COE: les Églises appellent le Conseil des droits de l'homme à soutenir les minorités religieuses en Irak

image_preview-6_med_hr.png

Session extraordinaire du Conseil des droits de l'homme des Nations Unies sur la situation en Irak. Photo: ONU Genève

Dans une déclaration, le Conseil œcuménique des Églises (COE) a demandé au Conseil des droits de l'homme des Nations Unies de mandater de toute urgence une mission pour établir, avec le rapporteur spécial sur la liberté de religion ou de conviction, un rapport sur ce que vivent les communautés minoritaires du nord de l'Irak persécutées par l'«État islamique».

La déclaration de la Commission des Églises pour les affaires internationales (CEAI) du COE intervient dans le sillage de la visite d'une délégation de l'organisation dans la région du Kurdistan irakien.

Peter Prove, directeur de la CEAI, qui emmenait la délégation en Irak, a déclaré à son retour: «Nous avons pu parler avec un grand nombre de personnes déplacées originaires de Mossoul, de la plaine de Ninive et d'autres lieux aujourd'hui entre les mains de l'État islamique, et nous avons pu consigner leurs témoignages.»

Peter Prove a ajouté: «Leurs récits décrivent la brutalité, la violence, la coercition et la répression inhumaines exercées par l'État islamique pour éliminer toute forme de diversité dans la société à l'échelle de la région.» Il a notamment insisté sur la nécessité d'un «engagement clair de la communauté internationale à maintenir et protéger la diversité religieuse en Irak».

La déclaration du COE appelle le Conseil des droits de l'homme à agir en faveur d'une intensification de l'aide humanitaire aux populations déplacées et appelle de ses vœux une nouvelle résolution contraignante du Conseil de sécurité contenant des mesures efficaces pour priver l'État islamique de tout appui financier et matériel.

La déclaration a été présentée à la session extraordinaire du Conseil des droits des l'homme de l’ONU sur la situation en Irak, qui s'est tenue le lundi 1erseptembre à l'Office des Nations Unies à Genève (Suisse).

La déclaration attire l'attention sur le sort de la centaine de personnes qui sont de source sûre restées à Karakoch, une ville tombée aux mains de l'État islamique. «Ces personnes sont bel et bien prisonnières [...] Nous allons transmettre au Haut-Commissariat aux droits de l'homme une liste que nous avons reçue, contenant les noms de certaines de ces personnes, afin que le système des Nations Unies puisse accorder à ces cas toute l'attention urgente possible», indique la déclaration.

À partir des conclusions établies par la visite de la délégation du COE en Irak, la déclaration met en exergue la situation des femmes. «Nous craignons particulièrement pour les femmes et les filles parmi ces populations, dans la mesure où nous avons entendu dire que des femmes sont mises en cage puis achetées et vendues comme esclaves par des combattants de l'État islamique.»

En Irak, la délégation du COE a rencontré des personnes déplacées appartenant aux communautés chrétienne, yézidi et kakaï (soufis), ainsi que des responsables d'Église. Elle a pu constater que des initiatives ont été mises en place par des ONG locales pour distribuer aux personnes déplacées des denrées alimentaires et articles non alimentaires essentiels. Les membres de la délégation ont en outre rencontré des personnes dans des camps et abris d'urgence fournis par les Églises locales.

Violations des droits de l'homme

Au-delà de la crise humanitaire en Irak, le COE manifeste son inquiétude à l'égard de la souffrance collective des minorités religieuses et des conséquences à long terme de ces événements. «L'État islamique est en train de détruire – et, dans les zones qu'il contrôle, il a déjà effectivement détruit – la présence et l'identité même des minorités religieuses, en mettant en pièces le tissu social et le legs de la coexistence interreligieuse dans la région.»

La déclaration souligne que la ville de Mossoul, où vivent des chrétiens depuis l'aube du christianisme, a été vidée de sa population chrétienne autochtone, tandis que les églises, monastères et textes sacrés ont été la cible de destructions systématiques.

«La neutralisation de la capacité militaire agressive de l'État islamique et l'éradication de son idéologie néfaste doivent être une priorité absolue pour l'ensemble de la communauté internationale mais surtout pour nos frères, sœurs et amis fidèles de l'islam, au nom duquel l'État islamique commet ses atrocités», lit-on dans la déclaration.

La déclaration appelle par ailleurs instamment à «mettre fin à la culture de l'impunité en Irak et dans l'ensemble de la région» et propose la mise en place d'un tribunal spécial pour juger les crimes de guerre et crimes contre l'humanité en Irak et en Syrie.

Le COE, qui représente 345 Églises membres dans le monde entier, a exprimé à plusieurs reprises sa solidarité avec les chrétiens, les yézidis et les membres d'autres communautés religieuses et ethniques d'Irak aux prises avec la violence de l'État islamique.

Dans un appel lancé au secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, la secrétaire générale associée du COE Isabel Apawo Phiri avait demandé de «veiller à la protection physique de tous les individus qui s'y trouvent et défendre leurs droits fondamentaux, y compris le droit à la liberté religieuse».


02 septembre 2014

COE