Theo Paka
Heidi Schnegg
Avant la Conférence annuelle, toutes les communautés locales avaient été invitées à faire oeuvre créatrice sur le thème de la Conférence. Un total de 16 propositions ont été recueillis et dans ce nombre figure le lauréat du concours. Le prix décerné dimanche à l’issue du culte était précisément le chant composé pour la circonstance par Nicole Becher et Annegret Jende de Frauenfeld-Weinfelden : « Ensemble, nous sommes forts ».
Dans le refrain, il est dit : «Ensemble, nous sommes forts, ensemble, nous sommes bigarrés. Célébrez, riez et chantez, alors tout ira pour le mieux. Ensemble, nous sommes vieux, ensemble, nous sommes jeunes, parce que Dieu ne nous donne vraiment de l’élan que quand nous sommes ensemble. Ensemble, nous sommes forts! » Avec un telle chanson comme avec d’autres, les délégués ont loué Dieu.
Dans sa prédication, Théo Paka, pasteur à St-Imier, est parti de la présentation de Jésus au Temple (Luc 2,25 à 33) pour évoquer l’interaction entre plusieurs générations.
En plus de la jeune famille, il y avait le vieux Siméon. Trois générations se trouvaient réunies, comme dans nos églises locales.
Théo Paka a demandé comment ces trois générations pouvaient former une communauté dans le respect mutuel. Comme Jésus était le point de mire de tous dans cette scène de présentation au Temple, il se permet la question: « Qui est Jésus pour nous? »
En ces circonstances, le vieux Siméon énonce une grande promesse à l’intention de la jeune famille, d’où la question que Théo Paka pose aux jeunes: «comment considérez-vous les aînés? » A ses yeux, les personnes âgées sont en mesure d’inspirer les plus jeunes par la richesse de leur expérience: « ils peuvent inspirer la jeunesse en partageant leurs expériences passées, ce qui les fait vibrer, leur confiance et leur amour ». Ils peuvent également promouvoir d’une manière significative la foi des plus jeunes en encourageant le contact avec le Créateur.
Aux plus âgés, il demande : «La présence des enfants et des jeunes a quel effet sur vous ? » Les jeunes symbolisent ce qui est nouveau et motivent aussi la joie : « Les jeunes sont pleins d’élan et d’aspirations, ils ont de la force, des idéaux ; ils veulent faire quelque chose, ont besoin de créer. Mais il leur manque parfois l’expérience et des modèles qui les inspirent ».
En guise de conclusion, Théo Paka laisse entendre que, même si leurs regards sont différents, les différentes générations sont en mesure de collaborer, de se respecter et de s’estimer mutuellement.
Heidi Schnegg-Geiser et Theo Packa terminent ce culte par un temps de prière et de bénédiction.
Heidi Schnegg-Geiser
La prédication
Interaction entre les générations
par le pasteur Théo Paka
Luc 2.25-33
Il y avait alors à Jérusalem un certain Siméon. Cet homme était droit ; il respectait Dieu et attendait celui qui devait sauver Israël. Le Saint-Esprit était avec lui et lui avait appris qu'il ne mourrait pas avant d'avoir vu le Messie envoyé par le Seigneur. Guidé par l'Esprit, Siméon alla dans le temple. Quand les parents de Jésus amenèrent leur petit enfant afin d'accomplir pour lui ce que demandait la loi, Siméon le prit dans ses bras et remercia Dieu en disant :
« Maintenant, Seigneur, tu as réalisé ta promesse :
tu peux laisser ton serviteur mourir en paix.
Car j'ai vu de mes propres yeux ton salut,
ce salut que tu as préparé devant tous les peuples :
c'est la lumière qui te fera connaître aux nations du monde
et qui sera la gloire d'Israël, ton peuple. »
La prophétie de Siméon
Le père et la mère de Jésus étaient tout étonnés de ce que Siméon disait de lui.
Pasteur Théo Paka
Deux rites motivent cette visite au temple:
Marie doit se purifier après son accouchement (Lév 12, 8)
- Jésus, comme tout 1er né, doit être consacré à Dieu (Ex 13, 1)
Et il y a Siméon, un homme de Dieu: le Saint-Esprit était avec lui et lui avait même appris qu’il ne mourrait pas avant d’avoir vu l’envoyé de Dieu qui devait sauver son peuple.
Il a attendu longtemps que cette promesse se réalise…mais sa proximité avec Dieu le rend capable de Le remercier et de se réjouir de voir l’enfant Jésus de ses propres yeux.
Si on pouvait seulement photographier cette rencontre que le Saint Esprit rend possible dans le temple ! On verrait Joseph, sa jeune épouse Marie, l’enfant Jésus et le vieillard Siméon. Avez–vous remarqué le nombre de générations sur l’image ? Il y en a trois : celles des enfants, parents et grands-parents. Ces différentes tranches d’âge se retrouvent aussi dans l’église, dans la famille spirituelle du Christ, ce corps dont nous faisons partie.
Comment l’engagement des jeunes aux côtés des aînés peut-il être source de changements bénéfiques pour l’église ? Comment peuvent-ils s’aimer, manifester respect et estime réciproques pour qu’il y ait à la fois continuité et nouveauté de vie ?
Tout d’abord, sur la « photo du temple », on remarque que l’enfant Jésus est le centre de l’attention de toutes les générations représentées. Le vieux Siméon dit de Lui (Luc 2, 32) qu’il est la lumière qui fera connaître Dieu aux nations du monde.
Qui est Jésus pour nous ? Il est Celui qui nous permet de recevoir l’Esprit Saint promis par Dieu depuis longtemps qui nous rend attentif à notre prochain. Se tourner tous ensemble vers le Christ, c’est nous rappeler que « c’est par l’amour que nous avons les uns envers les autres que tous reconnaîtront que nous sommes Ses disciples » (Jean 13,35)
Ensuite, on constate que Siméon apporte une prophétie au jeune couple venu au temple, une parole forte qui va les accompagner. Cela nous amène à évoquer le rôle des aînés dans la société et dans l’église.
Les jeunes sont pleins d’élan et d’aspirations, ils ont de la force, des idéaux ; ils veulent faire quelque chose, ont besoin de créer. Mais il leur manque parfois l’expérience et des modèles qui les inspirent, ils n’ont aucune idée des aventures dans lesquelles leurs désirs vont les entraîner.
Vous les jeunes, quels regards portez-vous sur les aînés ? « La vieillesse, c’est encombrant », disait Marguerite dans le film de Jean Becker « La tête en friche ». Les propositions des aînés sont-elles dépassées ? Que peuvent-ils encore apporter ?
- Le film que j’ai cité raconte une magnifique histoire d’amitié. Germain, la cinquantaine, presque analphabète, a une vie ordinaire. Quand il rencontre au jardin public Marguerite, une vielle dame très cultivée, chaleureuse et simple, il est loin de s’imaginer de quoi il va être capable. Grâce à son exemple et à ses encouragements, Marguerite le fait entrer dans le monde des livres et des mots et cela va bouleverser la vie de Germain.
- Un autre exemple est celui d’une vieille femme bulgare qui, il y a près de 90 ans de cela, avait décidé d’aller à l’école pour apprendre à lire et à écrire. L’instituteur du petit village avait accepté d’accéder à son désir, mais je vous laisse imaginer les réactions des enfants devant cette vieille dame assise avec eux sur les bancs de l’école ! Ils lui faisaient « des misères »… Mais elle ne se fâchait pas et leur apportait de petits cadeaux. Si bien qu’au bout de quelque temps, les enfants ne se moquaient plus d’elle, et ils s’étaient mis à l’aimer. Un jour où elle avait pris froid et n’avait pu se rendre à l’école, tous les enfants s’étaient déplacés chez elle pour la supplier de guérir et de revenir rapidement. Ils ne voulaient pas étudier sans elle.
On voit donc que les aînés ont encore un rôle essentiel à jouer puisqu’ils peuvent inspirer la jeunesse en partageant leurs expériences passées, ce qui les fait vibrer, leur confiance et leur amour. Sur le plan spirituel aussi, ils peuvent favoriser le développement de la foi chez les jeunes, leur insuffler l’idée d’un Créateur, la nécessité de garder un lien avec Lui dans la vie de tous les jours dans lequel puiser force, courage et vision. Salomon devenu vieux regrettait de l’avoir trop souvent oublié en disant : « Et souviens-toi de ton créateur aux jours de ta jeunesse avant qu’arrivent les mauvais jours et que viennent les années dont tu diras : je ne les aime pas » (Eccl 12, 2). Les aînés peuvent guider les jeunes, les encourager à avancer sur le chemin de Dieu, à apprendre de Lui, leur donner envie de mettre tous leurs atouts à Son service. D’ailleurs, c’est ce à quoi l’apôtre Paul appelle les anciens: « Vous, parents, ne révoltez pas vos enfants, mais élevez-les en leur donnant une éducation et des avertissements inspirés par le Seigneur » (Eph 6,4).
Je pose maintenant la question aux aînés : Que vous inspire la présence des enfants et des jeunes dans vos lieux de vie et vos paroisses ?
Un bel exemple d’ouverture m’a récemment été donné par une personne de notre communauté : depuis quelques temps, en effet, la Béthania a décidé de réfléchir sur sa vie d’église dans l’espoir de trouver des perspectives nouvelles pour l’avenir. Il y a trois semaines, l’équipe chargée de préparer et de conduire ces échanges s’est retrouvée pour la 1ère fois. A l’issue de cette rencontre, une sœur retraitée m’a confié : « Quand je sens la motivation des jeunes présents dans cette équipe, je me réjouis et je me dis que la Béthania va continuer ».
Les aînés capables de se réjouir de la présence des plus jeunes, parce qu’elle symbolise à la fois l’espoir dans l’avenir et la nouveauté dans nos habitudes, sont comme le vieux Siméon qui remercie Dieu pour Jésus venu apporter aux hommes la pleine lumière du Seigneur.
Les générations peuvent donc collaborer, se respecter et s’estimer mutuellement malgré des regards différents. Les aînés ont fait leur part, il revient maintenant aux jeunes d’aller plus loin, mais jamais seuls, toujours en lien avec ceux qui les ont précédé.
L’église est intergénérationnelle, telle une « forêt jardinée » qui a du charme parce que les arbres qui la composent sont d’âges différents. Elle est une source de revenu pour le forestier parce qu’elle garantit des coupes et la vente de bois sur le long terme. Nous aussi, nous poussons côte à côte dans la forêt dont le Seigneur prend soin et cela est une vraie richesse pour aujourd’hui et pour demain. Ainsi soit-il !
Théodore Paka