Pendant son expérience de vie sans émissions de carbone, Joakim Book Jonnson parcourait à vélo les 15 kilomètres jusqu’à son lieu de travail. © Sanna Sjöberg
Susan Kim (*)
Joakim Book Jonnson, représentant pour une société de sécurité et membre de l’Église de Suède, a transformé sa vie de banlieusard quand il a décidé, au moins temporairement, de ne laisser aucune empreinte écologique.
Il a tout simplement fait un jeûne d’émissions de carbone pour le carême, parvenant à réduire ses émissions de 80% à 90% pendant 46 jours.
Par moments, admet-il, son projet – baptisé «40 jours sans carbone» – le rendait furieux.
«Comme je voulais laisser tomber! Pendant des heures, des jours et même des semaines, toutes sortes de choses me rendaient furieux: les légumes emballés dans du plastique, les gens se déplaçant en voiture, mon colocataire qui n’éteignait pas la lumière.»
Parfois, Joakim se demandait à quoi bon tenter l’expérience.
Quatre astuces pour réduire ses émissions de carbone, grâce à l’expérience «40 jours sans carbone»
1. Acheter des aliments produits localement. C’est le choix de vie le plus visible que Joakim a gardé à l’issue de ses 40 jours. «Je n’hésite plus à payer plus cher pour acheter des aliments produits localement. Car au final, ça en vaut bien la peine.»
2. Se déplacer à vélo. Joakim, qui se rendait à vélo sur son lieu de travail à 15 km, reconnaît que le relief et l’effort physique constituent un défi. Mais de façon inattendue, il a apprécié ce moment privilégié. «J’avais 30 à 45 minutes pour m’adonner à la réflexion, à l’aller comme au retour, et j’ai découvert que ça m’était utile et que ça me détendait.»
3. Éviter le plastique, le papier et les emballages. Joakim Book Jonnson a dû chercher des magasins spécialisés pour trouver des aliments non emballés. Par la suite, il a appliqué cette règle du «sans emballage» aux autres domaines de sa vie: «J’ai aussi appris que je n’avais vraiment pas besoin d’avoir recours sans cesse à l’essuie-tout et que je pouvais prendre de petites notes sur mon téléphone portable.»
4. Côtoyer des personnes soucieuses de l’environnement. «Voir la détermination de milliers d’autres personnes m’a donné toute la motivation dont j’avais besoin pour aller jusqu’au bout», déclare-t-il. Prenez contact avec Youth for Eco-Justice sur Facebook et Twitter!
Ce sont les personnes autour de lui – ami-e-s, famille et même des inconnu-e-s – qui lui ont apporté la réponse à travers un nombre étonnant de moyens permettant de réduire les émissions.
«À ma grande surprise, des ami-e-s, des gens que je ne connaissais pas, des professeurs, mes parents et ma famille m’ont toutes et tous donné leurs conseils pour me nourrir, me laver et vivre au quotidien. Il me semblait que je ne rencontrais pas suffisamment de problèmes pour utiliser toutes ces astuces, ce qui prouve à nouveau que nous connaissons la solution», confie le jeune homme.
Joakim Book Jonnson a expliqué qu’il ne se serait jamais lancé dans cette aventure sans le soutien de ses collègues rencontré-e-s lors de l’événement «Les jeunes en faveur de l’éco-justice», organisé en 2011 par le Conseil œcuménique des Églises (COE) et la Fédération luthérienne mondiale (FLM).
«Sans la motivation reçue de toutes ces personnes à l’esprit remarquable qui en savaient tellement plus que moi sur les changements climatiques, le développement durable et la biodiversité, je n’aurais jamais osé me lancer pour 40 jours», a-t-il déclaré.
Depuis lors, Joakim Book Jonnson a, lui aussi, partagé ses tuyaux pour la réduction des émissions carbone avec autant de personnes que possible, en les rencontrant directement ou par l’entremise de son blog, sur lequel il raconte son expérience.
«J’ai eu l’occasion de faire partager ces idées à tant de personnes, explique-t-il. Je suis même intervenu dans une conférence internationale de jeunes de l’Église de Suède. Chaque semaine, je recevais de nouveaux appels, des messages ou des commentaires sur mon blog de personnes disant combien mon expérience les encourageait, que le fonctionnement du monde est bien étrange et qu’il est finalement si simple de le transformer.»
Enfin, son projet a modifié sa vision de la réduction des émissions de carbone. «Il m’est apparu après quelque temps que le plus dur est d’accepter de n’être responsable que de mes propres émissions. Je ne peux pas accuser les autres pour leurs empreintes carbone. Je dois me contenter de réduire la mienne. Après tout, j’ai fait cette expérience pour servir de modèle et donner un exemple de mode de vie durable. Il ne s’agit pas de s’en prendre aux autres.»
Cet article s’inscrit dans une série de reportages sur des initiatives de jeunes suite à leur participation au rassemblement «Les jeunes en faveur de l’éco-justice».
(*) Susan Kim est journaliste pigiste et vit à Laurel dans le Maryland aux États-Unis.
16 août 2012
COE