par Henrik Lindell, journaliste
Dans le cadre de cette rubrique commune à quatre journaux (Christ Seul, En route, Horizons évangéliques et Pour la Vérité), le journaliste Henrik Lindell explicite tous les espoirs déclenchés par l’élection de Barack Obama à la présidence des États-Unis.
Barack Obama prend ses fonctions de président des États-Unis le 20 janvier. Parce qu’il prône des valeurs de dialogue, l’homme le plus puissant de la planète soulève un immense espoir un peu partout dans le monde.
Meilleure image
Se présentant lui-même comme « Noir »1, l’ex-sénateur démocrate de l’Illinois a été élu le 4 novembre par une population majoritairement blanche. 40 ans après l’assassinat du pasteur Martin Luther King Jr2, les Américains ont réussi à dépasser les clivages ethniques et culturels pour élire le candidat qui leur a semblé le plus crédible. L’élection du premier président américain non blanc est un fait inédit dans toute l’histoire de l’Occident. D’emblée, elle a amélioré (un peu) l’image de l’Amérique dans le monde, bien détériorée pendant les années Bush. Issu de conditions sociales et familiales pas faciles, Obama montre lui-même, à 47 ans, que le rêve américain, qui est universel, peut parfois devenir une réalité. Ce qui renvoie à notre réalité : il y a proportionnellement peu d’élus noirs ou arabes en France…
Ses défis à venir
Mais au-delà de ce formidable changement-là, que veut et peut faire Obama face aux défis immenses qui l’attendent ?
L’économie
La priorité sera l’amélioration de la situation économique du pays qui vit sa « plus grave crise économique depuis 1945 », selon ses propres termes. Les grandes entreprises industrielles sont menacées. La pauvreté et le chômage augmentent. Or, l’État américain est lourdement déficitaire. Obama pourrait augmenter à terme les impôts, surtout pour les plus aisés qui avaient été scandaleusement avantagés par Bush, et éventuellement faire intervenir l’État dans l’économie. Mais ses marges seront très étroites. Sa promesse de donner une assurance médicale aux 45 millions d’Américains qui n’en ont pas devrait être tenue, mais comment, en même temps, respecter la baisse promise des impôts pour les classes moyennes ? Autre grand enjeu : le candidat Obama avait promis qu’il sortirait le pays de la « tyrannie du pétrole ». Cette nouvelle politique énergétique, « propre », serait salutaire, mais avec quels moyens la financer ?
Une politique étrangère multilatérale
L’autre grand défi est la politique étrangère en général et les deux guerres en Irak et en Afghanistan en particulier. En cette matière, il hérite d’un bilan catastrophique de son prédécesseur. Le candidat Obama avait promis, lui, qu’il mettrait un terme à la guerre en Irak tout en renforçant la pression de l’Otan en Afghanistan. Abandonnant le concept de « guerre globale » et d’« axe du bien », s’entourant des bons anciens conseillers de Bill Clinton, Obama devrait réinventer une nouvelle politique multilatérale dans un monde multipolaire. Dans un premier temps, le chrétien qu’il est a promis qu’il fermerait d’emblée l’effroyable prison de Guantanamo et qu’il interdirait à jamais l’utilisation de la torture dans toutes les prisons américaines à travers le monde. Ce serait déjà un acquis considérable qui honorerait la première démocratie au monde.
1. Il est en fait métis, issu du mariage d’un Kenyan et d’une Américaine, mais cette notion n’est pas utilisée aux États-Unis. On est soit noir, soit blanc.
- Le 4 avril 1968 à Memphis (Tennessee).
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