Sa foi
UNE ÉGLISE COMME LES AUTRES ? - LES « MÉTHODISTES » - LA FOI VIVANTE - LA PIETE VIVANTE - LA GRÂCE DE DIEU OFFERTE À TOUS - RELATIONS AVEC D’AUTRES ÉGLISES
UNE ÉGLISE COMME LES AUTRES ?
Celui qui a l’occasion de prendre contact avec une église de l’Église Évangélique Méthodiste (EEM) constatera qu’au cours des cultes on explique les Saintes Ecritures et on chante des cantiques comme dans d’autres églises. Il entendra parler d’études bibliques, de réunions de prières dans les quartiers, d’après-midi à l’intention des personnes âgées ainsi que d’activités de jeunesse variées. Lors d’une vente au profit des œuvres de l’église, il apprendra bien des choses sur les missions méthodistes. Peut-être même assistera-t-il à une soirée d’évangélisation. Tout cela ne distingue pas tellement les églises méthodistes des autres églises protestantes évangéliques, voire des autres églises chrétiennes. Pour percevoir certaines différences, il convient tout d’abord de se référer aux origines du mouvement méthodiste, afin d’y relever des orientations qui sont restées vivantes jusqu’à nos jours.
LES « MÉTHODISTES »
Au XVIIIe siècle (en 1729), à l’université d’Oxford, en Angleterre, un professeur et quelques étudiants se réunissaient en vue d’organiser leurs études et leur vie selon des règles dont certaines dataient d’avant la Réforme et étaient tombées en désuétude depuis longtemps. Ce goût pour la règle en tous les domaines, en morale comme en piété, cette façon apparemment méthodique de se comporter, contrastaient avec les mœurs volontiers relâchées de leur époque et de leur milieu. Ils s’attirèrent des railleries de la part de leurs collègues qui ne manquèrent pas de les désigner ironiquement par divers surnoms. Celui de « méthodistes » avait le plus de succès : il suggérait que les membres du groupe faisaient preuve d’un zèle intempestif, d’un légalisme excessif, et qu’on pouvait soupçonner en tout cela une certaine forme de dévotion exagérée.
En tout cas, même après la dispersion du groupe, le mot ne fut pas oublié et, quelques années plus tard, il réapparut en relation avec un mouvement différent. Le responsable de ce groupe « méthodiste » s’appelait John Wesley. Depuis des années, il s’était consacré à « faire de la religion l’affaire de sa vie ».
LA FOI VIVANTE
Avec trois autres membres du groupe, dont son frère Charles, John Wesley décide de partir en Géorgie, alors colonie britannique en Amérique du Nord, pour y devenir missionnaire. Au cours de son voyage, il rencontre des Frères Moraves qui l’impressionnent par leur certitude du salut. Après seulement deux ans, convaincu d’avoir échoué dans sa fonction, il retourne en Angleterre. Pendant son voyage de retour, il note dans son journal : « Je suis allé en Amérique afin de convertir les Indiens. Mais qui me convertira, moi ? »
À Londres, un autre Frère Morave s’emploie à faire connaître à John Wesley le chemin qui mène à la foi vivante. Le 24 mai 1738, lors d’une réunion biblique de quartier, a lieu l’événement bouleversant que John Wesley décrit ainsi plus tard : « J’ai senti mon cœur saisi d’une manière étrange. Je ressentais que je faisais confiance au Christ,… Et soudain j’eus la conviction qu’il avait enlevé mes péchés, oui les miens, et qu’il m’avait délivré de la loi du péché et de la mort. »
Sa compréhension intellectuelle des vérités bibliques devient une expérience personnelle de la grâce de Dieu. Il découvre la foi qui vient du cœur. La Bible appelle ce bouleversement « nouvelle naissance » et l’Esprit-Saint en témoigne. Les grands réformateurs eux-mêmes nous relatent, avec plus ou moins de détails, une telle expérience. Partout où John Wesley a la possibilité de témoigner, il confesse cette foi vivante qui imprègne et transforme la vie. Avec quelques-uns de ses collègues d’Oxford, il parcourt l’Angleterre en prêchant l’Évangile. Cette prédication est souvent tenue en plein air, chose nouvelle mais plutôt risquée. Elle connaît rapidement un grand succès, elle attire les foules et provoque de nombreuses conversions.
De l’avis des historiens, ce phénomène marque profondément la société anglaise vers la fin du XVIIIe siècle. Pour désigner tous ceux qui, touchés par une telle prédication, participaient aux activités qu’elle recommandait, on a de nouveau recours à l’appellation « méthodistes ». Cette appellation — de plus en plus sérieuse et de moins en moins critique et péjorative vu l’importance du mouvement — est approuvée par John Wesley et ses compagnons. Remarquons qu’il existe une différence entre la piété légaliste de l’ancien groupe d’étudiants surnommés méthodistes et ce vécu de la foi vivante, selon l’Évangile.
C’est de cette foi vivante que John Wesley parle également lors d’un sermon officiel devant l’Université d’Oxford. Les autorités universitaires, à la fin du culte, lui réclament le manuscrit du sermon afin d’en vérifier la conformité doctrinale avec l’Église d’Angleterre. John Wesley le fait publier sous le titre « La foi qui sauve ». Plus tard, cette prédication est incorporée avec d’autres sermons aux textes fondamentaux du méthodisme. La foi qui est confiance du cœur et œuvre de l’Esprit demeure l’affirmation centrale du méthodisme.
LA PIETE VIVANTE
Après son échec en Géorgie, John Wesley n’a plus jamais exercé les fonctions d’un pasteur de paroisse, mais œuvré comme prédicateur itinérant et organisateur du mouvement en Angleterre. Ceux qui avaient été touchés par ses prédications, tout en restant membres de l’Église anglicane, se rassemblèrent dans des groupes comparables aux actuels cercles bibliques de quartiers. Certes, l’Église anglicane, alors consciente de son déclin, avait encouragé de petites réunions visant à l’édification religieuse : Wesley avait depuis longtemps des relations avec l’un de ces cercles qui se réunissait à Londres à Fetter-Lane. Tout en retenant la formule, il en renouvelle l’esprit et l’organisation, lui assurant ainsi un remarquable succès. Il rassemble ses adeptes en groupes de douze personnes, appelés « classes », pour lesquels il rédige les « Règles générales » (qui font partie des textes fondamentaux du méthodisme). On y lit : « On attend donc de quiconque veut devenir ou demeurer membre de notre « société » qu’il donne ces trois preuves de son désir persévérant d’être sauvé : Ne pas faire le mal, faire le bien et faire usage de tous les moyens de grâce institués par Dieu ». Ces règles expliquent que l’on définisse parfois le méthodisme comme le « christianisme pris au sérieux ». Il ne faut pas comprendre la formule comme une expression d’orgueil ou de supériorité : en effet, c’est une évidence que toutes les Eglises ont pour objectif de vivre la foi avec la même volonté de sérieux. Pour Wesley, faire le bien que Dieu désire précède même l’expérience particulière de la grâce de Dieu. Aussi, il insistait sur le fait que de telles œuvres ne nous rendent pas justes devant Dieu. Seule la foi qui se confie en la grâce de Dieu sauve l’homme.
LA GRÂCE DE DIEU OFFERTE À TOUS
Un des thèmes dominants du message de Wesley est celui de la grâce : la grâce de Dieu offerte sans distinction à tous les hommes, quels qu’ils soient, comme un don gratuit de la vie nouvelle : aux hommes de l’accepter et d’y répondre par la foi. C’est ce qu’affirme John Wesley dans ses sermons. C’est aussi ce qu’exprime son frère Charles dans de nombreux cantiques.
Un tel dialogue entre Dieu et l’homme, entre appel et réponse, touche au plus intime et de la volonté divine et de la personnalité humaine. Cette question a donné lieu à différentes prises de position théologiques, voire à des dissensions : d’un côté, son très proche ami, le célèbre prédicateur George Whitefield, adhère à la doctrine calviniste de la double prédestination, d’après laquelle, selon un décret divin, certains sont destinés au salut, et d’autres à la damnation ; à l’opposé, certains méthodistes poussent à l’extrême l’affirmation d’une foi qui sauve, indépendante de toute mise en pratique dans la vie quotidienne. Néanmoins, ni Wesley, ni l’Église méthodiste durant toute son histoire, n’ont jamais inclus ces doctrines dans leur enseignement. Ils ont par contre annoncé joyeusement la bonne nouvelle du salut offert gratuitement à tous, cette grâce prévenante faisant appel à une libre réponse de l’homme qui engage sa responsabilité et qui transforme sa vie.
RELATIONS AVEC D’AUTRES ÉGLISES
C’est en tant que mouvement d’évangélisation au sein de l’Église anglicane que le méthodisme a commencé. Ses propres convictions religieuses ont pris forme dans la confrontation avec différents points de vue théologiques. John Wesley ne s’est jamais considéré comme l’unique représentant véritable de la foi chrétienne. Dans un sermon intitulé « L’esprit œcuménique », John Wesley prend ses distances par rapport à l’indifférentisme doctrinal. En se fondant sur le propos de Jéhu à Jonadab (2R 10.15) : « Ton cœur est-il sincère, comme mon cœur l’est envers le tien ? », John Wesley affirme que la pensée œcuménique, c’est l’amour œcuménique. Fort de cette conviction, il aimerait tendre la main aux autres, comme Jéhu l’a tendue à Jonadab. Il termine son propos par l’exhortation : « Prends garde à toute versatilité dans le jugement ainsi qu’à toute étroitesse de cœur ! Garde le même pas enraciné dans la foi (voir Col 2.6-7) qui a été transmise aux chrétiens une fois pour toutes (voir Jd 3) et qui est fondée sur l’amour, le vrai amour œcuménique, jusqu’à ce que tu sois englouti dans l’amour d’éternité en éternité ».
Plutôt que de s’enfermer sur lui-même et de fonctionner en vase clos, le méthodisme a toujours eu pour objectif principal la diffusion de l’Evangile et l’engagement dans la société. Il préfère collaborer avec d’autres Eglises ou institutions chrétiennes qui lui sont proches plutôt que de défendre à tout prix certaines positions qui lui sont spécifiques. Les méthodistes ont été les promoteurs du mouvement œcuménique. En Europe, l’Église Evangélique Méthodiste (EEM) fait partie de la Communion d’Églises protestantes en Europe (CEPE) (signataires d’un accord théologique — Communion ecclésiale de Leuenberg). En Suisse et en France, l’EEM est affiliée à diverses fédérations d’églises protestantes ainsi qu’à différents groupes de travail chrétiens. La collaboration s’étend également à la mission et aux œuvres sociales.