Campagne des Églises en faveur d’un traité fort pour lutter contre les ventes illicites d’armes

pasted-file-47_med_hr.png


Après des mois de combats, la ville de Misrata, en Libye, croule sous les armes et les munitions. © ACT Alliance/Paul Jeffrey

Par Jonathan Frerichs (*)

À partir de juillet 2012, il est possible qu’il soit plus difficile de se procurer ou de vendre des armes à l’échelle internationale pour commettre des crimes et des atrocités. À condition bien sûr que les gouvernements, qui se sont mis d’accord sur le besoin de réglementer le commerce des armes, conviennent d’un traité pour remplir cette tâche et couvrir toutes les armes conventionnelles.

Des diplomates provenant de près de 200 pays passeront le mois de juillet aux Nations unies pour négocier le Traité sur le commerce des armes proposé.

Le défi à relever est d’assurer l’accès aux armes aux militaires, aux policiers et aux autres groupes censés les utiliser de manière légale et responsable, tout en interdisant ce même accès à tous les autres. Les fabricants d’armes, les passionnés des armes à feu ainsi que des organisations de la société civile et des Églises essaient d’influencer l’issue de ces négociations.

Ce qui pousse les Églises à agir, c’est que le commerce des armes a des répercussions humaines. Une campagne menée par le Conseil oecuménique des Églises travaille actuellement pour assurer que le traité protègera les populations et les communautés soumises aux risques des actuelles pratiques commerciales en matière d’armes.

Participent à cette campagne des Églises provenant de plus de 30 pays. Certains participants sont originaires de pays qui profitent de ce commerce tandis que d’autres viennent de pays qui en souffrent.

Jusqu’à présent des représentants de la campagne ont rencontré plus de 20 gouvernements d’Afrique, d’Asie, d’Europe, des Amériques et ce, dans le but d’élaborer des mesures pour que le traité soit fort et efficace.

Chaque année des millions de vies sont anéanties ou perdues, à cause de la violence armée et « le manque de réglementation des exportations, importations et transferts d’armes a certainement sa part de responsabilité » dans cette affaire, comme on le souligne dans la déclaration faite en février par le COE pour guider la campagne.

Cette déclaration souligne le fait que 153 gouvernements ont décidé d’adopter « les normes internationales communes les plus strictes possibles » pour régir le commerce des armes conventionnelles, mais il met également en garde sur le fait que le traité devra prévenir les transferts d’armes à destination des États «dont le gouvernement constitue une menace pour sa propre population ou pour d’autres États» et bloquer les transferts susceptibles d’être détournés vers des groupes armés, le crime organisé ou des contrebandiers.

Les ventes illicites d’armes se font surtout du nord vers le sud

La politique œcuménique stipule que le traité devra interdire les ventes d’armes, là où il y a un «risque concret» de voir ces armes utilisées pour commettre des violations graves du droit international relatif aux droits humains et du droit international humanitaire, perpétuer un modèle de violence sexo-spécifique ou entraver gravement les efforts de développement. Ces positions sont partagées par un vaste éventail d’organismes de la société civile au sein d’une coalition connue sous le nom de «Contrôlez les armes».

La campagne menée par le COE vise la réduction de l’écart entre le nord et le sud qui façonne le commerce des armes. Des Églises situées dans des pays grands producteurs d’armes comme les Etats-Unis, la Suède, la Norvège mais aussi des Églises de la République démocratique du Congo, de l’Ouganda et de la Sierra Leone font du travail de lobby, là où les armes importées continuent d’alimenter les conflits et la violence.

Les Églises exigent des contrôles plus stricts des deux côtés. Des vies humaines et des communautés seront épargnées si les revendeurs, les intermédiaires et les acheteurs sont tous tenus de respecter des standards plus stricts et plus cohérents et ce, tout au long de la chaîne d’approvisionnement, de l’hémisphère nord à l’hémisphère sud.

Plus de 100 leaders religieux de confession chrétienne, musulmane, juive ou autres ont signé une déclaration interconfessionnelle vis-à-vis des gouvernements pour soutenir un Traité sur le commerce des armes.

La campagne œcuménique a démarré en octobre 2011 en collaboration avec des participants du Rassemblement œcuménique international pour la paix et avec l’appui du Comité executif du COE depuis le début de l’année.

(*) Jonathan Frerichs, responsable du programme du COE sur la pacification et le désarmement, est membre de Église évangélique luthérienne d’Amérique.

COE