Dès le lendemain de l’élection de François Hollande comme président de la République, la Cimade, association de solidarité active avec les migrants, les réfugiés et les demandeurs d’asile, salue l’évènement et espère pour bientôt des changements dans la politique migratoire de la France.
Avec l’élection de François Hollande, La Cimade veut saluer l’espoir d’un changement désormais possible en matière de politique migratoire. Dix ans de discours stigmatisants à l’encontre des étrangers, dix ans de politiques et de pratiques de plus en plus répressives conduisant au recul du respect de droits fondamentaux, ont créé beaucoup de souffrances et d’humiliation, et aussi provoqué des déchirures graves dans le tissu social de notre pays. La banalisation de discours ouvertement xénophobes, légitimés par des paroles et des actes portés par les autorités de l’Etat, en est la conséquence.
Des mesures urgentes pour une autre politique d'immigration
La Présidence de François Hollande doit marquer une rupture avec l’approche sécuritaire de la politique d’immigration dont La Cimade constate chaque jour les conséquences violentes pour les personnes qu’elle accompagne, ses répercutions sur l’ensemble de la société et sur le regard porté sur les étrangers.
La maltraitance dont sont victimes les personnes étrangères doit cesser. L’amélioration des conditions d’accueil et d’instruction des dossiers dans les préfectures et l’abandon des objectifs chiffrés en matière d’expulsion doivent être une première étape.
Il y a urgence.
La Cimade appelle le Président de la République à prendre des mesures urgentes :
- mettre fin au placement en rétention des familles, y compris à Mayotte ;
- mettre fin aux expulsions de demandeurs d’asile en cours de procédure, quel que soit leur statut ;
- régulariser les personnes engagées dans le mouvement de grève des travailleurs sans papiers qui a débuté en octobre 2009 ;
- garantir le droit au séjour des personnes étrangères gravement malades qui vivent en France.
Par ailleurs, dans l’attente d’une réforme d’ampleur du dispositif, il est indispensable que les mesures les plus attentatoires aux libertés soient suspendues. La Cimade demande à ce que les préfets fassent usage de leur pouvoir discrétionnaire dans l’application des dispositions relatives à la rétention administrative et à l’expulsion du territoire français introduites par la loi du 16 juin 2011. Ainsi les préfets doivent garantir un délai de départ volontaire, ne plus prononcer d’interdiction de retour sur le territoire français, limiter la durée de la rétention au temps strictement nécessaire à l’éloignement des personnes et respecter le rôle de la justice.
La Cimade demande aussi l’abandon du principe du paiement d’une taxe lors de la demande de titre de séjour et que soient revus les montants exorbitants de l’ensemble des taxes liées au droit au séjour des étrangers qui les poussent à rester dans la clandestinité.
D’autres thématiques telles que le droit d’asile, le droit de vivre en famille, la situation des détenus étrangers, le régime d’exception appliqué en Outre-mer doivent aussi faire l’objet de consignes immédiates et de réformes.
La Cimade a déjà élaboré en ce sens 40 propositions pour une politique d’hospitalité.
7/11 mai 2012
La Cimade