«Avec passion, compassion» par le pasteur Stefan Zurcher
Dieu est amour ; il ne veut pas être autre, il ne veut ni ne peut qu’aimer....
Il s’agit d’être là pour les autres, de se prêter attention mutuellement, de se souvenir de la compassion de Dieu pour le monde. Dieu tient à la vie ; la vie du monde et des hommes est sa passion (Jl 2.18). On peut dire que le cœur de Dieu bat pour l’homme, il l’attire à lui en Jésus-Christ ; il est heureux quand l’homme n’est plus coupé de lui et cesse de lui tourner le dos et de lui préférer les idoles. Son cœur bat pour nous, sa préoccupation majeure est de nous voir tous courir vers Lui, revenir vers lui. Son cœur souffre toutes les fois que nous nous détournons de lui. Il ne demande qu’à nous entourer de ses bras et en retour nous ne pouvons que lui dire merci.
Sa compassion est contagieuse : épris de sa passion pour nous, nous partagerons sa passion pour le monde. Comment grandit notre passion pour lui, pour les autres ? Il nous donne un cœur de chair à la place d’un cœur de pierre, sensible aux hommes, au monde... Laissons-nous entraîner par la passion de Dieu au lieu de l’étouffer !
Ne courons pas le risque d’avoir une crise cardiaque en contrevenant à la volonté de Dieu ou en suivant d’autres idoles. Notre cœur se battra au rythme de l’amour de Dieu pour la vie, le monde, les hommes ; nous partagerons la vie de la société, la lutte contre l’injustice et le primat de la solidarité. Partageons avec Dieu sa compassion avec le monde
.« Se laisser contaminer par la passion de Dieu, ne pas l’étouffer »
Avec Passion - Compassion
De la passion de Dieu pour le monde
Pas moyen de faire autrement. Il nous faut d’abord faire l’expérience personnelle de la passion de Dieu pour le monde. Si nous ne le faisons pas et ne ressentons que la compassion, nous en resterions à la situation de Saul de Tarse ou de John Wesley avant le changement, qui a été précisément cela : l’expérience de la passion de Dieu pour le monde.
Dieu amoureux de la vie
Dieu est un amoureux de la vie, un ami passionné des êtres humains. Le monde est la « passion » de Dieu. « Comment t’abandonnerais-je, Ephraïm ? Mon cœur en moi se retourne et toutes mes entrailles frémissent » (Os 11 :8). Dieu se laisse émouvoir. Esaïe p.ex. « Regarde du ciel et vois, de ta demeure sainte et magnifique. Où donc sont ta jalousie et ta puissance ? Le frémissement de tes entrailles ? Ah ne rends pas insensible ta pitié» (Es 63 :15). Et Joël rappelle « Or, l’Eternel s’émeut de jalousie pour son pays. Il épargna son peuple» (Jl 2 :18). Le cœur de Dieu bat pour nous. Pour nous, il s’est donné à fond, à corps perdu. C’est pourquoi il cherche à se rapprocher de nous, il devient homme – Jésus Christ, afin que nous soyons près de lui. Dieu est pleinement heureux quand il n’est plus séparé de nous, humains et que nous ne sommes plus séparés de Lui. Quand nous vivons en paix avec lui, Dieu est heureux, les cieux jubilent.
Tristesse de Dieu devant l’aliénation humaine
Mais les humains ? Ils ont envie de le quitter. Ils lui tournent le dos, cherchent d’autres dieux, cherchent le bonheur ailleurs. C’est alors que l’amour de Dieu devient sa Passion douloureuse, nous lui faisons mal. Son cœur est brisé. Dans d’atroces souffrances, Il meurt à la croix.
De manière toute personnelle, Dieu te dit aujourd’hui sa passion pour toi. Son cœur bat pour toi personnellement. Quand tu es proche de lui, il est heureux. Quand tu te tournes vers d’autres dieux, quand ton cœur t’entraîne ailleurs, il souffre. Peut-être qu’il te révèle de manière nouvelle ce matin que ton cœur est ailleurs, que tu cherches ton bonheur en dehors de Dieu. Il doit ressentir cela comme un coup au cœur, Dieu a mal, il souffre pour toi. Accepte que Dieu t’appelle, t’interpelle, Dieu t’aime, il est attiré vers toi. Son plus grand bonheur serait que tu reviennes à lui, maintenant.
Jésus raconte l’histoire suivante : « Il partit donc de là et s’en retourna vers son père. Comme il était encore loin, son père l’aperçut et fut touché de compassion. Il courut se jeter à son cou et l’embrassa longuement. » Qu’importe la distance qui te sépare de Dieu, Dieu t’aime passionnément, il vient vers toi, les bras grand ouverts, afin de te serrer dans ses bras d’amour. Ici et maintenant.
Tu peux répondre sur le champ : « Merci, mon Dieu ! » Ainsi est notre Dieu, passionnément pour ce monde, passionnément pour la vie.
Passion et compassion malgré tout
La compassion de Dieu pour le monde, pour l’humanité, pour la création est contagieuse. Nous avons ressenti quelque chose de cette passion brûlante de Dieu qui nous veut tout à lui. Il nous anime quand nous célébrons ensemble le culte, partageons nos joies et nos peines et cherchons ensemble la proximité du Christ en nous encourageant mutuellement.
Faire l’expérience de la passion de Dieu, a des conséquences : c’est contagieux. Dieu fait de nous des alliés de sa passion pour la vie, des associés de sa passion pour l’humanité. Il partage sa passion avec nous.
Comment ? Il nous fait partager son cœur. Dieu dit par Ezéchiel : « Je vous donnerai un cœur nouveau, un cœur de chair » (Ez 36.26). Un cœur vivant qui bat comme le cœur de Dieu pour le monde, pour les humains, pour la vie. Un cœur qui bat plus fort à la vue d’hommes heureux ; un cœur qui souffre à la vue de la misère humaine : « A la vue des foules, il en eut pitié, car ils étaient las et comme des brebis qui n’ont pas de berger » (Mt 9.36). Voilà le secret des disciples passionnés de Jésus : le cœur de Dieu bat en eux.
Que faire pour que notre cœur batte pour Dieu et les autres ?
Néanmoins, nous pouvons étouffer la passion de Dieu en nous. Nous pouvons provoquer un arrêt cardiaque. Notre cœur cesse alors de battre pour le monde et il devient froid. La passion meurt. Quand notre relation au cœur de Dieu est interrompue, quand son cœur ne bat plus en nous, quand sa vie ne nous anime plus, notre cœur s’arrête. « Demeurez en moi, afin que je demeure en vous », nous dit Jésus pour éviter cette catastrophe. Dieu lutte pour son peuple, pour son église, pour ses collaborateurs et collaboratrices. Jésus nous demande : « demeurez en moi, comme moi je demeure en vous, restez en ligne, n’interrompez pas la relation avec moi ! »
Gare aux ruptures relationnelles
Quand des responsables et des membres d’église interrompent leur relation avec Dieu, - en refusant le dialogue avec Lui, en négligeant la communion fraternelle, en vivant en contradiction avec l’Evangile, en faisant taire la louange de Dieu -, ils provoquent alors l’arrêt de leur cœur et étouffent la passion.
Quand on en arrive là dans une église, de graves conséquences s’en suivent : rares sont les personnes à faire l’expérience du pardon de Dieu et à se libérer de leurs mauvaises habitudes ; rares sont les personnes à vivre une guérison physique et intérieure ; on ne dénonce pas l’injustice, on ne résout pas les conflits, on ne déjoue pas les intrigues, on ne dénonce pas l’égoïsme et la cupidité, on n’invite pas les autres à mettre leur confiance en Dieu, on les abandonne à leur destin. Ainsi trahit-on le nom de Jésus, quand bien même l’Église se réfère à lui. Son nom, « Jésus » veut dire « Dieu aide », ce nom représente le programme de Dieu, sa passion, mais on trahit son nom.
Dieu voit les hommes fatigués dans leur misère et il a pitié d’eux. Sa colère s’enflamme contre une telle Église et il dit : « Voici je vais prendre à parti les bergers ! Je leur reprendrai mon troupeau » (Ez 34.10). A cause de son amour pour les hommes, Dieu est gagné par la colère. La colère de Dieu est la forme extrême de son amour passionné – un amour qui s’élève contre toute puissance de destruction. Autrement, Dieu n’est jamais en colère.
Cela se produit, quand nous suivons d’autres dieux, quand nous cherchons notre bonheur ailleurs qu’en Lui. Dans ce cas, notre cœur s’arrête de battre pour Dieu et le monde. Le rythme du cœur de Dieu ne bat plus en nous et la passion se meurt.
La compassion, avec Dieu et pour les hommes
Ce n’est pas ce que Dieu veut. Des arythmies cardiaques ne mènent pas nécessairement à la mort. Même pas un arrêt cardiaque. Si nous apportons notre cœur à Dieu, si nous l’en prions, il nous le remet en ordre, le ramène à la vie, pour qu’il batte de nouveau, comme son cœur bat passionnément pour nos contemporains, pour le monde.
Que fait un chrétien dont le cœur bat passionnément pour son prochain ? En paroles et en actes, il témoigne aux autres de l’amour de Dieu pour la vie, il fait place aux autres dans son coeur. Il ne juge pas, mais partage la douleur de Dieu au sujet de celui qui est perdu. Il prend conscience de ce que cette personne a une grande valeur pour Dieu ; il ose l’approcher, offre l’hospitalité, peut-être une conversation, l’écoute et l’accompagnement.
Que fait une communauté, une église dont le cœur bat passionnément pour le monde ? Elle participe à la mesure de ses moyens à l’édification de la société, en trouvant aussi dans les éclopés, les cabossés et écrasés de la vie, les traces de la bonne création de Dieu ; elle agit dans le sens de Dieu, ici et maintenant ; les choses n’ont pas à rester ce qu’elles sont ; elle ose dénoncer l’injustice, aide à résoudre les conflits, met fin aux intrigues, se solidarise avec les nécessiteux. Ainsi agit une personne, une église avec un cœur qui bat passionnément, qui vit la compassion de Dieu pour le monde…
Jouer collectif
Il y a quelques années, lors des jeux paralympiques aux Etats Unis, lors de la finale de la course de 400m, 8 handicapés se présentent dans les starting-blocks. Chacun veut gagner. Le départ est donné, ils s’élancent comment ils peuvent. Soudain, 30-40m avant le but, un des premiers coureurs trébuche et tombe. Fini le rêve de la victoire, pas de chance. Mais voilà que l’incroyable se produit : un des coureur s’arrête, retourne en boitant vers son collègue à terre, le relève, le soutient. L’autre ne peut plus courir, mais son copain le maintient debout, l’enlace et continue en boitant avec lui. Les autres les voient. Ils ralentissent, ne peuvent pas ignorer ce qui s’est passé. Tous s’enlacent, entourant l’accidenté. Et ainsi ils marchent et se traînent ensemble jusqu’à la ligne d’arrivée.
Avec passion – compassion. L’amour de Dieu devient visible, là où nous nous mettons ainsi en route, en tant qu’Église, là où nous nous soutenons mutuellement, là où nous ne laissons personne sur le carreau. Alors Dieu qui aime la vie passionnément prend corps dans nos vies et le cœur des humains bat au rythme du cœur de Dieu – Dieu est alors heureux et les cieux jubilent.
Stefan Zürcher
Traduction F. Schmid et B. Hetsch