Rapport des surintendants

RAPPORT DES SURINTENDANTS

Vive discussion à propos de la stratégie de l’EEM

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Joerg Niederer, surintendant, a présenté le rapport des surintendants en fin d’après-midi jeudi devant la Conférence annuelle de l'Église Méthodiste Unie (EEM), Suisse/France/Afrique du Nord. Il s’en suit une discussion nourrie en séance pleinière. Ce rapport recueille le soutien manifeste des délégués.

Jörg Niederer présentait le rapport des surintendants devant la CA.

Le surintendant débute son intervention devant la Conférence annuelle avec trois questions: Comment allons-nous agir avec courage en tant qu’Église pour gagner au Christ les personnes qui nous entourent toutes aimées par Dieu? Comment allons-nous amener courageusement les gens à suivre le Christ? Comment courageusement allons-nous partager l'amour de Dieu en parole et en acte? Il était clair: personne n'est en mesure de transformer la volonté d'un homme, quel qu’il soit, pour le conduire à suivre le Christ. Notre bonne volonté et notre courage ne suffisent pas, encore faut-il que le Seigneur soit à l’oeuvre. C’est Lui qui fait la différence. Avec Lui, nous pouvons «agir avec courage», persuadés que, dans la foi en Jésus-Christ, nous pouvons réaliser l’impossible à vues humaines, même si nos ressources humaines et financières sont réduites.

Joerg Niederer cherche à montrer à toute église locale encore réticente à tout projet émanant du conseil stratégique qu’il découle d’une décision de CA. Si une église n’a toujours pas pris conscience de la nécessité de faire des disciples de Jésus-Christ, elle doit alors s’interroger sur sa compréhension de la nature de l’église et de sa mission.

A côté des ministères classiques tels que le culte dominical, ou l’accompagnement pastoral, pourquoi n’oserait-on pas dans le cadre de l’EEM entreprendre du neuf et sortir des chemins battus ?

L’Eglise méthodiste en Suisse et en France manifeste tout son intérêt pour les expériences que font les districts méthodistes du Royaume-Uni pour atteindre les distanciés de l’Evangile par des voies nouvelles: animations sportives avec des programme spirituels, réunions dans des cafés, diverses offres pour marginaux, missions dans les ghettos. Ce sont des exemples des nouvelles formes de communication que l'Église méthodiste du Royaume Uni est en train d’explorer, ce qu’elle appelle du nom de  «Fresh Expressions of Church». La communauté 3X3 de l’EEM a commencé à Wildenau un tel projet. A Berne, le "Spielfalt" s’est affilié au projet d’implantation d’église de Berne.

Tout ne réussit pas. On travaille à de l’infaisable. L’efficience de la mission relève de Dieu. L'église et ses membres y travaillent d’arrache-pied.

Transmettre l’Evangile avec courage

Les votes des délégués se rapportent avant tout à deux questions: Comment des gens déjà très impliqués dans leur vie professionnelle et vie familiale, peuvent-ils être assez motivés pour s'engager à amener les gens à suivre Jésus-Christ, notre objectif présent? Les gens sont prêts à s’impliquer suivant leurs talents, mais leur initiative ne correspond pas toujours au programme préétabli par l’église locale. Certains seraient prêts à s’engager davantage pour peu qu’on leur laisse une plus grande marge de manoeuvre... A bon entendeur salut ! Alors, comment pouvons-nous encourager les gens à s’engager dans la communication de l’Evangile avec enthousiasme? Comment pouvons-nous motiver et enthousiasmer  les uns les autres à accomplir dans leur créneau respectif la mission évangélique en fonction de leurs talents ?

La suite de la discussion a souligné que les pasteurs ne sont pas là seulement pour la communauté, mais présents aussi avec la communauté pour renforcer le témoignage de l’église vers l’extérieur. Un pasteur a raconté comment son implication dans un club a changé son approche de la prédication de l'Evangile. Son église locale a prononcé sur lui une prière de bénédiction à l’issue du culte. Elle reconnaissait à son ministère une dimension missionnaire: «nous sommes missionnaires à plein temps qui que nous soyons dans notre vie quotidienne. De cette manière, nous pouvons prendre en ligne de compte les perspectives des non-croyants qui nous entourent et chercher à les gagner».

Le rapport présenté par le conseil stratégique a été compris dans l’ensemble comme un encouragement.

Que répondre à ceux qui viennent à l’église épuisés dans l’espoir de puiser des forces nouvelles ? C’est de fait la réalité pour beaucoup: pour certains, il est difficile de donner de soi quand ils sont à bout de force. Il est légitime de venir à l’église pour se ressourcer, surtout que la fréquentation du  culte dominical a pour conséquence une amélioration de la situation: «ça fait du bien au croyant qui éprouve peurs et peines de repartir bon pied bon oeil dans la nouvelle semaine avec de nouvelles forces».

Le ministère n’est pas seulement synonyme de peine et de labeur mais aussi source de  bénédictions et d’enrichissement. «J’espère que nous ne nous contentons pas de gémir mais que nous apprendrons aussi à nous réjouir dans la tâche qui nous incombe». L’objectif que se fixe l’Église est de conduire davantage de personnes à la suite de Jésus-Christ pour transformer le monde, voilà ce que la CA entend mettre en oeuvre !

Les statistiques en légère baisse

Les statistiques pour 2011 montrent des chiffres en légère baisse pour les différents districts de la Conférence annuelle. En Suisse, il y avait 6027 membres professants (-135 par rapport à 2010), 3609 Amis (-69) de l’Église à la fin de 2011. La fréquentation moyenne au culte adultes était de l’ordre de 4940 personnes (-76), pour l’école du dimanche de l’ordre de 1083 enfants (-45). On compte à ce jour 115 paroisses, à savoir quatre en moins par rapport à l’année précédente.

Pour la première fois, les valeurs statistiques de l’EEM en Suisse étaient représentées dans une pyramide des âges: Le nombre d'enfants atteint une pointe avec les jeunes de 14 ans (plus de 300 enfants de 12 ans et 260 de moins de 14 ans). Puis, le nombre de personnes de 35 ans régresse fortement (60), avant de commencer à nouveau à se relever au niveau moyen (190 de 50 ans), et le nombre de personnes de 80 ans diminue de manière significative de nouveau. Dans l’EEM, les jeunes adultes précédant la phase familiale forment un groupe relativement restreint.

Document 

Rapport des surintendants 

Agir avec courage 

Le thème de la Conférence annuelle, «agir avec courage», met l'accent sur les actions courageuses et risquées entreprises par amour pour Dieu, pour les humains et pour toute la création. II en va de même de l'objectif pluriannuel visé par la stratégie de l'EEM et fortement inspiré par l'ordre de mission donné dans Mathieu 28,18-20: «Par le biais des églises locales de l'EEM Suisse-France, de plus en plus de personnes sont amenées à devenir des disciples de Jésus-Christ.» Les stratégies sont des déclarations d'intention qui n'acquièrent un sens qu'une fois mises en œuvre. De quel courage sommes-nous prêts à faire preuve lorsqu'il s'agit d'êtres aimés par Dieu? Qu'est-ce qui nous motive à amener des personnes à devenir des disciples du Christ? Les affirmations du profil de l'EEM s'appliquent-elles vraiment à nous, méthodistes de Suisse, de France et d'Afrique du Nord? «En chemin avec le Christ, animés par Dieu, tournés vers les humains ... nous transmettons son amour en paroles et en actes.» 

1. Façonner l'infaisable 

Avec la stratégie de l'EEM, nous avons axé l'action de l'Eglise sur la dimension salvatrice de la conversion au Christ. Nous voulons amener de plus en plus de personnes à devenir des disciples de Jésus-Christ. Avec le thème de la conférence de cette année, ce même axe est placé dans le contexte de l'action, une action courageuse. Chaque communauté EEM et chaque circuit l'interprète et le vit d'une autre manière. C'est bien ainsi; la stratégie n'a en effet jamais voulu ni l'uniformisation ni la synchronisation, mais vise un objectif commun dont la réalisation doit être adaptée aux circonstances locales.

A cet égard, il existe de nombreuses offres et instruments comme la Foi pas à pas, les cours Alphalive, mais aussi le concept du développement naturel de l'Eglise (DNE) et le livre de l'évêque Robert Schnase «Les paroisses qui portent du fruit et leurs caractéristiques». Pour ce qui est de l'ouvrage de Schnase et de certaines autres offres, il vaut la peine de s'y replonger à plusieurs reprises. 

De nouvelles offres ont par ailleurs été développées spécifiquement pour aider les églises locales et les circuits à amener des personnes à suivre le Christ. 

-     Le cours de Turnaround démarrera bientôt un deuxième cycle, légèrement remanié. Son but est d'aider les circuits et les églises locales qui ont perdu de la substance et du volume au fil des années à prendre un «virage». Marc Nussbaumer vous fournira volontiers des renseignements à ce sujet. 

-     Avec les «Fresh Expressions» (pendant un certain temps, l'EEM appelait ce domaine d'activité «f. i. s.ch»), l'Eglise méthodiste britannique, en particulier, a trouvé une réponse diversifiée qui touche de plus en plus de personnes éloignées de l'Eglise. Nous voulons en tirer des enseignements pour la Suisse et la France. Les «Fresh Expressions» sont des églises implantées par des laïques sous une forme innovante et inhabituelle. Une formation pour fondateurs d'églises analogue au cours de Turnaround verra bientôt le jour, sous la houlette de Matthias Faukhauser. 

-     Formation et Conseils a adapté son offre de formation et de coaching à la stratégie. 

L'équipe chargée du processus stratégique accompagne le processus de mise en œuvre de la stratégie dont la durée prévue est de huit ans et aide ainsi les circuits et les églises locales à poursuivre leurs efforts consistant à amener des personnes à suivre le Christ. Dans le même temps, elle analyse l'évolution et l'application concrète de la stratégie, motive les églises locales et les circuits et pilote la mise en œuvre par le biais de thèmes prioritaires. Dans un proche avenir, des équipes adaptatives pourront également intervenir dans les églises, les circuits et éventuellement au niveau de la conférence pour moduler et promouvoir la réalisation de la stratégie. Actuellement, trois personnes de l'EEM suisse suivent à cet effet une formation aux Etats-Unis destinée à leur permettre de devenir des multiplicateurs de cette méthode de travail au sein de notre conférence. 

Quiconque agit avec cœur et courage dans ce monde en se laissant guider par l'action de Dieu est prêt à façonner l'infaisable, c'est-à-dire à entreprendre un projet sans avoir l'assurance qu'il aura l'effet escompté et aboutira au but visé. Personne n'est en mesure de modifier la volonté de quelqu'un pour le conduire à décider sans autre de suivre le Christ. Et même si nous pouvions manipuler des personnes de la sorte, nous ne le voudrions pas. Agir avec courage implique de faire confiance et d'instaurer la confiance. L'essentiel dans tout cela découle de l'action de Dieu qui se produit, sans, voire malgré notre intervention. Agir avec courage signifie placer notre confiance en Jésus-Christ et nous atteler avec une grande sérénité à façonner ce qui est humainement infaisable. 

Lorsque nous agissons avec cœur et courage nous pouvons appeler des personnes à suivre le Christ, même si nos ressources en personnel et en finances sont plus limitées. Chaque année, il nous manque des pasteur-e-s pour pourvoir tous les postes vacants dans les circuits. Des lieux de prédication sont fermés ici et là. De nombreux amis et membres confessants sont tellement sollicités au quotidien qu'ils trouvent de moins en moins la force d'investir de l'énergie dans l'Eglise. Quand ils se rendent à l'église, ils n'ont surtout pas envie d'être sollicités une fois de plus, mais aspirent au contraire à y puiser des forces et à se ressourcer. 

II convient de relever que notre situation financière est encore confortable en comparaison avec d'autres Conférences annuelles d'Europe. Les économies ne nous font pas encore vraiment mal. 

Donc: Pourquoi ne pas agir avec courage et ainsi façonner l'infaisable, autrement dit appeler des hommes et des femmes à suivre le Christ? Dans ce domaine, Dieu ne nous lâchera jamais. 

Agir avec courage en tant qu'intermédiaire entre le monde et le Christ 

La stratégie de l'EEM met l'accent sur la tâche fondamentale inhérente à l'existence chrétienne. L'Eglise, c'est la mission. Les pasteur-e-s et les communautés ont un mandat commun. Le pasteur n'est pas là uniquement pour sa communauté, il est là avec sa communauté pour le monde. Cela semble évident, mais ça ne l'est pas tant que ça. Lorsque tout se passe au mieux, les pasteur-e-s et les membres de la communauté travaillent main dans la main pour servir avec cœur et courage d'intermédiaires entre le monde et Jésus-Christ. Il existe cependant aussi des circuits où les pasteur-e-s ne bénéficient pas du soutien de la communauté et défendent une cause perdue. Ou à l'inverse, certaine-s pasteur-e-s sont des «freins» pour leur communauté. Enfin, il arrive parfois que le pasteur et la communauté semblent s'accorder sur le fait qu'amener des personnes à suivre le Christ n'est pas de leur ressort. 

Lors de la rencontre européenne des surintendants, à Braunfels, nous nous sommes demandé comment des personnes pouvaient trouver le chemin qui mène à Jésus et dans l'Eglise. Où les personnes extérieures à l'Eglise peuvent-elles trouver des stations d'accueil où faire dialoguer leur projet de vie avec le message de Jésus-Christ? 

Pour les personnes qui se tournent vers Dieu au beau milieu de leur vie, le «programme» normal de l'Eglise, avec des cultes dominicaux et la présence d'un pasteur apte à faire de la relation d'aide est particulièrement important. Il convient donc de ne pas sous-estimer cette offre de base du ministère pastoral «traditionnel». 

Il faut toutefois aussi de plus en plus avoir le cœur et le courage d'innover, sinon, il en ira de nous comme des puces qui se sont tellement habituées à rester dans les limites de leur bocal, qu'elles ne cherchent même pas à en sortir une fois le couvercle ouvert (voir la vidéo sous 

http://www.youtube.com/watch?feature=endscreen&NR=1&v=uKR4tmd8TNg)! Comment nous encourager les uns les autres à ne pas nous confiner à notre cadre habituel? 

Il faut, notamment, surmonter l'inertie propre à l'Eglise pour pouvoir inventer et créer quelque chose de nouveau. L'Eglise méthodiste britannique y est parvenue grâce aux Fresh Expressions. Sous des formes créatives, elle a réussi à faire découvrir l'Evangile à plus de 30 000 personnes. Ce résultat est le fruit du travail de femmes et d'hommes qui ont donné une chance à des projets nouveaux, inhabituels et les ont concrétisés. C'est ainsi que sont nées des nouvelles communautés ou branches d'activité; pas des méga-églises, mais des communautés comme nous les connaissons bien, avec une moyenne de 60 personnes. Il ne s'agit cependant pas de communautés établies, centrées sur les cultes, et force est de constater que nous manquons encore de la disponibilité nécessaire pour introduire dans l'EEM des formes et des structures inhabituelles et faire cohabIter de manière constructive diverses façons d'être église, que ce soit sous des formes connues ou en tant que Fresh Expressions. 

En Grande-Bretagne, certains circuits méthodistes se sont unis pour lancer ensemble des Fresh Expressions: des salles de sport proposant un programme spirituel, une Eglise de surfers, des rencontres dans des cafés, des activités pour les marginaux, des missions dans des ghettos. Contrairement à ce qUI se passe chez nous, les circuits britanniques comptent souvent entre 10 et 18 communautés. Il pourrait donc valoir la peine, dans notre Conférence annuelle, Que des circuits voisins se mettent ensemble pour démarrer un travail de Fresh Expression ou une implantation d'église. Il est en effet plus facile de se défaire de ses habitudes lorsque l'on est ensemble. Et ensemble, il est plus facile de monter une équipe prête à se lancer dans un tel projet. 

L'essentiel est et demeure de changer d'angle de vue, de se placer dans la perspective des gens extérieurs à l'Eglise et de les rencontrer là où ils se trouvent. En tant que surintendante et surintendants, nous tenons toujours compte de la situation des églises et des immeubles appartenant à l'Eglise. Nous considérons ainsi que lorsqu'une chapelle de l'EEM est entourée d'écoles, c'est peut-être un signe, par exemple, qu'il faudrait proposer des activités dans ce sens. De fait, il n'est pas rare que des communautés de l'EEM se trouvent déjà au cœur de la société. 

Une nouvelle forme d'église peut déboucher sur une toute nouvelle communauté, mais aussi sur des activités spécifiques nous permettant de parler du Christ aux personnes qui nous entourent. En Suisse, par exemple, nous trouvons de véritables Fresh Expressions à Wildenau (église 3x3) ou à Berne, avec le café «Spielfalt», qui fait désormais partie du projet d'Implantation d'église. Agir avec cœur et courage peut aussi consister en une activité isolée, comme par exemple le Musical proposé par le circuit d'Interlaken ou la troupe de théâtre laïque mise sur pied à Sevelen. Relevons encore les projets lancés par les trois communautés EEM de Codognan, Caveirac et Agde, dans le Sud de la France. Alors que Codognan organise chaque été, depuis quelques années, un festival d'évangélisation, l'église méthodiste de Caveirac, qui diminue régulièrement, a initié un nouveau programme destiné à l'aider à trouver une nouvelle orientation vers Dieu, vers son mandat et vers les personnes de son entourage. Agde se trouve au bord de la Méditerranée. Dans cette ville de 35 000 habitants, l'EEM a l'intention d'implanter une Eglise en collaboration avec un circuit des Etats-Unis. 

Tout n'aboutit pas toujours. Certains projets ne vont jamais au-delà de la phase de lancement. Nous pouvons certes investir notre créativité, notre don d'organisation et y associer notre amour des gens, mais cela se limite en fin de compte à façonner l'infaisable, cela reste la mission de Dieu. Nous avons le privilège d'y participer. 

3. Appelés au ministère pastoral dans une Eglise et un monde en mutation 

Dans l'Eglise Evangélique Méthodiste Suisse-France, de nombreux pasteurs vivent leur vocation au ministère pastoral. Les actes de la conférence 2011 font état de 75 membres pastoraux de plein droit (en 2005, il Y avait 74 pasteurs en activité), 12 membres pastoraux probatoires (11 en 2005), 1 membre pastoral extraordinaire (1 en 2005) et 23 prédicateurs et prédicatrices laïques avec responsabilité pastorale. Les actes de la conférence 2005 sont les premiers à mentionner 4 prédicateurs et prédicatrices laïques avec responsabilité pastorale et une assistante de paroisse, qui figurera également l'année d'après parmi les prédicateurs laïques avec responsabilité pastorale. Au cours des sept dernières années, le nombre de prédicateurs et prédicatrices laïques avec responsabilité pastorale actifs a donc plus que quadruplé. 

En tant que président de la Commission des ministères, Walter Wilhelm s'est donné la peine d'étudier les changements survenus au sein du corps pastoral durant ces dix dernières années. Ses conclusions sont les suivantes: il ya eu 47 nouveaux engagements depuis 2002. 50 % d'entre eux sont des pasteur-e-s en activité dont 29 viennent de l'extérieur de l'EEM et 18 sont issus de l'EEM. 

Plus d'un tiers des personnes venues de l'extérieur de l'EEM (12 des 29) ont quitté le ministère après une périOde relativement courte. 18 personnes issues de l'EEM (relève interne) ont dans l'intervalle quitté le ministère après une période généralement assez longue. 

La constellation des affectations a donc nettement changé. Ce qui frappe le plus est l'importante augmentation de prédicateurs et prédicatrices laïques avec responsabilité pastorale qui ne sont pas contraints d'être entièrement disponibles pour les affectations mais n'ont pas non plus de garantie d'engagement. On remarque en outre le taux de fluctuation élevé des membres pastoraux. Malgré la progression des engagements de prédicateurs et prédicatrices laïques avec responsabilité pastorale, il s'est avéré impossible ces dernières années de pourvoir tous les circuits. 

Les conditions de travail et de vie des membres pastoraux et de leurs familles se sont elles aussi modifiées. Aujourd'hui, les pasteur-e-s ont plus de possibilités de trouver une place en dehors de l'EEM. L'EEM se trouve donc en concurrence avec d'autres employeurs dans sa quête de personnes compétentes, ce qui explique que les candidats expriment davantage d'exigences en termes de conditions d'engagement et de logement. Il n'est plus évident de la part d'un pasteur et de sa famille qu'il accepte d'emménager dans un logement donné. Certains pasteurs vivent même dans leur propre maison. En particulier pour les personnes engagées à temps partiel, il ne va plus de soi d'habiter sur leur lieu de travail. La plupart des partenaires des pasteur-e-s exercent aujourd'hui une activité professionnelle, ce qui rend les affectations d'autant plus difficiles et accroît la pression sur les familles pastorales. Les pasteur-es de l'EEM ne sont par ailleurs pas épargnés par les divorces et les ruptures biographiques. Tout comme dans les secteurs professionnels de la société, le rythme de travail et les exigences au sein de l'EEM ont augmenté et engendrent régulièrement des maladies et des conflits. 

Cela dit, le travail en tant que collaborateur ou collaboratrice pastorale dans l'EEM est intéressant et varié. Travailler avec des gens peut procurer beaucoup de plaisir. Savoir qu'on leur offre davantage que des biens terrestres, qu'on donne un sens à leur vie, peut être très satisfaisant. Les pasteurs sont en outre conscients d'être appelés à servir le Christ et beaucoup d'entre eux ne peuvent pas s'imaginer vivre cet appel à l'extérieur de l'EEM, comme l'illustre cette citation extraite d'un rapport présenté lors d'une assemblée de circuit: «Je suis heureux de faire partie de cette Eglise. Je ne vois loin à la ronde aucune Eglise et aucune école théologique qui arrive à la cheville de l'EEM. C'est là t'une des raisons pour lesquelles je souhaite travailler dans cette Eglise et dans aucune autre à l'édification du royaume de Dieu.» 

Le Cabinet aimerait stimuler ce plaisir à travailler dans l'EEM et, dans la mesure du possible, le renforcer. Pour ce faire, il a intégré à la gestion et au développement du personnel une application plus réfléchie des entretiens d'évaluation et de motivation. Le système des affectations prescrit par le Règlement de l'Eglise est et demeure une caractéristique de l'EEM qui a certes changé dans sa forme, mais continue à faire partie intégrante de notre vision du service et de la vocation. Nous recherchons des personnes qui se laissent appeler à venir non pas dans une communauté bien précise, mais dans l'Eglise dans son ensemble. Nous rappelons notamment à cet égard l'idée de l'alliance des personnes ordonnées. A travers la Commission collaboration pasteur-église, les circuits recherchent des collaborateurs et collaboratrices pastoraux appropriés. 

Il est important que les pasteur-e-s se sentent appréciés et sachent que l'église locale s'efforce dans la mesure du possible de répondre à leurs besoins et à ceux de leurs familles. Au vu du manque de pasteur-e-s et des difficultés liées aux affectations, le Cabinet a réfléchi à la manière de donner envie à des gens de s'engager à plein temps pour l'EEM et de les soutenir durablement dans leur ministère. Parmi les mesures évoquées figurent les bonnes possibilités de formation continue et les tâches professionnelles intéressantes au sein des organes de l'Eglise, deux éléments existant depuis longtemps déjà. 

Outre ces mesures «réalistes», le remue-méninges du Cabinet a fait naître des idées comme il en surgit bien souvent, vite suggérées et aussitôt rejetées. 

Les mesures nouvelles ou récemment mises en place sont les suivantes: 

  • les entretiens d'évaluation et de motivation. Ils constituent une bonne base pour identifier rapidement les besoins des pasteur-e-s et motiver plus concrètement le personnel; 
  • la planification à plus long terme des affectations; 
  • cinq semaines de vacances en cas de changement d'affectation; 
  • l'extension de la période de recherche de collaborateurs et collaboratrices sur toute l'année et non plus uniquement durant l'automne. Un poste vacant dans un circuit peut ainsi être pourvu à n'importe quel moment. les stages de durée déterminée peuvent également servir de préparation au ministère pastoral au sein de l'EEM;
  • l'identification rapide des circuits vacants. Les pasteur-e-s qui ne font pas encore partie du système des affectations peuvent s'annoncer de leur propre chef lorsqu'ils sont prêts à accepter une nouvelle affectation. 

Le Cabinet est ouvert à d'autres propositions, sans pour autant garantir qu'elles seront mises en œuvre. L'objectif de ces réflexions reste de faire en sorte que les pasteur-e-s aient du plaisir à travailler dans l'EEM et puissent y vivre leur vocation avec d'autres chrétiens, aussi bien au sein des églises locales et des circuits qu'en tant que communauté de service pour l'ensemble de l'Eglise. Nous avons été envoyés ensemble au cœur de la société moderne à la place du Christ. 

Rapport des surintendants (117 ko pdf)