’Europe occidentale. "J’ai aussi voulu pratiquer mon anglais," a-t-il reconnu. "Mes parents m’ont autorisé à venir participer aux différentes activités et finalement mes parents sont aussi venus." Quand il a fini le lycée, il a commencé des études de psychologie en Bulgarie, mais il a changé d’orientation quand les Évangéliques Méthodistes lui ont demandé s’il envisageait des études de théologie.


"J’ai dit que je n’étais pas tout à fait sûr et j’ai mis quelques mois pour me décider, mais j’ai pris la décision parce que le travail d’un pasteur combine la foi et le travail au contact des gens" a dit Kasmollari. "J’ai aussi parlé à ma famille. Ma mère a été impressionnée des raisons que j’avançais et dit ' nous sommes derrière toi. '"


Il espère que maintenant il pourra aussi être un témoin pour d’autres dans sa patrie. "Le fait que je sois devenu chrétien n’a pas fait de moi un meilleur homme. J’ai eu des hauts et des bas dans ma foi. Mais je suis devenu un rebelle pour les droits et la dignité de chaque personne," a-t-il dit.


’Une situation missionnaire’


Urs Schweizer est l’assistant de l'évêque évangélique méthodiste basé à Zurich, Patrick Streiff, qui supervise le travail de l’Église Évangélique Méthodiste en Albanie. Schweizer décrit l’église là-bas comme "une situation missionnaire”, en notant qu’une des tâches les plus urgentes pour une dénomination minuscule comme l’EEM est d’obtenir un statut juridique en Albanie.


"Les gens ont des soupçons pour toute religion impliquée dans un travail social et humanitaire," explique Schweizer. "C’est important pour une église qui ressemble à une église."


Les Évangéliques Méthodistes en Albanie continuent à œuvrer toujours quotidiennement avec les personnes âgées, les enfants et les gens vulnérables, a dit Schweizer, ajoutant qu’il est important pour l’église de s’afficher clairement comme église, pour que les gens sachent qui ils sont. ...


C’est la raison pour laquelle il estime prioritaire pour les Évangéliques Méthodistes en Albanie d’avoir un bâtiment à eux un jour. Ils n’ont pas encore de liturgie officielle albanaise évangélique méthodiste. "Nous devons élaborer un profil méthodiste," a-t-il dit.


Élaborer ce profil implique plus qu’une présence dans des zones urbaines comme la capitale de Tirana. En Albanie, l’Église Évangélique Méthodiste est surtout une église de jeunes et Kasmollari a bon espoir que la pression pour émigrer aille en diminuant.


"Les jeunes veulent rester en Albanie," a-t-il dit. "Ceux qui étudient à l’étranger reviennent maintenant et essayent de construire quelque chose de nouveau."


Kasmollari est décidé à ce que lui et l’Église de Méthodiste Unie fassent partie de cet "élément nouveau."


*Bloom est journaliste de l’Agence de presse évangélique méthodiste basé à New York


Le 17 août, 2007

Source: Service de presse évangélique méthodiste (UMNS)