Sa foi
Histoire de notre doctrine
Fondements de l'enseignement wesleyen en Grande Bretagne - Fondements doctrinaux du méthodisme américain - Traditions doctrinales de l'«Evangelische Gemeinschaft» et de la «United Brethren Church» - La confession de foi de l'"Evangelical United Brethren Church - Fondements doctrinaux de l'Eglise Méthodiste Unie
Fondements de l’enseignement wesleyen en Grande Bretagne
La tradition méthodiste dont se réclame l’Église Méthodiste Unie s’inscrit dans un ensemble plus vaste et plus ancien qui est l’héritage fidèle du vrai christianisme primitif. Pour reprendre les propres termes de Wesley : les pionniers de la tradition méthodiste étaient porteurs de « l’ancienne religion, la religion de la Bible, la religion de l’ensemble de l’Église à l’époque où elle était la plus pure »*. Leur prédication s’enracinait dans le message biblique de ce Dieu d’amour qui s’est donné lui-même et qui s’est révélé en Jésus-Christ.
La vision qu’avait Wesley du cheminement du chrétien qu’il décrit comme le chemin du salut biblique constituait le modèle d’une vie chrétienne fondée sur l’expérience. Les pères spirituels du méthodisme insistaient sur l’infaillibilité des vérités chrétiennes fondamentales et soulignaient l’importance de leur mise en pratique dans la vie des croyants.
Cette vision des choses se concrétise dans la compréhension wesleyenne de «l’esprit œcuménique »**. S’il est vrai que les méthodistes se savent liés par certaines vérités chrétiennes fondamentales telles quelles sont expliquées dans l’Évangile et confirmées par l’expérience, ils reconnaissent que d’autres chrétiens ont le droit d’avoir une opinion différente concernant le culte, la structure ecclésiale, la forme du baptême ou la recherche théologique. Ils pensent que de telles différences ne rompent pas le lien de la communion qui unit les chrétiens en Jésus-Christ. D’où la célèbre déclaration de Wesley : « Dans toutes les questions qui ne touchent pas aux racines du christianisme, nous nous en tenons à la règle : penser et laisser penser »***.
Tout en s’attachant aux principes de la tolérance religieuse et de la diversité théologique, les méthodistes étaient et sont persuadés qu’il existe un « noyau » de la vérité chrétienne qu’il est possible de définir et qui est à conserver. Pour eux, cette partie essentielle est révélée dans la Bible ; elle est éclairée par la tradition, vivifiée par l’expérience personnelle et communautaire et confirmée par la raison. Ils étaient tout à fait conscients du fait que la Parole éternelle de Dieu n’a jamais été exprimée parfaitement par des mots et qu’elle ne le sera jamais.
Ils étaient également prêts à affirmer qu’ils considéraient les articles et confessions de foi de l’Église primitive comme un sommaire de la vérité chrétienne. Ils étaient cependant attentifs à ne pas en faire la norme absolue de toute vérité ou erreur doctrinale.
Outre les éléments essentiels d’une foi vivante, les méthodistes respectent la diversité d’opinions soutenues par des chrétiens consciencieux. À ce propos, Wesley avait adopté une position maintes fois éprouvée : « Unité dans l’essentiel, liberté pour ce qui est secondaire et amour en toutes choses ».
L’esprit d’amour tient compte des limites de la raison humaine : « Être ignorant en beaucoup de choses et se tromper en peu », constatait Wesley, « fait partie intégrante de notre condition humaine ». L’essentiel de la vie chrétienne est d’aimer Dieu et notre prochain : l’œuvre salvatrice et sanctifiante du Saint-Esprit nous en donne la force.
* Sermon 112, tenu le 21.4.1777 lors de la pose de la première pierre de la «New Chapel » à la London City Road (sermons ed. A. Outler, Vol. 3, p. 585).
* Cf. Sermon 39 sur « l’esprit œcuménique » (« Catholic spirit »).
** Les signes distinctifs d’un méthodiste.
Fondements de l'enseignement wesleyen en Grande Bretagne
À partir de ces considérations, les méthodistes britanniques de l’époque de Wesley n’ont jamais résumé leur doctrine en une confession de foi que l’on aurait pu utiliser pour mesurer la justesse de leur enseignement. Le méthodisme était un mouvement à l’intérieur de l’Église d’Angleterre et Wesley tenait fermement à transmettre les enseignements fidèles à la Parole, tels qu’ils étaient contenus dans les Trente-neuf articles de foi, les homélies, et le Book of Common Prayer de son Église nationale. Bien entendu, la Bible demeurait pour lui l’autorité ultime dans toutes les questions doctrinales.
Lorsque le mouvement prit de l’ampleur, Wesley fournit à ses adeptes des sermons imprimés, ainsi qu’un commentaire biblique pour leur instruction doctrinale. Ses Sermons on Several Occasions* développaient ces enseignements, que, comme il disait : « je chéris et j’enseigne en tant que fondement de la foi véritable ». En 1755, il publia ses notes explicatives sur le Nouveau Testament** comme guide de l’exégèse biblique et de l’interprétation doctrinale méthodistes.
Des controverses ayant surgi à plusieurs reprises, une norme réglementant la prédication méthodiste s’avéra nécessaire par la suite. En 1763, Wesley publia un Model Deed*** qui chargeait les administrateurs des chapelles de s’assurer que les prédicateurs en chaire ne proclament aucun autre enseignement que celui contenu dans les notes explicatives de Wesley sur le Nouveau Testament et dans les quatre volumes de sermons.
Ces écrits contenaient alors les principales normes de l’enseignement méthodiste. Ils servaient comme modèle et cadre pour toute prédication conforme à la tradition wesleyenne. Dans les écrits de Wesley, la norme prioritaire était la Bible, telle qu’elle est éclairée par la tradition et par la foi vécue. Les méthodistes britanniques disposant déjà des Trente-neuf articles de foi de l’Église d’Angleterre, Wesley n’a pas proposé un résumé de la révélation biblique.
Les frères Wesley composèrent des chants riches en enseignement et en expérience. Ces chants, en particulier ceux de Charles, sont devenus très populaires chez les méthodistes et demeurent en même temps une importante source d’enseignement doctrinal.
Par ailleurs, Wesley élabora différentes règles et principes, comme par exemple les Règles générales, afin de promouvoir la pratique de la piété personnelle et communautaire qu’il proclamait.
En complément à ses écrits, Wesley introduisit le système des Conférences afin d’enseigner et de superviser les prédicateurs méthodistes. Pour assurer la fidélité aux doctrines et règlements du mouvement méthodiste, il publia des procès-verbaux des Conférences. Toutes ces publications et structures enrichirent la compréhension wesleyenne de l’Église et de la vie chrétienne.
* NdT : sermons pour différentes occasions publiés entre 1746 et 1760.
** « Explanatory Notes Upon the New Testament ».
*** NdT : acte modèle.
Fondements doctrinaux du méthodisme américain
- La marque britannique
Tant que les colonies américaines restèrent sous contrôle britannique, les méthodistes continuèrent à faire partie de la communion sacramentelle de l’Église d’Angleterre. Les premières Conférences dirigées par des prédicateurs britanniques insistaient sur la fidélité aux principes wesleyens en matière d’organisation et de doctrine. En outre, les prédicateurs stipulaient que les procès-verbaux des Conférences britanniques et américaines, ainsi que les sermons et les notes explicatives de Wesley, devaient constituer le fondement de leur doctrine et de leur règlement.
- L'émancipation et la définition de la doctrine et des structures
Lorsque l’indépendance des États-Unis fut reconnue officiellement en 1783, il devint évident pour Wesley que les méthodistes américains, libérés du contrôle britannique, aussi bien en
matière ecclésiastique qu’étatique, formeraient une Église indépendante. C’est pourquoi il mit à disposition des méthodistes américains une liturgie* et une déclaration doctrinale**. La liturgie était en fait la version abrégée par Wesley du Book of Common Prayer et les articles de foi, sa révision des Trente-neuf articles de foi de l’Église d’Angleterre.
Les prédicateurs méthodistes américains qui se réunirent à Baltimore en décembre 1784, adoptèrent la liturgie et les articles de foi comme contribution à la formation de la nouvelle Église méthodiste épiscopale. Cette « Conférence de Noël » adopta aussi un recueil de chants que Wesley avait préparé en 1784, ainsi qu’une version légèrement modifiée des Règles générales, pour s’en servir comme présentation de la nature et de l’organisation de l’Église. La majeure partie de la Conférence fut consacrée à l’adaptation du « Grand procès-verbal britannique »*** aux conditions américaines. Des éditions ultérieures de ces documents prirent le nom de « Doctrine et Règlement de l’Église méthodiste épiscopale ».
La transition du « mouvement » à l’« Église » modifia la fonction des Fondements doctrinaux dans le méthodisme américain. Au lieu de décrire des enseignements pour la prédication au sein d’un mouvement, les articles de foi esquissaient désormais des normes fondamentales pour la foi chrétienne dans l’Église, tout en respectant la tradition anglicane.
La préface du premier tirage à part des articles de foi déclare : « Voici les enseignements répandus parmi les gens que l’on appelle méthodistes. Ces personnes ne reconnaissent par ailleurs aucune doctrine contraire aux présents articles ».
On n’exigeait pas des méthodistes américains qu’ils signent les articles de foi comme le voulait la coutume dans l’Église d’Angleterre. Mais ils devaient s’engager (sous peine d’être dénoncés) à maintenir la proclamation de l’Évangile dans les limites déterminées. Pendant plusieurs dizaines d’années, le Règlement de l’Église se fonda uniquement sur les articles de foi pour apprécier la justesse de l’enseignement dans les Églises nouvellement formées : la dénonciation de prédicateurs ou de membres accusés d’enseignements erronés reposait alors sur « la propagation de doctrines contraires à nos articles de foi ». L’Église protégeait ainsi son intégrité doctrinale des hérésies de l’époque : le socinianisme, l’arianisme et le pélagianisme****.
Les articles de foi n’offraient cependant pas encore de garantie suffisante pour une prédication réellement méthodiste ; il y manquait plusieurs éléments wesleyens tels que l’assurance du salut ou la perfection chrétienne. C’est pourquoi les sermons et les notes explicatives de Wesley continuèrent de servir à l’affermissement des fondements traditionnels de la doctrine méthodiste.
* « The Sunday Service of the Methodist in North America ».
** Les articles de foi. 22« Large Minutes » 1744-1789.
*** Cf. articles I,II,IX.
**** Église méthodiste épiscopale.
- Constitution de l'Eglise Episcopale Méthodiste
La Conférence générale de 1808 qui a adopté la première Constitution de l’Église Méthodiste* a explicitement reconnu que les articles de foi précédemment rédigées avaient effectivement valeur de normes doctrinales pour l’Église. La première disposition restrictive de la Constitution interdisait tout changement, modification ou ajout à ces articles. Elle stipulait en outre qu’aucune nouvelle norme ou règle doctrinale ne pouvait être adoptée si elle était contraire aux « normes établies et en vigueur à ce jour ».
Dans la tradition wesleyenne, tout comme aujourd’hui, les sermons et les notes explicatives servaient de modèle à l’interprétation de la doctrine. D’autres documents ont également été utilisés par les méthodistes américains pour enrichir l’enseignement et la prédication méthodiste.
Certes, les listes recommandant certaines sources doctrinales se modifiaient d’une génération à l’autre, mais elles contenaient généralement le recueil de chants, les confessions de foi œcuméniques** et les Règles générales. Au début du 19ème siècle, ces listes comprenaient généralement « Checks to Antinomianism »*** de John Fletcher et « Theological Institutes »**** de Richard Watson.
À vrai dire, la valeur normative de ces écrits a été confirmée par le poids de la tradition plus que par une autorité légiférante. Ils devinrent ainsi partie intégrante de l’héritage des méthodistes américains et servirent encore aux générations suivantes.
Lors des grands réveils qui eurent lieu au 19ème siècle parmi les pionniers de l’Ouest américain, les traditions théologiques européennes perdirent peu à peu de leur influence. La prédication se concentrait alors sur « l’expérience chrétienne », résumée essentiellement dans « la foi salvatrice en Christ ».
- Ses caractéristiques
Les méthodistes mettaient l’accent sur le libre arbitre, le baptême des enfants et les cultes spontanés, ce qui conduisait à des controverses sans fin avec les presbytériens, les baptistes et les anglicans.
L’intérêt que les méthodistes accordaient aux normes doctrinales formelles ne gardaient qu’une importance secondaire face à l’évangélisation, l’édification et la mission. De fait, ce sont avant tout les chants wesleyens qui permirent de préserver et de propager l’enseignement de l’Évangile.
Vers la fin du 19ème siècle, la théologie méthodiste américaine devint foncièrement éclectique et l’on accorda moins de valeur particulière aux sources wesleyennes.
L’influence des articles de foi subit plusieurs changements. Pendant un certain temps, les mises à jour de la Constitution ne touchèrent pas à la première disposition restrictive et il n’était par conséquent pas question d’envisager des modifications aux Fondements doctrinaux. Les articles de foi furent intégrés à l’engagement demandé lors de la réception de membres de l’Église méthodiste épiscopale du Sud.
Au début du 20ème siècle, cependant, le respect de la doctrine s’affaiblit, l’héritage théologique wesleyen perd de son influence parmi les méthodistes américains et l’importance des articles de foi en tant que Fondements doctrinaux constitutionnels de l’Église diminue progressivement, d’autant plus que les déclarations du Règlement de l’Église concernant les fondements de la doctrine furent modifiées de façon minime, certes, mais significative.
- Son évolution
À la même époque, les théologiens et les dirigeants d’Église cherchèrent de nouveaux moyens d’exprimer l’Évangile afin de tenir compte de l’évolution des courants intellectuels. Ils repensèrent également l’engagement social, héritage de la tradition wesleyenne, en l’adaptant à la société urbaine et industrielle naissante. Ils firent prendre conscience de l’omniprésence du mal et de la nécessité de proclamer la « rédemption sociale » selon la promesse de l’Évangile. Rien d’étonnant, donc, à ce que des théologies qui prônaient un évangile social aient trouvé dans la tradition méthodiste un sol fertile.
Mais ces années apportèrent des controverses éthiques et théologiques au sein du méthodisme, car les nouvelles manières de penser s’opposaient aux thèmes et mentalités traditionnels des deux siècles précédents.
Ces dernières décennies, on a assisté à un regain d’intérêt marqué pour Wesley et pour les traditions classiques de la pensée chrétienne. Ce renouveau s’inscrit dans une vaste redécouverte de la pensée et de la pratique de la Réforme en Europe et en Amérique. L’héritage du protestantisme resurgit ainsi dans le contexte de notre monde moderne. En Amérique du Nord, le réveil évangélique a encore amplifié cette tendance.
Le mouvement œcuménique, pour sa part, a permis une nouvelle appréciation de l’unité, ainsi que de la richesse et de la diversité de l’Église du Christ. La lutte des Noirs pour la liberté, le mouvement pour l’égalité des femmes dans l’Église et dans la société, ainsi que les revendications pour la libération et la recherche de formes autonomes de vie chrétienne dans l’Église ont donné naissance à de nouveaux courants théologiques, partout dans le monde.
Le défi pour les méthodistes consiste à identifier les différents éléments de ces mouvements de renouveau qui mènent à une interprétation crédible et fidèle de l’Évangile et de la mission chrétienne pour notre temps.
La tâche qui consiste à redéfinir la portée de notre tradition wesleyenne dans le contexte de notre monde contemporain va bien au-delà d’une simple réaffirmation ou d’une reformulation des fondements de notre doctrine, bien que celles-ci en fassent également partie. L’essentiel de notre tâche est de retrouver et de renouveler, pour la vie et la mission de l’ensemble de l’Église d’aujourd’hui, l’héritage doctrinal propre au méthodisme qui fait partie, à juste titre, de notre héritage commun en tant que chrétiens.
- Église méthodiste épiscopale.
** Il s’agit des confessions de foi de l’Église primitive, surtout du Symbole des apôtres et de la confession de foi de Nicée-Constantinople.
*** NdT : « Echec à l’antinomianisme » 1771-1777.
**** NdT : « Enseignement théologique » 1833.
Traditions doctrinales de l'«Evangelische Gemeinschaft»* et de la «United Brethren Church»**
*NdT : « Communauté évangélique ».
**NdT : « Les Frères unis en Christ ».
- Approche comparative
Dans l’ensemble, les doctrines de l’« Evangelische Gemeinschaft » de Jakob Albrecht et de la « United Brethren in Christ » de Philipp William Otterbein se développèrent dans le même sens que celles du méthodisme. Les divergences furent causées essentiellement par les différentes traditions ecclésiastiques venant d’Allemagne et de Hollande, ainsi que du calvinisme modéré du catéchisme de Heidelberg.
Dans les communautés germanophones des États-Unis, Albrecht et Otterbein considéraient que l’évangélisation était plus importante que les élucubrations théologiques. Bien qu’ils n’aient pas été indifférents aux questions doctrinales, ils insistaient sur la conversion, la justification par la foi, confirmée par l’expérience de l’assurance du salut, la croissance spirituelle, le sacerdoce universel en tant que ministère commun du témoignage chrétien et du service, ainsi que l’entière sanctification comme objectif de la vie chrétienne.
- Le rapport à la Bible
À l’instar de Wesley, ils tenaient à rappeler que la Bible est la source et la norme fondamentales de l’enseignement chrétien. Otterbein enjoignait à ses disciples de « veiller scrupuleusement à ne prêcher aucun autre enseignement que ceux fondés bibliquement ». Tout nouveau membre devait « confesser qu’il acceptait la Bible comme Parole de Dieu ». Ceux qui étaient ordonnés devaient affirmer sans restriction la pleine autorité de la Bible.
À ces affirmations s’ajoutaient la conviction que les chrétiens convertis étaient habilités par le Saint-Esprit à lire la Bible avec une pleine connaissance chrétienne. Ils reconnaissaient dans ce principe le guide par excellence de l’interprétation de la Bible.
Jakob Albrecht fut mandaté par la Conférence de 1807 pour établir une liste d’articles de foi. Mais il mourut avant d’avoir accompli cette tâche.
- La foi confessée au fil du temps
Georg Müller en assuma alors la responsabilité. Il recommanda à la Conférence de 1809 l’adoption de la traduction allemande des articles de foi méthodistes en y ajoutant un nouvel article, celui « du jugement dernier ». La recommandation fut adoptée. Cet acte confirme le choix délibéré des articles de foi méthodistes comme norme doctrinale. L’article ajouté provenait de la « confession d’Augsbourg »* et concernait un sujet que les articles de foi de l’Église d’Angleterre avaient omis.
En 1816, cinq des vingt-six articles originaux furent supprimés. Ces articles polémiques étaient dirigés contre les catholiques romains, les anabaptistes et les sectaires du 16ème siècle. Cette radiation reflète un étonnant esprit de conciliation dans une période marquée par de vives controverses.
En 1839, de légères modifications furent apportées au texte de 1816. Il fut décidé que « en vertu de la Constitution... les articles de foi devraient être immuables entre nous ».
Dans les années 1870, une proposition de révision des articles déclencha de vifs débats, mais la Conférence de 1875 rejeta catégoriquement cette proposition.
Plus tard, les vingt-et-un articles furent remaniés et réduits à dix-neuf, sans que le contenu ne s’en trouvât modifié pour autant. Ces dix-neuf articles furent repris tels quels lorsque les Églises fusionnèrent pour former la « Evangelical United Brethren Church » en 1946**.
En 1813, Christian Newcomer et Christopher Grosch, des collègues d’Otterbein faisant partie de la « United Brethren in Christ », formulèrent un résumé de l’enseignement doctrinal. Les trois premiers paragraphes suivaient l’ordre de la confession de foi apostolique. Les paragraphes quatre et cinq affirmaient la primauté de la Bible et la proclamation universelle de la « doctrine biblique, ..., de la chute de l’homme en Adam et de sa rédemption par Jésus-Christ ». Un autre paragraphe recommandait « les coutumes établies du baptême et de la commémoration du Seigneur » et acceptait la possibilité liturgique du lavement des pieds.
Lors de la première Conférence générale des « United Brethren in Christ » (1815), ce document légèrement modifié fut accepté comme confession de foi de cette Église. Une autre révision eut lieu en 1841, stipulant qu’aucune nouvelle modification ne serait désormais possible, « que jamais aucune règle ni ordonnance ne soit décidée qui vise à modifier ou annuler la présente confession de foi ». Toutefois, les débats concernant les changements à apporter au texte subsistèrent.
En 1885, une commission de l’Église fut chargée d’« élaborer une formulation de la confession de foi, ainsi qu’une version améliorée des règles fondamentales pour la direction de l’Église, qui, à leur avis, seraient mieux adaptées pour garantir dans l’avenir la croissance et l’efficacité de l’évangélisation du monde ».
Il en résulta le projet d’une nouvelle confession de foi dans l’histoire de la « United Brethren in Christ » qui fut d’abord soumis aux membres de l’Église, puis à la Conférence générale de 1889. Une grande majorité des membres ainsi que la Conférence approuvèrent cette confession de foi. Elle entra en vigueur suite à une « proclamation épiscopale ». Cependant, une minorité s’y opposa, arguant qu’il s’agissait d’une violation de la disposition restrictive de 1841. Une division de l’Église s’ensuivit, qui conduisit à la création de la « United Brethren Church (ancienne forme)».
La confession de foi de 1889 était plus complète que toutes les précédentes car elle contenait des articles concernant la perdition de l’homme, la justification, la nouvelle naissance et l’adoption, la sanctification, le sabbat chrétien et l’accomplissement final. L’article sur la sanctification, bien que bref, reflétait de manière significative la doctrine de la sainteté selon le catéchisme de Heidelberg. La confession de foi de 1889 fut reprise telle quelle lorsque les Églises fusionnèrent pour former la « Evangelical United Brethren Church » en 1946.
*« Confessio Augustana », 1530, la confession doctrinale luthérienne.
**En Europe, la fusion n’eut aucune répercussion, car la « United Brethren Church » avait déjà adhéré à l’Église méthodiste épiscopale en 1905. À cette époque, l’« Evangelische Gemeinschaft » constituait toujours la branche européenne de la « Evangelical United Brethren in Christ »
La confession de foi de l'"Evangelical United Brethren Church"
S’agissant de cette nouvelle Église, son Règlement de l’Église de 1946 comprenait aussi bien les articles de foi de l’« Evangelische Gemeinschaft » que la confession de foi de la « United Brethren in Christ ». Douze ans plus tard, en 1958, la Conférence générale de l’Église unifiée autorisa son conseil des évêques à élaborer une nouvelle confession de foi.
Le projet, de nature plus moderne que ses précédents, contenait seize articles. Il fut soumis à la Conférence générale de 1962 et adopté sans amendement. Dans cette confession de foi, l’article de l’« Evangelische Gemeinschaft » concernant « l’entière sanctification et la perfection chrétienne » réapparaît avec un accent tout particulier. Cette confession de foi remplaça les deux formulations des confessions de foi précédentes et fut reprise telle quelle en 1968 dans le Règlement de l’Église de l’Église Méthodiste Unie.
Fondements doctrinaux de l'Eglise Méthodiste Unie
Dans le plan d’union de l’Église Méthodiste Unie, la préface aux articles de foi méthodistes et à la confession de foi de la « Evangelical United Brethren » explique que les deux confessions de foi ont été acceptées comme norme doctrinale de la nouvelle Église. En outre, il est signalé que les sermons et les notes explicatives de Wesley sont destinés à faire partie des normes établies et en vigueur de notre doctrine, bien que la formulation de la « première disposition restrictive » n’ait jamais été définie formellement. Il est également déclaré que les articles de foi, la confession de foi et les textes doctrinaux de Wesley (sermons et notes explicatives) « étaient forcément convergents, si ce n’est identiques, dans leurs perspectives doctrinales, et qu’ils ne s’opposaient en aucun cas ». Plusieurs décisions successives de la cour juridique vinrent confirmer cette déclaration.
Dans ses dispositions restrictives (art. 17 à 22) la Constitution de l’Église Méthodiste Unie reconnaît la validité tant des articles de foi que de la confession de foi qui, en tant que normes doctrinales, ne peuvent être ni révoqués, ni modifiés, ni remplacés. Ainsi l’élaboration de « nouvelles normes ou dispositions doctrinales » reste limitée. En effet, ces dernières doivent soit être déclarées conformes aux normes en vigueur, soit passer par la procédure complexe d’un amendement constitutionnel.
L’Église Méthodiste Unie a constamment besoin d’un renouvellement de sa doctrine pour garantir un renouveau authentique, une évangélisation féconde et un dialogue œcuménique. Dans ce sens, la redécouverte et la mise à jour de notre héritage doctrinal particulier, provenant à la fois des traditions catholique, évangélique et réformée, sont essentielles*.
Cette tâche exige que nous nous appropriions à nouveau nos propres traditions et que, à l’intérieur de l’Église comme dans le dialogue œcuménique, nous proposions de nouvelles recherches théologiques. Tous les fidèles membres de l’Église sont invités à participer à ces efforts, à s’intéresser réellement à une recherche théologique qui permette de mettre à profit notre héritage pour l’Église que nous aspirons à être.
* La nécessité de comprendre ces articles à la lumière du contexte historique et de ses tendances apparaît dans la « Déclaration d’intention » de 1968 consignée dans le « Book of Resolutions »