L'évêque Patrick Streiff
"Le soleil se lève à l’Est" Tel est le thème abordé par la Conférence annuelle de l'Église évangélique méthodiste (EEM). Ce sont quelque 300 laïcs et pasteurs en provenance de toutes les communautés EEM de Suisse, France et Afrique du Nord et la Suisse qui se retrouvent à Frauenfeld pour la 43ème session de la Conférence annuelle. Elle se déroule du jeudi 19 juin jusqu'au dimanche 22 juin 2014.
Evêque Patrick Streiff ouvre la Conférence annuelle à Frauenfeld.
Stephan Koch, pasteur à Frauenfeld, adresse la bienvenue à tous les participants et se réjouit du déplacement de la Conférence annuelle en Suisse orientale. Le canton de Thurgovie produit un tiers de toutes les pommes en Suisse. Aussi l'évêque s’est-il vu remettre un assortiment de "Mostindien" en guide de cadeau.
De même, Rolf Müller, Directeur Général du Tourisme en Thurgovie, insiste sur la beauté de la Thurgovie. En avançant la devise « C’est trop pour un jour», il invite les délégués à rester plus longtemps ici. La Thurgovie est le pays de la pomme, un pays gastronomique recélant maints trésors culturels. En un autre siècle, il a abrité le célèbre Concile de Constance.
L’évêque Patrick Streiff exprime sa joie de voir la Conférence se dérouler en Suisse orientale et tient à remercier le comité organisateur pour le travail accompli. En outre, il transmet les salutations des deux évêques à la retraite, Franz Schaefer et Henry Bolleter. En transmettant les salutations d’autres Conférences dans le monde et en faisant référence aux hôtes venus de l'Europe, il met en évidence la dimension mondiale de l’EEM.
Jésus-Christ a donné le mandat à ses disciples de faire des disciples de par le monde en vue de le changer. Ce mandat a été repris par les CA depuis 20 ans. Ce qui m’importe, c’est ce que l’on vit à la base : comment cette mission-là est-elle encouragée à la base ? Comment en faire la promotion ?
Dans son discours inaugural, l’évêque Patrick Streiff rappelle le mandat missionnaire imparti par Jésus à l’Église avant de souligner l'objectif commun de la Conférence annuelle adopté il y a quatre ans: «Nous, membres de l'Eglise méthodiste unie, nous vivons une mission: amener les gens à suivre Jésus-Christ de manière à changer le monde ».
La mission gît dans le coeur de Dieu
Il souligne que Dieu lui-même est à l'origine de cette mission. Dieu cherche à établir une relation d’amour avec les hommes et vit cette relation avec patience et miséricorde. Il agit pour créer, sauver et parfaire sa mission. Pour ce faire, Il va à la rencontre de l’humanité, dans son amour de créateur, jusqu’à s’incarner en Jésus-Christ en sorte qu’on le reconnaisse pleinement.
L'évêque a noté que le pape François a écrit une pensée analogue à la sienne dans sa Lettre apostolique "Evangile Gaudium": "Le véritable missionnaire, qui ne cesse jamais d’être disciple, sait que Jésus marche avec lui, parle avec lui, respire avec lui, travaille avec lui. Il ressent Jésus vivant avec lui au milieu de l’activité missionnaire. Si quelqu’un ne le découvre pas présent au cœur même de la tâche missionnaire, il perd aussitôt l’enthousiasme et doute de ce qu’il transmet, il manque de force et de passion. Et une personne qui n’est pas convaincue, enthousiaste, sûre, amoureuse, ne convainc personne".
Notre réflexion et notre action seront calées et calquées sur le projet missionnaire de Dieu. « Mon espérance est que par la suite nos communautés prennent encore plus à coeur ce mandat missionnaire »
Patrick Streiff souligne que la Conférence annuelle met à présent de plus en plus l'accent sur la mission que les communautés locales ont à vivre. Il constate que les communautés locales abordent de façon plus critique leur vécu ecclésial et apprennent aussi à prendre davantage en compte les gens situés en-dehors de nos églises.
La refonte prévue des prochaines Conférences Annuelles devrait aider les églises locales à progresser dans leur engagement missionnaire.
Ensemble, nous nous replacerons devant les défis que nous avons à relever chacun dans son domaine, chacun dans son pays spécifique.
La Conférence annuelle est plus qu’une Conférence suisse, elle concerne aussi la France et l’Afrique du Nord. Les structures et les changements structurels ne sont que des outils et des ressources pour nous permettre de réussir la mission : « Nous devons comprendre que nous sommes une Conférence annuelle internationale ; nous ne traitons pas que des affaires helvétiques. Ensemble, nous nous replacerons devant les défis que nous avons à relever chacun dans son domaine, et dans son pays spécifique ». « Nous allons travailler plus à fond les relations humaines. Ce qui est décisif, ce sont les hommes », déclare pour finir l’évêque.
Message d’ouverture de l’évêque Patrick Streiff
La mission de l'Église et notre parcours de Conférence annuelle Suisse, France et Afrique du Nord
Le Christ ressuscité a donné à ses premiers disciples la mission d'annoncer l'Evangile et de faire partout dans le monde des disciples et des disciples par le baptême et l'enseignement (Matthieu 28:16-20). Ce grand mandat missionnaire a été repris à des endroits clés dans l'Église mondiale depuis vingt ans. Mais le plus important pour moi, c’est la part de mission que vivent les gens. Dans de nombreuses commissions mondiales dont je fais partie, on se pose à plusieurs reprises la question test quelque soit la thématique abordée: «Comment cela contribue-t-il à la mission de l’Église» : tout ce que nous faisons, ce que nous prévoyons et décidons pour l’avenir doit être mesuré à l’aune de la mission.
La Conférence annuelle (CA) Suisse-France-Afrique du Nord, s’est donnée, il y a quatre ans, un objectif commun clair et a fixé sciemment ce mandat missionnaire comme un objectif global prioritaire : Nous, membres de l'Église méthodiste unie, nous vivons une mission: conduire les gens à suivre Jésus-Christ afin de changer ainsi le monde.
Il est gratifiant pour moi de voir que cette directive inspire de plus en plus les discussions qui ont lieu à plusieurs niveaux, à la fois dans les organes de la Conférence annuelle ainsi que dans les comités directeurs des circuits et des communautés locales. Cet objectif général doit devenir notre préoccupation au point de façonner notre pensée et notre action. Dans l'Église, ces processus prendront du temps, car ils doivent atteindre le cœur des gens pour faire bouger les choses. Il est donc bon et nécessaire que nous nous rappelions de l'origine de cette mission.
La mission tire son origine bien avant le grand mandat du Christ ressuscité, tel que le dépeint l'Evangile de Matthieu. Son origine précède la Pentecôte, comme le décrit la double oeuvre de Luc, - l’Evangile et les Actes- , et bien avant l'expérience de conversion personnelle faite par Paul, expérience qui a transformé Saul en Paul et caractérise ses lettres aux communautés chrétiennes. L'origine de toute mission est située dans le cœur de Dieu lui-même, parce que Dieu vit SA mission depuis toujours, dans la création du monde, dans la rédemption du monde et également dans l’accomplissement du monde.
Dans sa mission, Dieu cherche à rétablir une relation avec les hommes et vit cette relation avec patience et grâce dans le but faire réussir la cohabitation humaine dans une communion libératrice, édifiante et pleine d’amour, parce que Lui-même est Amour créatif. C’est dans le cœur de Dieu que commence la mission. Elle dessine ensuite des cercles. En la personne de Jésus-Christ cette mission prend forme humaine et gagne en visibilité bien plus que n'importe où ailleurs dans le monde. Et par la puissance de l’Esprit, elle saisit et renouvelle les cœurs humains et les rassemble dans la communion de l'Église.
L'origine de toute mission repose dans le cœur de Dieu lui-même et de ce fait, l’objectif global doit être le suivant : Nous, membres de l'Église méthodiste unie, nous vivons une mission: amener les gens à suivre Jésus-Christ, afin de changer ainsi le monde.
Depuis quatre ans, nous gardons à l’esprit cet objectif global à l’esprit en tant que Conférence annuelle. Ce que beaucoup de membres avaient au début à l'esprit, a déclenché une réflexion dans la tête qui a glissé entre temps de la tête au cœur chez un grand nombre. Je suis heureux des retours que je reçois par ci par là, et des initiatives que cette réflexion a déclenchées.
Notre réflexion se fait plus critique sur notre vie d’église, elle prend davantage en ligne de compte les personnes situées à l'extérieur de nos communautés, elle ose entreprendre de nouvelles initiatives en paroles et en actes. Et ce qui me remplit d’espérance, ce sont ces processus où des personnes se regroupent en petits groupes et cellules, s’engageant à partager la foi, l'espérance et l'amour avec les autres et à franchir des étapes innovantes sur le plan de la mission qu'aucun d'entre eux n’aurait jamais osé franchir seul.
De telles équipes, il y en avait déjà, avant même que nous avons commencé à travailler avec le SLI des Etats-Unis. Mais le SLI dont on entendra parler de plus en plus dans les rapports, contribue sciemment à appuyer et à déployer le potentiel de ces équipes dans la mission de l’Église. Il est encore trop tôt pour voir des résultats mesurables. Même cela prendra du temps dans l'Église. Et à l'intérieur et au-delà de toute activité humaine, cela demeure l'œuvre de Dieu, la bénédiction vient de Lui.
J’ai relevé récemment des pensées de valeur sur la mission et l'évangélisation d’une autre plume: « On ne peut persévérer dans une évangélisation fervente, si on n’est pas convaincu, en vertu de sa propre expérience, qu’avoir connu Jésus n’est pas la même chose que de ne pas le connaître, que marcher avec lui n’est pas la même chose que marcher à tâtons, que pouvoir l’écouter ou ignorer sa Parole n’est pas la même chose que pouvoir le contempler, l’adorer, se reposer en lui, ou ne pas pouvoir le faire n’est pas la même chose. Essayer de construire le monde avec son Évangile n’est pas la même chose que de le faire seulement par sa propre raison. Nous savons bien qu’avec lui la vie devient beaucoup plus pleine et qu’avec lui, il est plus facile de trouver un sens à tout. C’est pourquoi nous évangélisons. Le véritable missionnaire, qui ne cesse jamais d’être disciple, sait que Jésus marche avec lui, parle avec lui, respire avec lui, travaille avec lui. Il ressent Jésus vivant avec lui au milieu de l’activité missionnaire. Si quelqu’un ne le découvre pas présent au cœur même de la tâche missionnaire, il perd aussitôt l’enthousiasme et doute de ce qu’il transmet, il manque de force et de passion. Et une personne qui n’est pas convaincue, enthousiaste, sûre, amoureuse, ne convainc personne.
267. Unis à Jésus, cherchons ce qu’il cherche, aimons ce qu’il aime. Au final, c’est la gloire du Père que nous cherchons, nous vivons et agissons « à la louange de sa grâce » (Ep 1, 6). » (Pape François, Exhortation apostolique Evangelii Gaudium, § 266ss)
La Conférence annuelle a fixé l'objectif cadre pour 2010-18 il y a quatre ans: toujours plus de personnes sont conduites à suivre Jésus-Christ par le biais des communautés locales de Suisse, de France et d’Afrique du Nord. C’est mon espoir que nous pourrons, au cours de la seconde moitié de cette période 2010-18, avoir plus en vue et promouvoir ce qui se vit dans les communautés sur le plan missionnaire, au cours même des sessions de la Conférence annuelle.
Au cours des dernières années et cette année encore, de nombreuses questions spécifiquement suisses nous ont occupés… . J'espère que nous serons en mesure d’arriver au bout de ce processus lors de cette Conférence pour nous concentrer de plus en plus au cours des prochaines années à la Conférence annuelle sur la mission dans les communautés locales.
Cela devrait aider à la refonte prévue de la Conférence annuelle. Peut-être avez-vous remarqué que j'ai dit qu’au cours des dernières années nous nous sommes affairés grandement de questions spécifiquement suisses. Des questions spécifiquement suisses ont façonné la Conférence annuelle. Mais nous sommes Conférence annuelle de Suisse, de France et d'Afrique du Nord. Nous avons encore à apprendre.
Et c’est la raison pour laquelle le Conseil stratégique propose dans le cadre de la refonte de la Conférence annuelle la création de réunions spécifiques à chaque pays. Par la suite, les membres de la Conférence de Suisse se réuniront à part pour régler les questions spécifiquement suisses lors d'une Conférence suisse, comme ça se fait déjà en France et en Afrique du Nord chaque pays pour sa part. Et au cours de la Conférence annuelle ainsi remaniée et raccourcie d'un jour, nous mettrons au premier plan les préoccupations communes de notre mission. Cette nouvelle organisation va par ailleurs encourager les membres mêmes de France et d'Afrique du Nord à participer davantage.
Nous conclurons à cette Conférence - je l'espère - le processus de révision de l'organisation, et adopterons les principes de la nouvelle structure que nous avons décidée l'année dernière, ses statuts et règlements. On peut s'attaquer à ces changements dans la peur et l’angoisse et voir partout des dangers : ce à quoi on n’a guère pensé; des personnes qui acquièrent trop de pouvoir; ce qu’on est en train de perdre… etc.
On peut s'attaquer à ces changements avec un brin d’optimisme et voir partout le côté positif: ce qui est possible de nouveau ; ce qui sera simplifié et moins lourd, etc.
La vérité est certainement entre les deux et surtout, nous allons continuer à travailler avec les gens, souvent les mêmes. Par conséquent, la culture de la coopération ainsi que des objectifs clairs, auxquels nous nous savons tenus, sont au moins aussi importants que les ajustements structurels et les règlements. Ces derniers ne sont que des outils et des aides. C’est nous qui décidons, nous les hommes, de ce qui advient.
La mission, qui est devant nous, a son origine dans le cœur de Dieu. Puisse-t-elle enflammer nos cœurs et puisse son Esprit nous donner de vivre ensemble en harmonie, que nous célébrions le culte, que nous suivions une formation ou que nous nous concertions.