CONFERENCE ANNUELLE 2010 A MUNSINGEN ET STRASBOURG


Les temps forts

« Pour transformer le monde »

La Conférence annuelle Suisse/France/Afrique du Nord de l’Eglise Evangélique Méthodiste (EEM/EMU) a siégé du 24 au 26 juin 2010 à Münsingen près de Berne sous la direction de l’évêque Patrick Streiff. 

Message choc

L’évêque Patrick Streiff a donné le coup d’envoi en soufflant de la Vuvuzela, — nous étions en pleine coupe du monde — et le ton à la Conférence annuelle par un discours franc et direct en partant du thème de la Conférence « Pour transformer le monde » : Dieu change le monde quand les gens deviennent disciples de Jésus-Christ, affirme-t-il d’emblée. Faire partager au plus grand nombre le mandat du Seigneur est une affaire de survie pour l’Église, c’est sa raison d’être et son avenir : « Là où l’Église se donne à fond, elle vivra, là où elle se replie sur elle-même, elle mourra. Elle se donne à fond quand elle conduit les autres à devenir disciples de Jésus ; elle contribuera alors à transformer le monde et à glorifier Dieu ».

Stratégie du discipulat

Après un vif débat, les quelque 300 délégués de Suisse, France et Afrique du Nord ont approuvé les lignes directrices avancées par le Conseil stratégique dans son rapport : il appartient par conséquent aux paroisses de l’EEM Suisse-France de définir, dans un délai d’un an, des mesures concrètes leur permettant « d’amener davantage d’hommes et de femmes à devenir disciples de Jésus Christ ».

Cela suppose de la part des communautés locales une ouverture aux personnes fréquentant l’église et présentes dans la société et le développement d’une logique de « discipulat » (devenir disciples de Jésus-Christ) et l’évêque de rappeler que cette perspective de développement est moins une affaire de stratégie qu’un cadeau de Dieu. L’assemblée l’a compris en terminant cette séance par une prière de consécration, préliminaire, il est vrai, à tout réveil dans l’Église.

Débat

Voici des extraits du débat très animé qui eut lieu autour des propositions du conseil stratégique :

« Nous avons besoin d’une Église qui se préoccupe moins d’elle-même que des autres qui l’entourent, une Église qui accepte de fonctionner comme une minorité et de devenir le sel dans la marmite sociétale… Pour ce faire, nous devrions sortir du conventionnel. »

« Même si le projet du Conseil stratégique est valable, le vote du jour ne suffira pas à éteindre la peur qui nous étreint devant le déclin de l’église. Mais la peur est mauvaise conseillère. Nous ne pouvons qu’être d’accord pour conduire les personnes à devenir disciples de Jésus-Christ. La société change sous nos yeux, les gens n’acceptent pas qu’on leur impose la marche à suivre. On nous attend comme des serviteurs capables d’une forte écoute. Conduire de nos jours les gens au discipulat n’est guère facile. Se rapprocher des gens d’une manière ou d’une autre, c’est pourtant ce qui compte, que nous croissions numériquement ou non… »

« Nous fonctionnons autrement que le monde industriel : tout commence dans le cœur des hommes qui se donnent à Dieu et reçoivent de Dieu le feu du changement. Ça passe du haut en bas, par l’action souveraine du Saint Esprit. »

Un frère algérien se réjouit de cette volonté de relancer l’évangélisation au sein de l’EEM/EMU pour changer le monde, mais s’interroge si ce projet reste cantonné à la Suisse et la France seulement ! Un appel, un cri que nous ferions bien d’entendre :

- « Est-ce que l’Algérie ne pourrait pas être concernée également par ce projet ? En Algérie, il ne suffit pas de parler de transformation, il faudrait parler de résurrection ! »

Connexio et son concours « Projets 2010 »

Comme à l’accoutumée, le département missionnaire et diaconal de la Conférence, Connexio, a présenté son rapport d’activité et financier. Les comptes sont à l’équilibre et Connexio s’efforce de promouvoir l’information et le développement de partenariats à l’étranger par l’engagement de deux nouveaux collaborateurs. À travers ses publications et les rencontres organisées par ses soins, Connexio a attiré l’attention du public sur l’importance de la formation : « Je veux voir  : la formation offre des perspectives d’avenir, ouvre l’horizon ». Connexio défend une approche holistique de la formation et de l’éducation « pour transformer le monde ».

Par son concours de projets missionnaires et diaconaux désormais annuel, le département entend encourager les initiatives locales. En 2010, l’église de Codognan a obtenu le 3e prix ex aequo pour sa campagne d’évangélisation. Le concours est reconduit en 2011. Avis aux églises de l’EEM souhaitant un coup de pouce financier ! À vos plumes ! Pour être retenu, le projet en question devra impliquer l’ensemble de la communauté, viser le public extérieur et faire appel à la créativité.

La politique des petits pas

Dans la ligne du Conseil stratégique et de Connexio, les surintendants, eux aussi, mettent l’accent dans leur rapport sur la mise en œuvre pratique de la mission fondamentale de l’Église : qu’est-ce qui peut nous aider comme Église à réaliser notre mandat missionnaire ? Que faisons-nous localement des instruments mis à la disposition des églises pour faire progresser le mandat missionnaire ? Atteindre des gens qui ne sont pas dans nos murs… Que se passe-t-il à la base, au niveau de nos membres d’église ? Des questions pertinentes que chaque église locale doit faire siennes. Car force est de constater qu’en tant qu’Église nous sommes loin de remplir notre mission : « amener les gens à suivre le Christ pour transformer le monde ».

Les surintendants n’entendent pas dicter aux églises leur conduite. Loin de là, ils appellent seulement toutes les communautés locales à définir leurs prochaines priorités en la matière : « Chaque communauté locale devra choisir elle-même les outils qu’elle empruntera pour mettre en œuvre le mandat missionnaire », estime le surintendant Martin Streit, qui a présenté le rapport. « Oser de petits pas, mais des pas précis, c’est mieux que de ne pas avancer du tout. Avons-nous le courage de changer les choses ? Sans courage, il n’est point de transformation possible ! J’attends avec impatience de savoir qui osera faire un pas courageux dans l’annonce de l’Évangile en paroles et en actes. »

Merci à Daniel Nussbaumer

La Conférence annuelle a remercié Daniel Nussbaumer qui a dirigé pendant huit ans le district francophone en qualité de surintendant. Désormais, il sera à nouveau pasteur en paroisse, affecté à Mulhouse tout en restant chargé de la coordination du travail en Algérie. « Tu garderas encore l’Afrique du Nord, parce que nous avons vu que la situation y est tellement complexe qu’il faut absolument de la continuité dans le suivi de ce travail », explique l’évêque Patrick Streiff qui, en guise de remerciement, lui remet une carte originale : « avec cette carte, toi qui es unique, tu nous manqueras certainement dans le cabinet, nous avons toujours apprécié ta présence et ton ouverture pour vivre avec les personnes traversant des situations difficiles ». L’évêque lui souhaite comme à Jane Marie la bénédiction du Seigneur dans la poursuite de son ministère à Mulhouse. Courage et bénédictions aussi à Étienne Rudolph qui le remplace dans sa charge de surintendant.

Quand les francophones se réunissent…

Les francophones se sont retrouvés en grand nombre pour deux heures de partage intensif autour de la question de la formation telle qu’elle est dispensée dans les églises locales : comment procède-t-on localement pour promouvoir la vie de disciples de Jésus-Christ ?

Le surintendant Daniel Nussbaumer a demandé à un représentant de chaque région phare de ce district francophone d’esquisser rapidement la situation locale. Tous ces intervenants avaient en commun de n’être à leur poste que de fraîche date et de ne pas avoir arrêté encore de stratégie particulière dans leur travail.

Soirée jubilaire : l’EEM/EMU accueille et fête ses collaborateurs

Lors d’une veillée jubilaire, la Conférence annuelle 2010 à Münsingen de l’Église Méthodiste Unie (EMU/EEM) a accueilli 20 nouveaux employés, honoré 13 personnes pour leurs années de service et six autres en partance à la retraite. Parmi elles, Étienne Rudolph a été honoré pour ses 20 ans d’engagement dans l’EEM.

Matinée spéciale « immigration »

La Conférence est sortie des chemins battus en consacrant une matinée à l’accueil des migrants dans nos églises locales et la formation dans notre Conférence d’églises issues de la migration. Au sein de l’Église Évangélique Méthodiste (EEM) en Suisse, il existe actuellement 11 communautés de migrants pratiquant huit langues différentes. Près de 30 autres groupes de migrants louent des locaux à l’EEM pour leurs événements.

La Conférence annuelle de Münsingen a abordé la question de la coexistence des immigrés et des autochtones sous le slogan « à la fois étrangers et proches les uns les autres — être chrétien avec des gens du monde entier » sur le mode de la réflexion (présentation audiovisuelle, prédication) et du divertissement (chants, sketches, prestation d’une troupe de théâtre "Play-back" qui avait le chic d’improviser en artistes accomplis sur le thème suggéré par le public en relation avec l’intégration et l’immigration).

L’évêque David Kekumba Yemba, conférencier invité de la RDC, n’explique pas le phénomène de la migration par la situation catastrophique des pays africains seulement. Les moyens de transport et de communication modernes jouent indéniablement leur rôle. L’EMU de RDC cherche à retenir la jeunesse au pays en mettant en place des programmes de formation. Sur le chapitre des migrations, l’Église a pour mission de distiller de l’espoir en dépit de circonstances défavorables. Comme modèle inspirant confiance et espérance, il cite le cas de l’étrangère qu’était Ruth, la Moabite qui par fidélité au Dieu de l’alliance a fait le choix de l’émigration. En retour, Dieu lui a donné de devenir le canal obligé de la bénédiction divine, l’ascendante du Messie. Un message positif et encourageant à prendre en compte par l’EEM/EMU en France enrichie par l’intégration de communautés cambodgiennes à Paris et Strasbourg et ivoiriennes à Paris.

Strasbourg : culte d’ordination

La Conférence annuelle Suisse-France de l’Église Évangélique Méthodiste (EEM) a pris fin le 27 juin 2010 à Strasbourg (France) avec le culte d’ordination et la prédication de l’évêque Patrick Streiff. 19 personnes en tout ont été installées dans un nouveau ministère.

Le culte d’ordination a eu lieu en l’église St Paul à Strasbourg, « là où les rivières Ill et Aar se rejoignent », comme l’a exposé Bernard Lehmann, pasteur à Strasbourg. C’est là un symbole de la cohésion de l’EEM en Suisse et en France.

Dans sa prédication, l’évêque Patrick Streiff a évoqué l’image d’un paravent pour illustrer l’essence de la vie chrétienne. Celle-ci comporte deux volets, comme ceux d’un paravent qui sépare une pièce : il y a d’un côté ce que Dieu a fait pour les humains et, de l’autre côté, ce que Dieu attend des humains et comment il veut transformer leur vie. Quand ils essaient de relier ces deux volets, les humains restent des apprentis toute leur vie et n’ont qu’un maître : Jésus Christ. Il faut les deux volets du paravent pour que les chrétiens ne deviennent pas des fanatiques enthousiastes ou légalistes. Une dynamique résulte de ces deux volets : « Cette dynamique se manifeste par la direction vers laquelle l’énergie coule entre les deux volets : ce que Dieu a fait pour nous (premier volet) est toujours la base pour vivre selon la volonté de Dieu (deuxième volet). Le lien entre ces deux volets est déterminé par l’amour et la miséricorde ».

Envoi

Puis ce fut l’envoi de neuf nouveaux prédicateurs laïques avec responsabilité pastorale (pasteures et pasteurs locaux), parmi lesquels Pierre Bertololy, qui travaillera à temps partiel à Lausanne, Christophe et Myriam Waechter affectés à Anduze (Sud-Est de la France). Ensuite, sept membres probatoires ont reçu une affectation pour un an, dont Jean-Marc Bittner à Metz (Lorraine) et Joël Déjardin à Munster (Alsace). Entouré de deux pasteurs pour l’imposition des mains, l’évêque Patrick Streiff a ordonné Byeong Koan Lee de Fleurance (Sud-Ouest) comme pasteur ancien de l’Église de Jésus-Christ.

eemni