Dans un entretien à l'AFP, le pasteur Claude Baty, président de la Fédération protestante de France, déplore que le mariage et l'adoption par des personnes de même sexe n'ait pas fait l'objet d'«un grand débat national». «Certes, c'était dans le programme présidentiel de François Hollande, mais il y a un certain nombre de Français qui ont voté pour lui +malgré+ et +pas forcément pour+ le mariage et l'adoption par des personnes de même sexe».
A titre personnel, et en attendant que la FPF se prononce (le 13 octobre), Claude Baty déclare au Figaro ne pas approuver ce projet «pour des raisons anthropologiques, et de structuration symbolique».
D’emblée, il se trouve que le mariage n’est plus ce qu’il était initialement pour une grande partie de la population: «jusque dans les années 70, c'était un engagement, avec tout ce qui relève de la responsabilité à l'égard de l'autre, des enfants, avec une structure sociale. Tout cela été gommé au nom de la grande fête libertaire soixante-huitarde. On a voulu faire du mariage une sorte de célébration du sentiment, avec l'idée qu'à partir du moment où on ne s'aime plus, on n'est plus marié».
Il en ressort que la spontanéité l'emporte sur la fidélité au point que beaucoup tiennent désormais le mariage pour une institution désuète. Une observation qui ne plaide pas nécessairement en faveur du mariage de couples homosexuels, «dont la fidélité a parfois été considérée comme plus aléatoire que chez les hétérosexuels».
«En outre, souligne-t-il, et contrairement au discours ambiant, l'égalité, ce n'est pas l'indifférenciation. Le mariage doit rester un lieu de clarification. Quand on lit la Genèse, la création est un travail de différenciation entre l'homme et la femme, et qui s'oppose à une mentalité païenne où la confusion générale règne sur tous les plans. Sans différenciation, il n'y a pas de vis-à-vis, de dialogue, de construction. On ne peut pas, quand on est chrétien ou juif, imaginer que l'homme et la femme, c'est la même chose. Cette question anthropologique est largement partagée chez les protestants».
La filiation tout comme la procréation médicalement assistée (PMA) posent problème aux yeux de Claude Baty : «il y a une certaine naïveté à nous faire croire que le mariage entre personnes de même sexe ne posera pas de problème chez des enfants, qui devront en référer au parent 1 ou au parent 2». Quant à la procréation médicalement assistée (PMA), «il est absurde, dit-il, de remettre en cause ce qui est depuis toujours le fonctionnement normal de l'humanité, à savoir qu'il faut un homme et une femme pour faire un enfant. Reste que ne pas approuver le discours ambiant, ne pas applaudir à l'idée qu'on va être moderne, en bousculant tout ce qui est le fondement d'une société dans toutes les cultures, va nous valoir d'être taxés de rétrogrades, d'homophobes ou d'obscurantistes».
2 octobre 2012