Le secrétaire général du COE met les chrétiens au défi de rejeter le concept d’«ennemi»

Le pasteur Olav Fykse Tveit. © Community of Sant’Egidio

La question de savoir qui est votre ennemi touche chacun dans le monde, particulièrement dans un lieu comme Sarajevo, en Bosnie-Herzégovine, qui a subi une guerre civile dévastatrice il y aura bientôt deux décennies.

C’est ici que, le 11 septembre, dans cette ville d’une riche diversité culturelle, ethnique et religieuse, le pasteur Olav Fykse Tveit a mis ses auditeurs au défi de dépasser le concept d’«ennemi»; le secrétaire général du Conseil œcuménique des Églises (COE) s’adressait aux participants chrétiens à la Rencontre internationale de prière pour la paix de Sant’Egidio, rassemblés avant de rejoindre d’autres participants pour prier dans leurs liens saints respectifs.

La réunion s’est déroulée du 9 au 11 septembre.

«Je ne crois pas au concept d’ennemi», a affirmé le pasteur Tveit au début de sa méditation. «Nous qui croyons en Dieu par le témoignage de Jésus Christ, nous ne devrions pas croire au concept d’ennemi.»

Durant le conflit des Balkans, Sarajevo était une ville où les voisins devenaient des ennemis et où beaucoup de civils ont perdu la vie.

«Le fait d’être ici, à Sarajevo, nous rappelle que quand le concept de voisin se transforme en concept d’ennemi, chacun est perdant, et chacun risque de perdre la vie», a-t-il dit.

De même, il a mentionné des actes de violence plus récents où le fait de désigner des ennemis a conduit à d’effroyables tragédies.

«Cette journée du 11 septembre nous montre que même la religion peut servir de motivation et de prétexte aux pires actes de cruauté contre l’humanité, conséquence ultime du fait de se traiter en ennemis, a-t-il expliqué. Le terrorisme est le terrorisme, quels que soient ses motifs.»

Intitulant sa méditation «Si Dieu est pour nous, qui donc est contre nous?», l’orateur a insisté sur cette réalité qui donne à réfléchir: pour les chrétiens, être un ennemi ou avoir des ennemis n’est pas une option.

«En tant que disciples de Jésus Christ, nous savons que certains pourraient voir en nous des ennemis; Jésus a dit que nous pourrions être persécutés pour la justice, pour le Royaume des cieux», a-t-il poursuivi.

«Nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort du Christ. Toute chose, même la haine ou la mort, devient différente grâce à l’amour du Christ, même si ces puissances ne disparaissent pas.»

La méditation du pasteur Tveit a contribué à donner une conclusion à deux jours de tables rondes et de dialogues interreligieux, éléments caractéristiques de la manifestation organisée sous les auspices de Sant’Egidio. Le thème de cette année était: «Religions et cultures en dialogue. Vivre ensemble est l’avenir ».

Représentant le COE et ses Églises membres dans le monde, Olav Tveit a aussi participé à des tables rondes sur les thèmes «L’amour pour les pauvres, voie vers l’œcuménisme» et «Experts en humanité: les chrétiens dans la société».

«Nous sommes libérés pour porter la croix du Christ en toutes circonstances, dans la foi, l’espérance et l’amour. Non pour des croisades, mais en solidarité avec le monde souffrant. En tant que signe de l’élément central du message chrétien: Dieu est pour nous», a-t-il dit au terme de sa méditation.

«Rien ne peut nous séparer de l’amour du Christ; c’est pourquoi Jésus nous appelle à aimer nos ennemis», a-t-il conclu.

La rencontre était organisée conjointement par la Communauté de Sant’Egidio, la Communauté islamique de Bosnie-Herzégovine, l’Église orthodoxe serbe, l’Archidiocèse catholique romain de Vhrbosna-Sarajevo et la Communauté juive de Bosnie-Herzégovine. Le patriarche Irinej de l’Église orthodoxe serbe, Église membre du COE, assistait également à la manifestation.


17 septembre 2012

COE