par Urs Schweizer
Depuis des années, notre frère Urs Schweizer, assistant de l’évêque Patrick Streiff après avoir été l’assistant de l’évêque Henri Bolleter, suit de très près le développement de l’Église méthodiste dans les pays de l’Est. À travers Connexio, il encourage l’établissement de partenariats entre églises de l’Est et de l’Ouest. Il témoigne de l’engagement de nos frères de l’Est les plus pauvres.
L’EEM, une église minoritaire présente pour les minorités
L’Église Évangélique Méthodiste dans la Conférence Centrale du Centre et du Sud de l’Europe est une Église très variée – elle vit dans quatorze pays européens et deux pays nord-africains dans des conditions (générales) économiques, politiques culturelles et aussi religieuses tout à fait différentes. Elle est très clairement une Église minoritaire – et une Église pour des minorités. C’est justement pour cela aussi que ses cultes sont, dans un peu plus de 320 communautés, dispensés dans à peu près 20 langues différentes. Environ 36 000 personnes appartiennent à l’Église Évangélique Méthodiste – riches comme pauvres – et leur environnement religieux est, en fonction du pays, principalement orthodoxe, catholique, islamique ou athée. Ce qui me réjouit, c’est que son service a, malgré sa taille (ou plutôt petitesse…), un impact social étonnant. C’était ainsi autrefois (je pense par exemple à l’influence méthodiste sur la naissance de langues nationales aux Balkans grâce à la traduction de la Bible ou à l’importante contribution à l’enseignement générée par la création d’écoles pour tous). Mais il y a encore aujourd’hui des effets sociaux – pensons juste au président macédonien Boris Trajkovski, qui a, aux yeux de maints observateurs indépendants, préservé d’une guerre son petit pays situé au sud des Balkans.
Maintenant, je ne peux pas vous emmener en voyage dans tous ces pays, mais je veux vous faire part de trois exemples relatifs à nos communautés.
Parmi les Roms, minorité en souffrance
Dans les pays de notre Conférence Centrale vivent 1,7 million de Roms. Ils ont été sédentarisés, il y a des générations déjà, et on aurait tendance à penser qu’ils y ont leur place aujourd’hui. Or, il n’en est pas ainsi partout. Premièrement, ils vivent souvent dans leurs propres lotissements ou villages et, deuxièmement, ils sont encore et encore submergés de tout un assortiment d’expériences négatives. Ils souffrent de préjugés comme de la persécution, sans compter de la calomnie et de l’exclusion – notamment de la part de ceux qui devraient justement les protéger. Les enfants et adolescents Roms ont souvent une très mauvaise instruction scolaire (en Serbie, 10 % des adolescents Roms fréquentent les lycées, tandis que ce sont 84 % quand on se réfère à la population entière) et, par conséquent, plus tard, sur le marché du travail, ils en sont bel et bien pour leurs frais. Le chômage est ensuite l’une des causes de la grande pauvreté dans laquelle vivent beaucoup de familles Rom. Là où il y a de la pauvreté, là se développe souvent la petite criminalité, ce qui crée logiquement quantité de nouveaux problèmes. Et là où il y a de la pauvreté, là souffrent aussi les enfants. Ainsi, en Serbie, un enfant Rom sur trois est sous-alimenté ou physiquement attardé.
L’amour de Dieu les touche
Depuis longtemps, il y a des hommes, dans l’Église Évangélique Méthodiste, qui ne s’intéressent pas aux préjugés mais qui préfèrent partager plutôt l’amour de Dieu, notamment avec ces Roms. Ainsi est née, il y a plus de cinquante (50) ans, à Alsozsolca, au nord-est de la Hongrie, une communauté rom ; et aujourd’hui, il existe en tout environ 20 communautés roms constituées principalement ou presque uniquement de Roms, en République slovaque, Serbie, Hongrie, Macédoine et Bulgarie.
Mais les responsables de ces communautés sont conscients que leur service ne peut pas se restreindre à la transmission orale de l’Évangile, même si tel est leur grand souhait, que ce soit par le travail avec des enfants et adolescents, par la musique, dans des cercles privés ou lors des cultes. Or, il leur faut aussi fournir de l’aide pratique.
En mettant à la disposition des Roms un lopin de terre et des outils pour qu’ils puissent cultiver des légumes et se prendre en charge ; en leur procurant des instruments de musique pour qu’ils puissent jouer à des mariages ou des enterrements et gagner ainsi de l’argent ; en proposant de l’aide médicale et des conseils sur des questions d’hygiène et de santé ; en les soutenant dans le domaine scolaire ou en leur offrant tout simplement des vêtements ou un repas chaud.
Que l’amour de Dieu change les Roms est également perçu par l’entourage. C’est ainsi que des membres de la communauté à Alsozsolca se portent volontaires pour nettoyer régulièrement une partie de leur ville, en ramassant les ordures qui traînent – une action qui est bien appréciée par l’administration. Et un directeur d’école a dit récemment que les enfants de la communauté se comportent beaucoup mieux à l’école et qu’ils apprennent mieux que les autres enfants.
Parmi les enfants de la rue
Un autre exemple : Dans beaucoup de pays de l’Est, il y a des enfants qui ne grandissent pas du beau côté de la vie. Ils n’ont pas de parents ni de foyer, ou bien leurs parents ne veulent plus rien savoir d’eux. Souvent ils atterrissent dans la rue où le risque de tourner mal est grand. S’ils ont de la chance, ils peuvent grandir dans un foyer éducatif, encore que beaucoup ne considèrent pas vraiment comme une chance de devoir vivre dans un tel foyer. À côté de cela, il y a des enfants dont la situation familiale est extrêmement précaire, car l’un des parents (ou les deux) a des problèmes d’alcool. D’autres enfants sont cachés parce qu’ils sont handicapés.
Dans beaucoup de pays, des membres de l’Église Évangélique Méthodiste ont le cœur qui bat pour de tels enfants et adolescents. Ils veulent leur montrer qu’ils sont voulus et aimés de Dieu et qu’ils en fassent l’expérience. Pour réaliser ce plus cher désir, ils rendent régulièrement visite à des foyers pour enfants et adolescents, organisent des colonies de vacances pour des enfants qui ne font pas partie de la communauté ou des activités pour des enfants dont les parents ont des problèmes d’alcool, animent des centres d’accueil journalier avec des programmes variés pour des enfants, etc. Ils plantent, de cette manière, une graine dans les cœurs de ces enfants et adolescents. Si cette graine lève un jour et portera des fruits et où elle le fera, cela, ils ne peuvent que le laisser à Dieu, à ce Dieu pour qui tous les hommes ont la même valeur et ce Jésus qui est venu au monde pour sauver tous les hommes.
Attention pour les personnes âgées
Le troisième exemple : En Europe du Sud-Est, où des millions d’hommes ont émigré ces dernières années – des villages vers les villes ou de leur pays vers l’étranger – afin de rechercher du travail, de l’aisance et du bonheur, les personnes âgées sont souvent restés seules, pauvres sans nourriture ni attention suffisantes.
En Macédoine, la situation est rendue encore plus difficile par le fait que les cotisations pour l’assurance retraite des personnes qui sont aujourd’hui âgées ont, par le passé, été virées à Belgrade. Or, cette ville se situe aujourd’hui dans un autre pays, ce qui veut dire que toutes les cotisations sont maintenant perdues. Et, comme le jeune État macédonien ne brille pas non plus par ses caisses pleines, les vieilles personnes obtiennent une pension de quarante (40) ou cinquante (50) euros par mois. Même en Macédoine, cela ne suffit pas.
C’est dans ce cadre qu’est né, en Macédoine, le programme « repas sur roues ». 120 personnes, vieilles et pauvres, reçoivent cinq fois par semaine un repas chaud et quelquefois des médicaments, des vêtements, une couverture et du bois de chauffage. Et ils ont surtout la possibilité de parler à une personne qui les respecte dans leur dignité, qui les prend au sérieux et qui est là pour eux. Cela a des effets. Les gens ne se laissent plus aller, et ils obtiennent, au milieu du manque, l’idée d’une vie dans la plénitude où ils puissent exister.
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