Rapport de la surintendante et des surintendants
Texte original en français
1ère partie
1. District francophone
Heureux de vous emmener dans un district de notre Conférence annuelle qui, pour certains, reste quelque chose d'exotique, avec une autre manière de penser, de gérer, de travailler, d'agir; un district qui, pour beaucoup, signifie lieux de vacances, villes prestigieuses. Et afin que le dépaysement ne soit pas trop grand nous vous proposons de nous arrêter pour commencer en Suisse romande.
1.1 Suisse romande
Nous sommes loin du temps où le travail de l'église, vu de la Conférence annuelle, se réduisait souvent au placement de jeunes filles au pair qui venaient en Suisse romande pour apprendre le français. Car c'est bien cela qui, à l'origine, fut la première raison d'être de ces communautés. D'ailleurs, si le registre de membres de l'église de Neuchâtel témoigne de plus de 1000 (!) membres qui ont passé par cette église, cela montre bien l'oeuvre qui a été accomplie en ces villes de Neuchâtel, Saint-Imier, Lausanne, Vevey et Genève.
A Neuchâtel, l'église a été fermée quand il ne restait plus qu'une dizaine de personnes actives (il reste les bâtiments) et à Vevey, les membres ont préféré se concentrer et soutenir le travail sur Lausanne. Dans ces dernières décennies le travail dans ces communautés n'a pas été simplifié par le processus qu'a nécessité le passage de l'allemand au français, exigeant beaucoup de forces vives de la part des membres. A ce jour nous pouvons considérer ce processus comme accompli, même si, comme à Saint-Imier, quelques personnes aiment à se retrouver pour lire la bible en langue allemande. Une telle étude est alors assumée par une autre personne que le pasteur qui est actuellement francophone. Mais à côté des communautés francophones ou en commun avec elles, le travail des églises s'est développé en accueillant des communautés hispanophones et lusophones (brésiliennes).
A Genève, la Communauté chrétienne latino-américaine (CCLA) existe depuis plus de 20 ans et forme un circuit de notre Conférence annuelle. Ce travail a pu se réaliser grâce à l'engagement de bénévoles, de Connexio et du soutien de l'ensemble de l'église. Des pasteurs à la retraite ou des « missionnaires» envoyés par le Global Board of General Mission (GBGM) ont permis d'accueillir, d'entourer et d'offrir à des centaines de femmes surtout, mais aussi d'hommes un lieu devenu pour eux une famille spirituelle. La branche brésilienne, par exemple, réunit des personnes en provenance de plus de 40 dénominations ou groupes religieux différents! Des cours de français et de civilisation ou les permanences de l'EPER (Entraide Protestante de l'Église Réformée) organisées dans nos murs à l'issue des cultes représentent pour toutes ces personnes un soutien social pour l'insertion dans la société.
A Lausanne aussi, la chapelle du Valentin est devenue un lieu d'accueil pour plusieurs églises de migrants. La cohabitation entre plusieurs communautés de différentes cultures n'est pas toujours évidente et exige beaucoup de patience et de dialogue.
Bienne fait partie du district de Berne, mais dans cette ville sur la frontière linguistique de Suisse se développe aussi tout un travail en français et parmi des églises de migrants. Avec l'église « traditionnelle» germanophone, cohabitent un groupe/communauté francophone, une autre brésilienne et une troisième francocongolaise.
Dans le paysage ecclésiastique en Suisse romande, nos églises sont peu visibles à cause de leur petit nombre. Elles sont pourtant localement très actives dans les liens inter-églises; à,Lausanne, entre autre avec un travail parmi les enfants et la jeunesse dans le quartier de la Borde, à Saint-Imier, en collaboration avec les Mennonites et les églises évangéliques de la vallée, à Genève, au niveau oecuménique avec les églises du Plateau (région d'Onex) mais aussi avec les églises de migrants. En Suisse romande, l'Alliance évangélique a fusionné avec la Fédération romande des églises et oeuvres évangéliques (FREOE) pour former le Réseau évangélique.
Un mot encore sur la situation de l'immobilier: Grâce au soutien de l'ensemble de l'EEM en Suisse l'église de Saint-Imier se réjouit de locaux entièrement rénovés ainsi que de son presbytère. Cette rénovation permet une vie d'église active et accueillante pour toutes les tranches d'âge. L'église de Lausanne souffre du poids de la dette engagée pour la rénovation de son bâtiment. Celui-ci, construit par l'Église Méthodiste de France a été vendu à l'EEM Suisse en 1900. Ce sont les revenus du bâtiment de Vevey, (un jour éventuellement sa vente) qui permettent à l'église de Lausanne de survivre. Des réflexions ont débuté à Genève depuis plus de 12 ans en vue de l'agrandissement du Foyer Béthel. Bien des embûches et autres histoires inénarrables font qu'aujourd'hui encore nous attendons de connaître les montants de la subvention de l'État afin de démarrer les travaux, alors que le permis de construire a été délivré depuis bientôt 2 ans. Un Droit de Superficie a été signé entre l'EEM Suisse et la Fondation du Foyer Béthel au 1er juillet 2008. Il fait de l'église locale un locataire et confie la totalité de la gestion de l'immobilier à la Fondation, permettant ainsi une rente annuelle à l'église. Actuellement l'instabilité dans le corps pastoral rend le travail en Suisse romande difficile. Aurons-nous la force, la vision dans les années à venir de consolider les acquis et même développer de nouveaux secteurs comme la création de nouvelles églises? La question reste posée.
1.2 Est de la France
En Alsace, nous trouvons la majorité des églises de l'ancienne UEEM, à Metz (en Moselle), Bischwiller, Strasbourg, Colmar, Muntzenheim, Munster etMulhouse. La majorité d'entre elles témoignent d'une vie d'église active et plus ou moins stable, englobant l'ensemble des générations. Se retrouver un dimanche matin au culte à Metz avec une église qui « déborde» de monde, de bruit et de couleur, est un moment fort.
L'église de Strasbourg est confrontée à des défis qui sont sujets de préoccupation. S'il est possible de considérer la fusion entre les deux communautés Strasbourg-Sion et Strasbourg-Kageneck comme accomplie, le choix d'un lieu de culte unique semble indispensable; actuellement le culte est vécu de manière alternative entre les deux lieux. Cette décision est liée à des questions de bâtiments: rénovation, sécurité, rentabilité, situation et fonctionnalité, voir nouvelle construction. Toutes ces questions exigent et monopolisent les forces de la communauté qui est ainsi davantage tournée sur elle-même plutôt que sur son mandat missionnaire. Cela provoque une baisse du nombre de personnes fréquentant l'église et une baisse de la force financière. Avec courage et persévérance, une jeune et nouvelle équipe assume la responsabilité de la vie d'église dans le cadre du conseil. L'église reste un maillon indispensable dans cette ville qui connaît une vie ecclésiale importante.
Depuis de longues années maintenant un travail avec les Cambodgiens a vu le jour sur Strasbourg. Cette communauté poursuit son engagement parmi leurs concitoyens en France mais aussi dans leur pays. Ils ont été, avec d'autres, à l'origine du développement de la présence chrétienne au Cambodge et contribuent aujourd'hui encore par leur engagement et soutien au développement de l'église dans ce pays, raison pour laquelle Connexio a développé un département Asie. La communauté cambodgienne de Strasbourg a « déplacé» l'année dernière ses activités sur Bischwiller.
A Strasbourg toujours, la présence de l'association Bethesda contribue aussi à ce rayonnement surtout avec son engagement dans le domaine de la personne âgée. Les bouleversements vécus dans les milieux de la santé n'ont pas épargné cette oeuvre de l'église non plus. L'oeuvre s'est dès lors concentrée sur les maisons de retraites: maison Contades et Arc-en-Ciel, un nouveau projet Bethesda-Village dans le sud de la ville, le Foyer Caroline à Munster et la maison de retraite à Mulhouse.
La Congrégation des soeurs, après plus d'un siècle d'activité essentiellement au service des malades, a révisé les formes de son engagement en se recentrant sur un ministère d'accueil et d'intercession. Elle développe actuellement un Tiers Ordre avec comme objectif « Vivre comme chrétiens proches de la Congrégation des Soeurs de Bethesda et soutenir leur mission diaconale ».
L'église de Colmar a demandé l'aide des communautés soeurs (Munster, Mulhouse, Muntzenheim) pour la soutenir et l'aider dans son projet « Mission-Vie pour Colmar ». Trouver 1 ou 2 familles dans chacune des églises pour « étoffer» les rangs et redevenir une église plus accueillante, plus vivante et permettre ainsi un renouvellement. Si, jusqu'à ce jour la formule n'a pas fonctionné comme pensée initialement, de nouveaux contacts ont été établis entre temps, des organistes et des groupes de louange s'engagent régulièrement pour redonner vie à une petite communauté qui désire poursuivre le témoignage initié par nos pères dans cette ville.
Les communautés de Muntzenheim et de Bischwiller ont utilisé beaucoup «d’huile de coude» ces dernières années pour construire et rénover leur chapelle. La presque totalité du travail, y compris le gros œuvre, a été accomplie grâce à l’engagement bénévole de leurs membres, permettant aujourd’hui des locaux rénovés, agrandis et plus fonctionnels que par le passé, sans pour autant que la vie et les activités ralentissent. A ce jour, tout n’est pas encore terminé.
Metz s’interroge : comment agrandir ou acquérir plus grand ailleurs ? Là aussi, non seulement les locaux sont devenus trop exigus mais des problèmes de sécurité sont à l’ordre du jour et exigent que des solutions soient trouvées.
1.3 Sud-Ouest de la France
Si nous faisons un saut de plus de 1000 km en diagonale à travers la France, nous nous retrouverons à Agen, dans le Sud-Ouest, avec une communauté dont les membres s’engagent aussi beaucoup dans des travaux en vue de permettre l’amélioration de leurs locaux et s’interrogent : comment agrandir ? C’est bien sûr une bonne question qui témoigne de la vie et de la bonne santé de ces églises. Leur contexte n’est pas toujours facile et la suspicion de beaucoup de citoyens et avant tout du politique a tendance à les reléguer, ainsi que leurs actions, en marge de la société. A l’écoute des hommes et des femmes pourtant, tout révèle leur soif et leurs désirs de remplir leur vie de sens.
Dans la même région (Sud-Ouest), deux autres communautés - lieux de vie - témoignent avec fidélité de la présence et de l’action de Dieu dans notre monde : Fleurance et Mont-de-Marsan. Les deux églises ont profité du soutien de l’ensemble de la Conférence Annuelle pour l’acquisition de leur immeuble lorsque, il y a maintenant plus de vingt ans, nous avons commencé le travail dans ces petites villes - travail pionnier, création d’églises. Tout au long de ces 20 ans, aux deux endroits, plusieurs fois des temps de crise ont rendu la poursuite du travail difficile et ont conduit les responsables à se poser la question du bien-fondé de la poursuite de l’œuvre. Si aujourd’hui la présence, les contacts, le travail, le besoin y sont importants, financièrement ces deux communautés sont loin d’être indépendantes et représentent une lourde charge financière pour l’ensemble de l’UEEMF. Vues les distances séparant ces communautés les unes des autres, il n’est pas imaginable qu’un pasteur puisse desservir deux lieux. Nous sommes reconnaissants au GBGM de son engagement pour couvrir un PIM (Person in Mission) = un peu moins qu’un demi-salaire pour le ministère à Mont-de-Marsan.
1.4 Sud de la France
En 2006 fut scellée officiellement la fusion entre l'Union de l'Église Évangélique Méthodiste et l'Église Méthodiste de France - des églises méthodistes qui, en 1938, n'avaient pas accepté le rapprochement avec l'église réformée de France. Cette fusion fut précédée d'une vingtaine d'années durant lesquelles des pastorales communes et des discussions eurent lieu en vue d'un tel rapprochement. Ce temps fut aussi entrecoupé de périodes aux relations plus difficiles. Des circonstances, des individus, Dieu, ont finalement conduit vers cette nouvelle réalité de vie de notre union d'églises en France. Dans « l'ancienne EMF », il Y a aussi quelques grandes églises locales qui fonctionnent « bien», une ou deux sont de taille moyenne et plusieurs sont petites, ce qui ne facilite pas la gestion de l'ensemble.
Alès et Montélimar comptent parmi les plus grandes. L'église locale de Montélimar connaît un système particulier de direction d'église avec 4 « anciens» (c'est volontairement que nous mettons les guillemets, sachant bien que dans l'EEM seuls les pasteurs sont consacrés au ministère d'ancien). C'est seulement à partir de 2008 que le pasteur en place a été engagé à plein temps. Anduze est une église de taille «moyenne», et les autres sont des « petites», toutes confrontées à des problèmes de survie. Elles sont pourtant appelées à faire face à des défis importants. Si nous devions arrêter le travail dans l'une ou l'autre, cela signifierait une grande perte. Caveirac etCodognan, deux communautés dont l'existence remonte au ministère des pionniers du méthodisme en France, avec des hommes comme Charles Cook, envoyé en France par Wesley lui-même. A Codognan, un effort d'évangélisation de grande envergure est prévue cet été sous forme de festival de musique avec la collaboration de plus d'une centaine de personnes venant de tout l'hexagone et même de l'étranger. Il sera possible de compter avec le soutien de Connexio ainsi que du bus et des tentes de la Zeltmission de notre église en Allemagne. C'est une des formes du Projet-Vie de l'Union où l'ensemble des églises sont prêtes à soutenir le défi que s'est lancée cette petite communauté. Elle désire poursuivre la mission de Jésus-Christ: Répandre la Bonne Nouvelle.
Valleraugue, au coeur des Cévennes. Une petite communauté avec la difficulté d'avoir un pasteur, même seulement à mi-temps; une collaboration s'est développée avec l'Eglise réformée évangélique indépendante, ce qui permet d'avoir la présence d'un de leur pasteur pour un engagement à 20%. C'est dans ce lieu aussi que se trouve un home pour personnes âgées avec une capacité d'une cinquantaine de lits; actuellement des projets d'agrandissement y sont envisagés. La maison est une oeuvre de l'église.
St-Jean-de-Valériscle est un lieu sinistré par la fin de l'exploitation des mines de charbon. La petite communauté y développe un travail social important: « Agape», un bric-à-brac ouvert à l'année. L'UEEMF a acquis dans ce village une grande propriété, dans laquelle l'église se réunit. Ce bâtiment servira aussi à l'Association «Regain» pour l'accueil de jeunes mères célibataires. Comme le besoin est grand dans la région, les autorités civiles soutiennent vivement le projet; les travaux que nécessitent la transformation de l'immeuble en retardent malheureusement la mise en oeuvre.
1.5 Paris
Et pour terminer notre Tour de France: Paris. Depuis de longues années, l'église de Paris-Gennevilliers et ses membres vivent le témoignage de l'Evangile. La vie cultuelle est animée et enrichie par les différentes cultures présentes; aux Français s'est ajouté un groupe important de Haïtiens, ainsi que différents membres en provenance d'Afrique noire. Pendant plusieurs années, la desserte de J'église a été assurée par Pierre Geiser et son épouse de manière bénévole. Après 2 ans de période transitoire avec un pasteur béninois, étudiant à Paris, l'église a assumé une période de vacance. Mais l'urgence d'y mettre un pasteur se faisait de plus en plus ressentir. La question du financement du poste pastoral n'est pas entièrement résolue et représentera probablement une charge pour l'ensemble de l'Union dans les prochaines années.
Paris est un concentré du monde entier. S'y trouve aussi une communauté cambodgienne ; elle est. en lien avec celle de Strasbourg; bien que communauté membre de l'UEEMF, elle se gère de manière autonome. Une autre communauté s'est développée depuis quelques années, rassemblant tout un groupe de personnes de Côte d'Ivoire. Elle s'est constituée en église restant en lien avec l'église-mère, l'Eglise Méthodiste Unie de Côte d'Ivoire. Suite à des orientations et des objectifs différents, les membres se retrouvent à Paris-Colombes et Paris-Laumière. Ils peinent à trouver un lieu et vivent actuellement en deux groupes différents qui se réunissent dans des édifices de l'église catholique. La responsabilité pastorale de ces communautés était confiée jusqu'à présent à des pasteurs de Côte d'Ivoire, étudiants ou doctorant en France (Strasbourg, Paris) ou en Belgique (Mons). Suite à un accord entre les évêques Boni et Streiff, il est apparu souhaitable et nécessaire d'intégrer ces églises en premier lieu dans l'UEEMF et par conséquent dans notre Conférence annuelle. L'affectation d'un couple pastoral sur Paris a donc aussi pour but de soutenir, d'accompagner, de fortifier et de coordonner le travail de ces deux communautés dont le potentiel de croissance est difficilement imaginable: il existe dans Paris et dans ses environs plusieurs centaines de Méthodistes de Côte d'Ivoire. On a avancé le chiffre de 5000 (!) fréquentant ou non une église dans leur nouveau pays de résidence.
1.6 Bruxelles
Pour compléter ce tour d'horizon, arrêtons-nous encore un instant sur une autre église de migrants. En Belgique, notre église, la United Methodist Church a fusionné avec d'autres églises, et formé l'Eglise Protestante Unie de Belgique (EPUB) en 1969. De ce fait, l'EPUB est une église unie affiliée à l'EEM et peut même envoyer des délégués à la conférence générale. Elle est également membre du Conseil mondial des Églises Méthodistes. Pourtant, beaucoup de migrants (Africains ou autres) arrivant en Belgique n'y trouvent pas « leur» église et en plus, ne se reconnaissent pas dans l'EPUB à cause de sa spiritualité et de son orientation théologique. Ceci explique la demande émanant d'un groupe de méthodistes congolais à Bruxelles: être reconnu comme Église Évangélique Méthodiste / Église Méthodiste Unie et intégré au sein de notre Conférence annuelle.
1.7 Eglises de migrants
La question des églises de migrants n'est pas un phénomène nouveau (cf les Suisses a l'origine de la demande adressée dans les années 1930 à l'Evangelische Gemeinschatt d'envoyer un pasteur dans le Sud-Ouest de la France à Agen). Le phénomène est devenu d'importance ces dernières années. Il représente une chance et un défi pour nos églises et notre société. Quand des hommes et des femmes sont à la recherche de nouvelles perspectives économiques et sociales, ils emmènent avec eux leurs valeurs et leur croyances (foi et religion) et essayeront de les vivre dans leur nouveau contexte social.
C'est particulièrement vrai pour les migrants en provenance des pays du Sud et qui se retrouvent en Europe, un milieu marqué par le pluralisme religieux et la diminution des pratiques de la foi. D'où l'importance pour eux de vivre leur foi tel qu'ils en avaient l'habitude. Ainsi leur communauté représente pour eux une portion de leur pays (Heimat), de leur famille et ces lieux deviennent pour eux un tremplin pour leur intégration dans la société (cf les cours de français et de civilisation offerts dans le cadre de la CCLA à Genève).
En même temps, cette manière de se retrouver entre eux représente le risque de se retrouver dans une forme de ghetto et d'échapper à l'obligation de s'intégrer dans la société. Une autre difficulté guette ces églises: elles sont en général sensibles aux problèmes sociaux que rencontrent les étrangers arrivant chez nous; de ce fait elles attirent particulièrement des personnes nécessitant aide et soutien.
Là encore, l'Evangile ne pourra être proclamé qu'avec des actes concrets. Ce phénomène reste pour nos églises et pour nous EEM un défi. Les églises et communautés accueillant des églises de migrants connaissent ces défis et savent ce que signifient des termes comme « négocier, ranger, se comprendre et se faire comprendre... ».
« Laisserons-nous à notre table un peu de place à l'étranger? Trouvera-t-il quand il viendra un peu de pain et d'amitié? Ne laissons pas mourir la terre, ne laissons pas mourir le feu. Tendons nos mains vers la lumière pour accueillir le don de Dieu », comme le chante Jo Akepsimas.
L'appel de prendre soin de l'étranger reste: «Vous aimerez l'étranger, car vous avez été étrangers dans le pays d'Égypte» (Deutéronome 10,19). Saurons-nous accueillir la différence au risque de perdre un peu de notre tranquillité d'enfant privilégié?
Au vu des nombreuses communautés trouvant place dans nos églises, et pas seulement dans le district francophone, nous affirmons notre volonté et décision d'être église ouverte, église de Jésus-Christ, église pour les autres, église dans la mouvance wesleyenne ! Citons encore, au-delà de rencontres locales importantes réunissant ces différentes églises de migrants (à Genève, Berne, Paris...), deux événements qui ont traité ce thème: tout d'abord à Bâle, où Mission 21 a organisé une grande rencontre le 1er novembre 2008. Puis le séminaire annuel mis en place par notre église soeur en Allemagne au mois de janvier à Berlin sous la responsabilité de l'évêque Rosemarie Wenner. Il réunit les responsables des différentes églises de migrants pour partager un thème commun. Cette année le Rev.Dr.Fulgence Nyengele, professeur de théologie pastorale à l'école de théologie méthodiste de l'Ohio aux USA, membre de la Conférence annuelle du Congo était J'invité principal avec David Colins, secrétaire général de J'Eglise Méthodiste en Grande-Bretagne.
- Le corps pastoral
De part la fusion dont nous avons déjà parlé ci-dessus, mais aussi et surtout à cause des divers lieux de formation théologiques par lesquels ont passé les pasteurs qui sont actuellement en poste dans le district francophone (nous ne citerons que quelques uns des lieux de formation: Theologisches Hochschule Reutlingen - et oui, ça existe encore! - Faculté de théologie de Strasbourg, de Lausanne, Aix-en-Provence, Vaux-sur-Seine, Institut biblique Emmaüs, Nogent-sur-Marne, Lamorlaye ...) nous vivons de fait un pluralisme théologique. Ce n'est pas toujours un enrichissement mutuel mais aussi un débat de fond qui exige une acceptation réciproque. Il peut aussi se traduire par des tensions. Les pastorales du district cherchent à favoriser ce partage et cette compréhension mutuelle. Ces trois dernières années, nous avons travaillé les thèmes suivants: 2007 "Les convictions ecclésiologiques du Méthodisme" avec Michel Weyer / 2008 « Quelle herméneutique pour quelle église? » et cette année: « Les textes fondateurs du méthodisme» avec la présence de notre évêque. Actuellement le manque de vocation se fait sentir et nous peinons à pourvoir un pasteur dans chaque église. Mais, il faut aussi le dire, si nous le faisions, le financement en deviendrait difficile. Comme en Suisse, nous ressentons la tension entre le nombre de postes à pourvoir et les possibilités financières.
La question des salaires pastoraux est encore un dossier ouvert. Les églises locales de l'EMF salariaient leur pasteur directement, alors qu'un système de caisse centrale règle le salaire des pasteurs de l'UEEM. Il est prévu de solutionner ce point dans l'année en cours en intégrant l'ensemble dans la caisse centrale.
- Centre Méthodiste de Formation Théologique (CMFT)
Il a été créé afin de permettre aux étudiants en théologie de nos églises de vivre un temps ensemble au cours de leur formation et de leur donner ainsi une base commune. Cet objectif n'a que rarement été atteint à cause du petit nombre d'étudiants et de la disparité des lieux d'études. Mais le CMFT est tout de même un outil précieux qui permet la prise en charge financière et l'accompagnement des étudiants. Le CMFT est responsable des pasteurs qui sont dans le «Temps d'accompagnement» (actuellement 7 personnes, en comptant ceux qui sont en Algérie). II comprend un département pour les questions théologiques. Celui-ci est chargé de la préparation des textes ainsi que de l'animation des pastorales du district francophone. Le CMFT est actif dans le domaine de la formation des laïcs; une branche de ce domaine est actuellement en veille après avoir organisé et proposé quelques weekends dans les années passées.
Par contre, avec la collaboration qui s'est mise en place dans le cadre de la Consultation francophone, un énorme travail a été accompli pour la formation des prédicateurs laïques dans le monde francophone. Sous l'impulsion du Global Board of Higher Education and Ministry (GBHEM) un programme commun a été mis en place devant permettre la formation des prédicateurs laïques et des prédicateurs laïques avec affectation pastorale de tous les pays francophones d'Afrique (Congo, Côte d'Ivoire, Cameroun, Sénégal, Uganda, Burundi, Kenya, Soudan et Ruanda) ainsi que de Haïti et du district francophone (Suisse, France, Algérie). Pour le CMFT, Joseline Waechter est à J'oeuvre dans la rédaction des manuels, dans la formation et l'accompagnement de tous ceux qui dans notre Conférence annuelle sont actuellement en formation. Vingt-cinq personnes sont inscrites dans ce cycle de formation; elles sont regroupées en différentes classes.
Un autre domaine encore du CMFT est celui de la recherche et des publications sur le méthodisme. L'année dernière il a été possible de publier une nouvelle édition de la « Brève présentation de l'EEM ». Nous terminerons en signalant encore laBibliothèque du CMFT qui se trouve dans les locaux de l'église de Lausanne. Il est possible d'emprunter des livres pour autant que ceux-ci aient été pUbliés après 1900. Le catalogue est en ligne mais il n'est actuellement consultable qu'en langue allemande. Si vous faites un tour sur le site, il vous sera possible de lire en français l'ensemble des sermons de référence de John Wesley ainsi que d'autres articles sur le méthodisme: www.cmft.ch.
L'UEEMF est très reconnaissante pour l'important apport financier (env. les 8/10è) par l'église en Suisse. Sans ce soutien, il ne nous serait pas possible de garder cet objectif important de l'accompagnement et de la formation tel que nous l'avons à ce jour.
- Les relations inter-églises
Dans le monde latin, le paysage ecclésiastique est quelque peu différent de ce que l'on a dans le monde germanophone. Décrire cette différence oblige forcément à être caricatural. Si en Suisse et en Allemagne, il est possible de diviser les tendances en trois groupes - les églises officielles/multitudinistes - les églises confessantes mais ouvertes - les églises fondamentalistes, la situation est plus contrastée en France et donc opposée: les églises officielles et les évangéliques. Cette réalité transparaît dans les relations que nous vivons les uns avec les autres. Ainsi l'UEEMF est membre de la Fédération Evangélique de France (FEF). Malgré la demande express de plusieurs églises locales d'adhérer à la Fédération Protestante de France (FPF), dont d'autres églises évangéliques sont déjà membres, nous n'avons pas réussi à faire ce pas. D'une part certaines communautés ne désirent pas ce changement et d'autre part ces organisations ne peuvent concevoir que l'UEEMF soit membre dans les deux fédérations! Actuellement une nouvelle voie se dessine avec la création du Conseil National des Evangéliques de France (CNEF). Tout en se rapprochant de la FPF, il marque tout de même sa différence. Compte tenu des racines historiques communes et des défis posés à l'ensemble du protestantisme, le CNEF a réaffirmé le principe d'une concertation avec la FPF, chaque fois que cela s'avérera nécessaire. Cette évolution dans le monde évangélique évitera-t-elle à l'UEEMF un nouveau débat concernant le fait de sortir de la FEF pour se rattacher à la FPF ? Les églises locales pourraient devenir ou rester membre de la FEF à titre individuel. Il est encore trop tôt aujourd'hui pour le dire.
Les relations avec l'église catholique étaient quasi inexistantes jusqu'à récemment. Aujourd'hui, des contacts positifs et intéressants existent sur le plan local.
- Les bâtiments
C'est un autre chantier important avec, en priorité la nécessité de mettre en place une commission des bâtiments et d'en permettre son fonctionnement. Sur la base du règlement qui existe en Suisse, une proposition de règlement a été faite pour la France. Celui-ci devra encore être soumis au Comité directeur et à toutes les églises locales.
Plusieurs églises locales doivent faire face à de gros investissements, simplement pour maintenir les normes de sécurité exigée. D'autres églises, essentiellement de J'ancienne EMF, n'ont pas de presbytère et doivent encore régler ce problème.
- Projet VIE
Vision Implantation d'Eglises avec sa devise: Affermir (consolidation de l'église locale), Elargir (croissance de l'église locale) et Conquérir ( vision et projet qui voient la vie de l'église locale comme lieu normal d'enfantement pour de nouvelles églises filles...). L'ensemble du travail en France est placé sous cette devise et témoigne du désir de vivre et de partager J'Evangile au-delà de nos murs. Les membres des églises, leurs responsables et les pasteurs portent leur regard non seulement sur leurs lieu et environnement mais sont aussi prêts à soutenir l'effort pour l'ensemble. Les églises dans le Sud-Ouest, les petites communautés dans le Sud (Codognan...) ou dans l'Est (Colmar...) témoignent de la volonté de ne pas en rester là et sont les exemples de cette réalité et volonté de rester instrument dans la main de Dieu pour la construction de son Règne.
Pour terminer: Un voeu :
Que la Conférence Annuelle nous permette de vivre des espaces de rencontres et de partage où l'échange entre délégués et églises soit enrichissant et témoigne des liens qui nous unissent par-dessus les frontières.