Déclaration de l’évêque Bruce Ough après son élection et réactions de Good News


L’évêque Bruce R. Ough. Photo de Mike DuBose, UMNS

Deux jours après le lancement de la Conférence générale de l’Église évangélique méthodiste, le jeudi 12 mai, l’évêque Bruce R. Ough du diocèse de Dakota-Minnesota a été officiellement installé dans ses fonctions de président du Conseil des évêques, une charge qu’il occupera pendant les deux ans à venir. A cette occasion, il a prononcé le discours suivant que l’UMReporter a retranscrit intégralement. Nous le faisons suivre de la réaction de Good News, un caucus de tendance évangélique, fort influent au sein de l’Église méthodiste (UMC - EMU - EEM).

Transcription: Déclaration de l’évêque Bruce Ough, président du Conseil des évêques (le 17 mai 2016)

Je commence par un bref récit autobiographique. La veille de Noël 1973, ma famille et moi-même, nous sommes retournés à la maison pour trouver mon frère de 20 ans resté à la maison avec un rhume et après une crise cardiaque. Son état s’est stabilisé à l'hôpital local. Quelques jours plus tard, il a été transporté par avion sanitaire à la Mayo Clinic à Rochester, Minnesota.

Et là, les médecins ont pratiqué une opération à cœur ouvert. Quand ils ont ouvert son cœur, ils ont découvert qu'il était gravement malade, probablement d'un cas non diagnostiqué de fièvre rhumatismale. Les médecins ne pouvant rien faire, ils ont recousu sa poitrine. Deux jours plus tard, il a eu une autre crise cardiaque. Il avait des difficultés à respirer et a été mis sous ventilateur.

Ensuite, ses reins ont cessé de fonctionner et il a été mis sous dialyse. Mon frère, Greg, était en train de mourir. Le jour de décision est arrivé. Mes parents accablés par le chagrin et par des sentiments de culpabilité injustifiés ont été pétrifiés. C’est ainsi qu’à l'âge de 23 ans j’ai dû prendre la décision d'éteindre les machines gardant mon frère en vie.

Mon frère est mort d'un cœur malade, mais mon cœur était brisé. Je sais ce que c’est que d'avoir un cœur brisé. Ce que ça fait d'avoir un cœur brisé. Beaucoup d'entre vous savent ce que c’est d'avoir un cœur brisé.

Je me tiens devant vous aujourd'hui, au nom de mes collègues de l'épiscopat, pour vous dire que j’ai un cœur brisé - que, collectivement, nous avons un cœur brisé. Nos cœurs se brisent sur la douleur, la méfiance, la colère, l'anxiété et la désunion que nous observons et dont nous faisons l’expérience au sein de notre bien-aimée Eglise méthodiste unie.

Cette cassure est centrée sur les questions de la sexualité humaine, l'interprétation de l'Écriture, l'inclusion de nos frères et sœurs LGBT, sombrant tous dans le désespoir devant le déclin de l'Église en Amérique du Nord. Nos cœurs brisés, et la claire perception que nous, vos évêques, nous sommes chargés de la supervision temporelle et spirituelle de l'Église, nous ont fait tomber à genoux dans la prière et dans d’intenses conversations saintes avec nous-mêmes et d'autres pour examiner comment maintenir l'unité et apporter la guérison à l'Église.

Avant notre arrivée à Portland, et certainement depuis que nous sommes réunis à la Conférence générale, nous avons été en dialogue avec les principales voix de divers groupes, les délégations de nos Conférence et les responsables de la Conférence générale. Nous avons cherché à bien comprendre les différents points de vue et positions en présence. Nous avons été à l'écoute et en prière à suivre activement l’action de l'Esprit Saint.

Nous avons pris le risque d’explorer ce que beaucoup considèrent comme de nouvelles façons radicales d’organiser l'Église méthodiste unie selon des valeurs et des convictions différentes (d’un groupe à l’autre) et profondément ancrées. À la fois, les voix les plus conservatrices et les plus progressistes ont émis des idées à l'attention du Conseil. Nous ne nous inquiétons pas du niveau de vulnérabilité et d'humilité requise de quiconque est prêt à engager de nouvelles idées.

Il est difficile d'avoir ce niveau de ‘conférence chrétienne’ dans l’environnement de la Conférence générale anxiogène et limité dans le temps. Des organisations soumises à la méfiance et à l’anxiété ont de la difficulté à accorder de l’espace et du temps à chacun. Je le reconnais ! Il ressort des médias sociaux que nos conversations ont involontairement contribué à générer de l'inquiétude à cette Conférence générale. Je présente mes excuses sincères pour cela.

Comme bergers de l'ensemble du troupeau, le Conseil des évêques est déterminé à maintenir l'unité de l'Église méthodiste unie. Pas une unité superficielle pour servir de placage sur notre douleur et notre désunion, mais une unité authentique née de l'Esprit Saint; une unité qui n'a pas peur de la vérité et qui est respectueuse de tous. Alors même que nous en appelons à l'unité de l'Église dans son entier, nous confessons que notre Conseil n’est pas uni.

Ce travail commence par nous-même et nous l’avons reconnu. Nous n’avançons ni ne préconisons de plan de séparation ni de réorganisation de la dénomination. Nous comprenons clairement et respectons la prérogative constitutionnelle de ce corps à proposer et à agir sur la législation. Comme vos présidents, nous nous sommes engagés à permettre à ce corps, par la grâce de Dieu, de remplir votre fonction législative.

Dans le même temps, nous restons ouverts à des façons nouvelles et novatrices d’être dans l'unité. Nous allons rester en dialogue entre les uns et les autres sur la façon dont Dieu peut nous conduire à la découverte de nouveaux commencements, de nouvelles expressions, de nouvelles structures pour notre mission et notre témoignage méthodiste uni. Une grande partie de ce que nous sommes et de la manière dont nous sommes en mission ensemble s’avère positif.

L’évêque Palmer a témoigné de cette réalité dans son puissant discours épiscopal. Et une grande partie de ce que nous sommes et de la manière dont nous sommes dans le ministère ensemble doit s’adapter aux nouvelles réalités. De nombreuses voix pensent que nous sommes hors du temps. Cela peut être le moment pour nous de laisser l'imagination illimitée de Dieu nous conduire à imaginer une nouvelle manière d'être Église.

Viens, Esprit Saint, brise, libère, ravive et renouvelle notre mouvement et connexion méthodistes unis. Soigne nos cœurs brisés. Rappelle-nous à être ensemble ton troupeau !

Chers amis, nous appartenons à Dieu et nous nous appartenons les uns aux autres. Je vous exhorte, comme nous y avons été encouragés cette semaine, à vous joindre à vos évêques, à vous revêtir le vêtement de la grâce, à marcher humblement avec les uns et les autres et à rendre justice à tous.

Nous partageons un patrimoine commun et une règle commune de vie - ne pas nuire, faire le bien et rester dans l'amour avec Dieu. Redoublons nos efforts pour maintenir l'unité de l'Esprit par le lien de la paix. Car il y a un seul corps, un seul Esprit, un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu, qui est au-dessus de tous, par tous et en tous.

Nous vous remercions de votre courtoisie.

Évêque Bruce R. Ough

Président du Conseil des évêques

L’Église méthodiste unie


Déclaration de Good News en réponse à l’évêque Bruce Ough

Nous croyons que l'espérance du monde est ce que Jésus Christ fait à travers l'église locale. Au mieux, l’Église méthodiste unie, avec son message de grâce et de vérité, est utilisée puissamment par Dieu pour transformer des vies et des communautés.

Reconnaître que notre dénomination est brisée, divisée, et dysfonctionnelle nous touche énormément, mais c’est une réalité et il faut l’admettre. Il aurait fallu applaudir la déclaration de l’évêque Bruce Ough le matin de la Conférence générale pour sa droiture et son honnêteté, mais elle a également été une cause de tristesse et de déception. Sa confession, comme quoi le Conseil des évêques était divisé et incapable de fournir le leadership dont nous avions besoin pour être une Église unie et dynamique est une autre indication de la gravité de notre dysfonctionnement.

C’est particulièrement décourageant, - étant donné que nous avons débattu des questions concernant la sexualité humaine depuis plus de 40 ans -, d'apprendre que le Conseil n'a pas fait le travail nécessaire pour exercer le leadership dont l’Église a besoin et qu’elle mérite à ce moment. Nous avions espéré et prié que le Conseil exerce l’autorité morale et la prise de risque que ce moment désespéré exige.

Nous avons peur de devoir constater que la Conférence générale assombrie à la fin par des incidents risquant d'entraîner des troubles ou des divisions, puis que les années à venir soient des années de chaos et de dommages. Cette évolution est bien plus que le résultat de vues différentes défendues au sein de l'Église. Elle est le fruit d'un leadership défaillant.

Nous sommes reconnaissants au Conseil d’avoir enfin commencé à parler de la profondeur de nos divisions et peut-être d'avoir le genre de conversations que nous aurions dû avoir au cours des dix dernières années. Nous prions pour que ces conversations soient fructueuses et nous permettent d’aller de l’avant.

Good News et nos alliés ont fait des propositions de loi à cette Conférence générale qui permettent de rétablir notre intégrité et notre responsabilité vis-à-vis de notre alliance. La plupart de ces propositions de loi ont été approuvées par les commissions législatives et nous nous attendons à les voir adoptées par l'ensemble de la Conférence et devenir la loi de l’Église. Bien que nos avis soient partagés, à l’avenir nous cheminerons ensemble en suivant les positions et les pratiques de l’Église que nous aurons acceptées.

Nous sommes reconnaissants d’être une Église mondiale qui se développe là où l'Evangile est fidèlement proclamé et vécu. Nous demeurons résolument attachés à une pratique dynamique et fidèle de l'orthodoxie wesleyenne qui honore les Écritures et proclame Jésus-Christ comme Seigneur. Nous allons continuer à travailler pour un avenir synonyme de fidélité pour les gens appelés méthodistes et nous serons assez audacieux pour croire que Dieu va donc faire en sorte que nos meilleurs jours soient encore à venir.

17 mai 2016

Traduction eemni

umreporter      methodistcrossroads.org