Quelque quatre cent experts en matière de santé publique dans la région Pacifique se réunissent depuis mardi à Auckland (Nouvelle-Zélande) afin de tenter d'élaborer un stratégie régionale de lutte contre le VIH-SIDA, qui pose d'ores et déjà un grave problème de santé publique dans plusieurs pays et territoires océaniens.
Cette réunion “Pan-Pacifique”, tenue sous l’égide d’ONUSIDA, devrait notamment avoir pour objet de faire un bilan des répercussions de cette pandémie dans les pays de la région, notamment au plan social, économique et sanitaire.
En filigrane : les difficultés pour les instances sanitaires présentes en Océanie (dont l’OMS) d’obtenir des chiffres fiables concernant le nombre de cas, principalement en raison d’un très faible taux de dépistage dû à un manque de moyens dans les pays insulaires de la zone.
Plusieurs initiatives, financées par des pays (Australie, Nouvelle-Zélande), des institutions financières (comme la Banque Asiatique de Développement, basée à Manille) ou ayant comme maître d’œuvre des organisations régionales (comme le Secrétariat Général de la Communauté du Pacifique, CPS, basée à Nouméa, Nouvelle-Calédonie), ont jusqu’ici tenté d’endiguer un problème qui concerne au premier chef la Papouasie-Nouvelle-Guinée.
Ce pays est le pus touché en Océanie insulaire, avec un nombre de séropositifs officiellement estimé à trente mille (pour une population de 5,5 millions d’habitants), mais dont les experts craignent qu’il soit largement supérieur à s statistiques considérées comme conservatrices.
Cette réunion à Auckland cette semaine aussi pour objectif de rassembler non seulement les bailleurs de fonds et les institutions spécialistes exécutantes, mais aussi les organisations non gouvernementales et plusieurs représentants d’églises de la région, dont le Conseil des Églises du Pacifique.
L’église divisée sur la question
Plusieurs églises fortement implantées dans le Pacifique se sont ces dernières années opposé vigoureusement aux stratégies prônées par les organismes internationaux, qui voient l’utilisation du préservatif comme le meilleur moyen, à ce jour, de faire barrage à la pandémie.
« L’Église Méthodiste de Fidji, par exemple, n’est pas pour l’utilisation des condoms, même chose pour les Méthodistes de Samoa ou de Tonga. Par contre, l’Église évangélique de Polynésie française, elle, est pour l’usage des condoms. Il y a donc un vaste éventail de positions », a expliqué lundi Feiloakitau Kaho Tevi, secrétaire exécutif du Conseil Mondial des Églises du Pacifique au micro de Radio Australie.
Selon Robyn Drysdale, spécialiste de l’étude des comportement à la CPS de Nouméa, un autre facteur, social, qui joue en faveur de la maladie est le fait que les séropositifs, dans les petites communautés océaniennes, sont le plus souvent mis à l’écart, voire maltraités.
« Il y a tellement de silence et de stigmates qui entourent le VIH-SIDA qu’il est souvent risqué pour les porteurs de révéler leur maladie. Il est donc très important, dans ces conditions, de leur montrer notre soutien pour qu’ils puissent se sentir en confiance et raconter leurs histoires », selon la spécialiste.
De nombreuses personnes, porteuses du virus, sont venues cette semaine de Vanuatu, de Guam, de Kiribati, de Fidji et des îles Salomon.
Leur objectif : témoigner.
Les autres co-organisateurs de cette semaine de séminaire sont les fondations de lutte contre le SIDA de Nouvelle-Zélande, le Conseil National de Papouasie-Nouvelle-Guinée, la fondation océanienne (PIAF, Pacific Islands AIDS Foundation) et le Secrétariat Général de la Communauté du Pacifique (CPS).
25/10/2005
Source: Tahiti Presse