Le groupe de travail UMP à l'Assemblée a auditionné le 17 octobre 2012 quatre responsables des cultes catholique, protestant, musulman et juif, le cardinal-archevêque de Lyon ainsi que le pasteur Claude Baty, président de la Fédération protestante de France, Mohammed Moussaoui, président du Conseil français du culte musulman (CFCM), et le grand rabbin Haïm Korsia, aumônier des armées.
D’une seule voix, les quatre représentants des cultes désapprouvent le projet de loi du «mariage pour tous» tout en condamnant fermement toute discrimination à l'encontre des homosexuels.
Besoin vital d’un débat national
Le pasteur Claude Baty redit son désir d'un débat public sur cette question sociétale de première importance. «Ce serait une injustice profonde, stupéfiante que les citoyens n'aient pas droit à la parole» sur le projet de loi du "mariage pour tous", déclarait de son côté Mgr Philippe Barbarin.
Un enjeu de civilisation de première magnitude
Pour le Primat des Gaules, «notre but est de savoir comment on va servir la société, dans le présent, dans les générations futures. Est-ce que nous voulons vraiment leur bien ? Bien sûr, le Parlement a le droit de légiférer, mais est-ce que c'est bien pour lui de faire tout ce qu'il a le droit de faire ? Quand on change le sens des mots, a poursuivi Mgr Barbarin en parlant de "mariage", «on fait une très grande violence aux personnes. Quand un pouvoir se prend pour plus qu'il n'est, il ne sert pas la société, il la met en danger. Il ne s'agit pas d'ouvrir le mariage à une nouvelle catégorie de personnes, mais de changer le mariage pour qu'une nouvelle catégorie de personnes y entre, ce n'est pas du tout la même chose. Il s'agit d'un enjeu de civilisation de première magnitude.
Jeu de dominos aux conséquences incalculables
De son côté, le grand rabbin Haïm Korsia, aumônier des armées, s'est inquiété d'un possible «jeu de dominos, d'une logique où, en posant un pas après l'autre, on en arriverait au développement de la théorie des genres. Où nous ne sommes plus sexués, nous ne sommes qu'une orientation». Évoquant l'aspect "social et anthropologique" du projet de loi, il a averti : «L'objectif premier de l'organisation, c'est la pérennisation de l'organisation et elle repose sur la différenciation. Imaginons les conséquences d'un acte qui ferait que les enfants n'auraient jamais la possibilité de dire maman ou papa, avec tout ce que ces mots contiennent d'affection, de tendresse. Comment ne pas y penser ?»
Une confusion entre égalité et similitude
Mohammed Moussaoui pour le compte du CFCM estime qu’on confond égalité et similitude, au nom de l'égalité revendiquée pour tous. «Deux personnes peuvent être égales, mais non semblables, ou être semblables, mais non égales». De plus, il se demande s’il est opportun de légiférer «quand la question du mariage entre personnes de même sexe concerne seulement 2 à 3 % d'individus, et qu'on engage la société dans une voie qui va la modifier profondément».
Nature du mariage
Le pasteur Claude Baty (FPF) rappelle enfin que «le mariage n'est pas la mise en scène des sentiments mais une organisation sociale».
17 octobre 2012