Eglise et Société : l'EEM contre le diagnostic préimplantatoire

Il est inconcevable de juger de la valeur d’une vie - toute vie doit être acceptée

Lors de la Conférence annuelle de Frauenfeld, les délégués de l'Église méthodiste unie (EEM) a adopté à une large majorité une motion contre le diagnostic préimplantatoire.

En 2015, les citoyens et électeurs suisses se prononceront dans une votation sur ​​l'introduction du diagnostic préimplantatoire (DPI). Cet amendement constitutionnel permettrait d’examiner le patrimoine génétique des embryons réalisés dans le cadre d’une insémination artificielle (FIV) avant qu’ils soient implantés dans l’utérus dans la perspective d’une grossesse. Ce procédé vise à éviter que des enfants nés par insémination artificielle souffrent de maladies congénitales.

Lors de la Conférence annuelle de Frauenfeld, la commission "Eglise et Société" a pris position contre le DPI. Le DPI soulève des questions fondamentales et soulève d'autres problèmes, est-il écrit. On doit décider de juger «ce qui est digne d'être vécu et ce qui n’est pas digne de vivre ». Même si ce examen se fait à un stade très précoce de la vie humaine, de telles décisions définissent aussi la valeur de la vie d’adultes atteints des maladies pouvant être dépistées par le DPI.

Le DPI, selon la déclaration de la commission, remet en question la valeur inviolable de la vie humaine créée par Dieu. Dans ce contexte sont cités les Principes Sociaux qui valent de référence pour l’EEM à l’échelle du monde:

„Nous rejetons tout traiment génétique à des fins eugéniques et tout procédé génétique générant la production d’innombrables embryons“.

Lors de la Conférence annuelle, la déclaration a été discutée brièvement, mais avec vivacité. 

A une large majorité - seuls quelques votes individuels contre - les délégués ont appuyé la motion contre le PID.

GTC 214 / Eglise et société (Jörg Niederer)

Suite au débat suscité par l’article rédigé par Markus da Rugna dans le magazine „Kirche und Welt“ au sujet de l’initiative contre l’immigration massive, le groupe de travail Eglise et société a une fois de plus réfléchi à son mandat.

La Bible est la référence de notre groupe de travail. Instruits par l’expérience et gui- dés par la tradition et la raison, c’est en elle que nous cherchons des réponses aux questions et aux problèmes éthiques, sociaux et politiques auxquels nous sommes confrontés. A cet égard, les Principes sociaux de notre Eglise nous sont une aide précieuse. Comme nous l’avons dit dans l’introduction, c’est portés „par la prière et la réflexion“ que nous voulons aborder „les questions existentielles de nos contemporains à partir d’une base biblique et théologique solide“.

En d’autres termes, notre travail ne se fait pas d’un point de vue neutre. Dans l’histoire de l’Eglise, la lutte contre l’esclavage ou l’engagement en faveur des droits des travailleurs (les points principaux du premier Credo social !) sont des exemples de prise de position unilatérale. Dans bien des cas, les chrétiens ne peuvent tout simplement pas être neutres ou équilibrés. Mais nous nous efforçons toujours d’argumenter en faisant valoir les références bibliques et chrétiennes.

L’année passée, les modifications apportées aux Principes sociaux par la Conférence générale de 2012 ont été traduites par une équipe germanophone. Ce texte commun aux Conférences centrales d’Allemagne et d’Europe du Centre et du Sud est désormais disponible et peut être téléchargé sous www.soziale-grundsaetze.ch La seule différence entre les versions des deux Conférences centrales concerne le pas- sage sur l’homosexualité et se trouve à l’article 161 „Menschliche Sexualität“ (NdT : sexualité humaine). Sur ce point, le texte de notre Conférence centrale suit l’original anglais et n’introduit pas de variantes, comme le fait le texte de la Conférence centrale d’Allemagne.

Sur mandat du conseil stratégique, le groupe de travail Eglise et société a participé de manière déterminante et dans une perspective éthique et morale à la révision du Règlement sur les constructions et l’administration. Les avis exprimés lors du débat à la Conférence annuelle 2013 ont ainsi été intégrés dans la nouvelle version.

Pendant cette année de conférence, le groupe de travail a, comme par le passé, pris position sur des thèmes politiques. C’est ainsi que nous avons participé à la consultation relative à la loi sur le service civil. Nous avons également pu obtenir l’accord de nos deux „conseillers nationaux EEM“, Philipp Hadorn (PS) et Erich von Siebenthal (UDC), pour des prises de positions contradictoires en rapport avec l’initiative 1:12 et l’initiative pour un salaire minimum. Le groupe de travail s’est également exprimé contre la libéralisation des heures d’ouverture des „shops“ de stations- essence (l’EEM Suisse est membre de l’Alliance du dimanche) et l’initiative contre l’immigration massive.

Personnel : Markus da Rugna a quitté le groupe de travail à fin 2013. Il y a dès lors lieu de repourvoir la présidence. Nous remercions très cordialement Markus da Rugna pour sa collaboration engagée. David Field est entré dans le groupe de travail en janvier 2014, comme nouveau membre. Avec l’arrivée en août 2014 de Marietjie Odendaal au sein du groupe de travail, celui-ci comprendra, avec elle et David Field, deux membres du corps pastoral ayant des racines sud-africaines.

Rappelons que les sachets de sucre munis de pensées éthico-chrétiennes sont disponibles en emballages de 2,5 kg, 5 kg, etc. Des indications détaillées concernant ces sachets ainsi que l’ensemble des prestations et textes du groupe de travail Eglise et société se trouvent sur son site http://emk-kircheundgesellschaft.ch.

Rapport Eglise et Société 2014 (fichier pdf 58 ko) 

Le surintendant Joerg Niederer et l’évêque Patrick Sgtreiff

Groupe de travail Eglise et société GTC 214 

Motion à la Conférence annuelle 2014, à Frauenfeld 

Le texte ci-après, qui porte sur le projet de modification de la Constitution fédérale et de la loi sur la procréation médicalement assistée en lien avec le diagnostic préimplantatoire (Objet fédéral 13.051), est publié sous forme de prise de position officielle de l'Eglise Evangélique Méthodiste Suisse-FranceAfrique du Nord. 

Il est inconcevable de juger de la valeur d'une vie, toute vie humaine doit être acceptée 

En 2015, le peuple suisse sera appelé à voter sur l'introduction du diagnostic préimplantatoire. 

Le diagnostic préimplantatoire (DPI) est un procédé médical permettant, dans le cadre d'une insémination artificielle (fécondation in vitro, FIV), d'examiner le patrimoine génétique des embryons avant qu'ils soient implantés dans l'utérus dans la perspective d'une grossesse. 

Ce procédé vise à éviter que dès enfants nés par insémination artificielle souffrent de maladies congénitales. Jusqu'ici, ce procédé était interdit en Suisse et seul le nombre d'ovules humains « pouvant être immédiatement implantés» (max. 3) pouvaient être développés hors du corps de la femme jusqu'au stade d'embryon (art. 119, al. 2c, est.). 

En vertu du projet de loi, il devrait désormais être possible, lorsqu'il est admis que des parents présentent des prédispositions génétiques entraînant, pour l'enfant, un risque d'être atteint d'une maladie, de développer autant d'embryons que nécessaire pour favoriser la procréation médicalement assistée. Le législateur évoque un maximum de huit embryons développés par FIV. Après avoir fait l'objet d'analyses destinées à dépister des maladies, les embryons ne pouvant être utilisés pour l'implantation sont détruits. La sélection ne peut être effectuée que lorsqu'il n'existe aucun autre moyen d'écarter le risque concret que le couple parental se retrouve dans une situation inacceptable. 

La nouvelle loi autoriserait en outre la congélation (cryoconservation) d'embryons. Toutes les autres possibilités d'applications du DPI demeurent quant à elles interdites, en particulier la production d'un « bébé sauveur » (Le DPI peut en effet être utilisé pour produire un « bébé sauveur» ayant des cellules souches génétiquement compatibles avec celles d'un frère ou d'une sœur déjà né et atteint de maladie, et pouvant donc servir de donneur.) et la sélection du sexe sans aucun lien avec une maladie grave. 

En introduisant cette loi, l'Office fédéral de la santé publique estime qu'entre 50 et 100 couples par année auraient recours à un DPI dans leur tentative d'avoir un enfant. 

Le diagnostic préimplantatoire soulève des questions fondamentales et ses conséquences posent problème. 

  • Le DPI nous confronte au problème fondamental de devoir décider quelle vie vaut la peine d'être vécue et quelle vie n'en est pas digne. Même si cette décision est prise à un stade très précoce de la vie humaine, elle détermine aussi la valeur de la vie des adultes atteints des maladies pouvant être dépistées par le DPI. Le droit d'être protégé et la dignité d'un être humain peuvent-ils dépendre du jugement de tiers?
  • Où se trouve la limite de ce qui est acceptable pour les parents? Les parents décident-ils eux-mêmes de ce qu'ils peuvent accepter? Attend-on des parents présentant des prédispositions génétiques qu'ils se soumettent désormais tous au DPI? Comment les assurances traiteront-elles les enfants souffrant des maladies concernées? Les enfants seront-ils encore assurés? 
  • Que se passera-t-il avec les embryons surnuméraires congelés? Qui garantira qu'ils sont définitivement supprimés et ne risquent pas d'être réutilisés à d'autres fins? A qui appartiendront ces embryons surnuméraires congelés? 
  • A quoi faut-il s'attendre après le DPI? Les limites restrictives qui figurent encore dans la nouvelle loi seront-elles préservées? 

En tant que chrétiens, nous croyons que le début et la fin de la vie sont des limites que Dieu fixe à l'existence humaine (Principes sociaux, 161 II. J). A travers la pensée biblique selon laquelle l'être humain est créé à l'image de Dieu (Genèse 1,27), toute personne se voit promettre une dignité, que le psalmiste exprime par ces paroles étonnantes: «Tu m'as fait ce que je suis, et tu m'as tissé dans le ventre de ma mère. Merci d'avoir fait de moi une créature aussi merveilleuse: tu fais des merveilles et je le reconnais bien. » (Psaume 139, 13s). La vie humaine créée par Dieu revêt (sans exception) une valeur intangible. 

Les Principes sociaux (http://ueem.umc-europe.org/foi/principes-sociaux---credo.html) de l'Eglise Evangélique Méthodiste déclarent au point III. La communauté sociale, O) Génie génétique: 

« La responsabilité des êtres humains envers la création de Dieu nous appelle tous à faire preuve de circonspection face aux possibilités de la recherche et des techniques en matière de génétique [. .. ] 

Nous rejetons tout traitement génétique à des fins eugéniques et tout procédé génétique générant la production d'innombrables embryons. » 

Bien que nous comprenions le désir des parents de donner naissance à un enfant sain, nous considérons qu'il est très préoccupant que l'introduction du DPI s'accompagne de l'obligation de décider de la valeur ou de l'absence de valeur d'une vie humaine. Pour ce motif, et pour toutes les autres raisons exposées ci-dessus, la Conférence annuelle de l'Eglise Evangélique Méthodiste Suisse-France-Afrique du Nord rejette l'introduction du diagnostic préimplantatoire. 

Adopté à la session de la Conférence annuelle Suisse-France-Afrique du Nord le 28/06/2014, à Frauenfeld 

PRISE DE POSITION DE L'EEM CONTRE LE DIAGNOSTIC PRÉIMPLANTATOIRE (fichier pdf)