Sa foi
Notre mandat théologique
La nature de notre mandat théologique - Lignes directrices de la théologie: sources et critères - La Bible | La signification de l’Ecriture Sainte - La tradition | L'expérience | La raison - Le défi actuel pour le travail théologique dans l'Eglise - L'engagement oecuménique
Notre mandat théologique
La théologie est notre effort de réflexion concernant la grâce de Dieu dans notre vie. En réponse à l’amour du Christ, nous souhaitons une relation plus intime avec « celui qui a commencé et accompli notre foi » (Hébreux 12.2). Notre recherche théologique a pour but d’exprimer la réalité mystérieuse de la présence de Dieu, de sa paix, de sa puissance, et de son amour dans le monde. Car si nous réussissons à mieux formuler la rencontre entre Dieu et l’homme, nous n’en serons que mieux placés pour participer à l’action de Dieu dans le monde.
Le mandat théologique, bien qu’il soit lié aux formulations doctrinales de l’Église, sert un but différent. Certes, ces affirmations doctrinales nous aident à reconnaître la vérité chrétienne dans un monde en perpétuel changement. Le mandat théologique englobe l’examen, le renouvellement, l’élaboration et l’application de nos connaissances théologiques et nous permet d’exécuter notre vocation « en répandant sur toute la terre la sanctification scripturaire ».
Ainsi donc, bien que l’Église considère ses formulations doctrinales comme un élément fondamental de son identité et qu’elle restreigne tout changement officiel en le soumettant à la procédure constitutionnelle, elle encourage à un sérieux travail de réflexion sur la théologie dans son ensemble.
En tant que méthodistes, nous sommes appelés à prendre au sérieux les besoins des individus comme ceux de la société et d’y répondre de manière claire, convaincante et efficace en puisant aux sources de la foi chrétienne. La théologie est utile à l’Église dans la mesure où elle lui expose les besoins et les défis de l’humanité et interprète l’Évangile pour le monde.
La nature de notre mandat théologique
Notre mandat théologique est à la fois critique et constructif. Il est critique dans le sens où il nous oblige à examiner différentes expressions de la foi et à nous demander : « Sont-elles vraies, appropriées, claires, convaincantes, crédibles ? Sont-elles basées sur l’amour ? Sont-elles pour l’Église et pour ses membres un témoignage de foi conforme à l’Évangile, reflétant notre héritage vivant, un témoignage authentique et convaincant par rapport à l’expérience et à l’état actuel de la connaissance humaine ? »
Notre mandat théologique est constructif parce que chaque génération doit faire preuve de créativité pour s’approprier l’expérience du passé. Chaque génération doit réfléchir à nouveau sur la présence de Dieu, la révélation, le péché, la rédemption, le culte, l’Église, la liberté, la justice, la responsabilité morale et d’autres thèmes théologiques importants, afin de mieux comprendre et recevoir les promesses de l’Évangile dans nos temps troublés et incertains.
Notre mandat théologique est à la fois individuel et communautaire. Il caractérise le ministère de chaque chrétien individuellement, mais il exige aussi l’engagement de chacun dans l’Église, laïque ou ordonné, parce que la mission de l’Église est accomplie par tous ceux qui sont appelés à être disciples. Les croyants brûlent d’un ardent désir de comprendre la vérité qui nous est donnée en Jésus-Christ.
La réflexion théologique est importante et ne saurait être une tâche accessoire. Elle exige une discipline soutenue dans l’étude, la réflexion et la prière.
Reconnaître une « vérité simple pour des gens simples » n’est pas l’apanage des théologiens. Tous les chrétiens sont appelés à la réflexion théologique. Le rôle des érudits est d’aider le peuple de Dieu à accomplir cette vocation.
- 50 -Notre mandat théologique est communautaire : il se concrétise par un dialogue ouvert aux expériences, à la connaissance, aux traditions de tous les groupements qui font partie de notre Église.
Ce dialogue fait partie de la vie de toute communauté. Il est soutenu et encouragé par les laïques et les membres du corps pastoral, les évêques, les agences, commissions et instituts théologiques de l’Église.
Pour les décisions officielles, les Conférences, à leurs niveaux respectifs, parlent et agissent au nom des méthodistes. Le mode représentatif et conciliant de nos prises de décision ne diminue en rien la part de responsabilité qu’a chaque méthodiste de se faire une opinion théologique claire.
Notre mandat théologique est contextuel et incarné. Il est fondé sur la suprématie de la révélation personnelle de Dieu en Jésus-Christ. La Parole éternelle de Dieu est devenue chair à un moment donné et un endroit précis, en s’identifiant totalement à l’humanité. Notre réflexion théologique reçoit ainsi sa force du fait que l’incarnation de Dieu nous concerne réellement et nous pousse à nous impliquer dans la vie quotidienne de l’Église et du monde, afin de participer à l’action libératrice et salvatrice de Dieu.
Notre mandat théologique est essentiellement pratique. Il aide chacun dans ses décisions quotidiennes et il est utile à la vie et au travail de l’Église. Si les modes de réflexion purement théoriques peuvent apporter une contribution importante à la compréhension théologique, leur véridicité se mesure finalement dans la pratique. Il est important pour nous d’intégrer les promesses et les exigences de l’Évangile dans notre vie quotidienne.
La recherche théologique peut clarifier nos pensées en vue de ce que nous avons à dire et à faire. Elle nous oblige à être attentifs au monde qui nous entoure.
La terrible réalité des souffrances humaines, les menaces auxquelles tout être vivant est exposé, les atteintes à la dignité humaine, tout cela fait que nous sommes sans cesse confrontés aux thèmes théologiques fondamentaux : la nature et l’action de Dieu, les relations humaines, la compréhension de la liberté et de la responsabilité humaines, la sauvegarde et l’utilisation respectueuse de la création.
Lignes directrices de la théologie: sources et critères
La Bible | La tradition | L'expérience | La raison
En tant qu’Église Méthodiste Unie, nous avons l’obligation de rendre un témoignage crédible et authentique de Jésus-Christ, réalité vivante au sein de l’Église. Pour ce faire, nous jetons un regard critique sur notre héritage biblique et théologique car nous voulons rendre, dans notre temps, un témoignage fidèle à la vérité.
Cet effort implique une double réflexion : de quelles sources nos déclarations théologiques proviennent-elles et quels sont les critères qui déterminent notre compréhension et notre témoignage ?
La Bible
Wesley était persuadé que l’essentiel de la foi chrétienne est révélé dans la Bible, éclairé par la tradition, vivifié par l’expérience personnelle et confirmé par la raison.
L’Écriture prime parce qu’elle révèle la Parole de Dieu « dans la mesure où elle est nécessaire à notre salut ». C’est pourquoi, notre mandat théologique, tant dans son aspect critique que constructif, se concentre avant tout sur une étude consciencieuse de la Bible.
Nous partageons avec d’autres chrétiens la conviction que la Bible est la principale source et le critère fondamental de la doctrine chrétienne. Par la Bible, le Christ vivant vient à notre rencontre et nous faisons l’expérience de sa grâce rédemptrice. Nous avons la conviction que Jésus-Christ est la Parole vivante de Dieu au milieu de nous ; c’est à Lui que va notre confiance dans la vie et dans la mort.
Les auteurs de la Bible, éclairés par le Saint-Esprit, témoignent que le monde est réconcilié avec Dieu par le Christ. De son côté, la Bible témoigne de la manifestation de Dieu dans la vie, la mort et la résurrection de Jésus-Christ, mais aussi dans l’œuvre créatrice de Dieu, dans la pérégrination d’Israël et dans la pérennité de l’action du Saint-Esprit dans l’histoire de l’humanité.
En ouvrant nos cœurs et nos esprits à la Parole de Dieu, exprimée sous forme de paroles humaines inspirées par le Saint-Esprit, notre foi naît et grandit, notre compréhension s’approfondit et des possibilités de transformer le monde se révèlent à nous.
Pour les chrétiens, la Bible est le canon des Saintes Écritures, dûment reconnu comme tel par les conciles œcuméniques de l’Église ancienne. Nos normes doctrinales reconnaissent un canon de 39 livres pour l’Ancien Testament et de 27 livres pour le Nouveau Testament.
- 52 -Elles établissent la Bible comme source de « tout ce qui est nécessaire et suffisant au salut », et « que nous recevons par le Saint-Esprit pour nous guider dans notre foi et dans notre vie. »38
C’est au sein de la communauté des croyants, instruits par la tradition, que nous pouvons comprendre correctement les Écritures. Nous interprétons des textes isolés en les étudiant à la lumière du témoignage de la Bible pris dans son ensemble.
À cet effet, les études des théologiens et nos connaissances personnelles nous aident, sous la conduite du Saint-Esprit. Ainsi, chaque fois que nous travaillons sur un texte, nous tenons compte de ce que nous avons appris au sujet du contexte historique et de l’intention originelle du texte. C’est dans cet esprit que nous prenons en considération les études approfondies concernant les recherches historiques, littéraires et textuelles qui se sont manifestées à notre époque. Elles enrichissent notre compréhension de la Bible.
Par une lecture aussi consciencieuse des Écritures, nous pouvons reconnaître la vérité du message biblique et sa portée pour nos propres vies et pour la vie du monde. La Bible est aussi bien la source de notre foi que le critère fondamental qui nous permet de juger la vérité et la fidélité de toute affirmation concernant la foi.
Même si nous reconnaissons la primauté de la Bible dans notre réflexion théologique, nos efforts pour saisir sa signification incluent toujours la tradition, l’expérience et la raison. Celles-ci peuvent également, comme la Bible, devenir des outils créatifs du Saint-Esprit au sein de l’Église. Elles animent notre foi, ouvrent nos yeux au miracle de l’amour de Dieu et éclairent notre compréhension.
Étant donné notre héritage wesleyen, marqué par le caractère catholique et réformé de la chrétienté anglaise, c’est consciemment que nous utilisons ces trois sources pour interpréter la Bible et pour formuler notre foi sur la base du témoignage biblique : nous les considérons comme indispensables.
Au demeurant, l’étroite relation entre tradition, expérience et raison apparaît dans la Bible elle- même. Les Écritures témoignent d’une diversité de traditions, dont certaines reflètent les conflits d’interprétation au sein de l’héritage judéo-chrétien naissant. Toutefois, dans la Bible, ces traditions sont tellement imbriquées qu’elles laissent apparaître l’unité fondamentale de la révélation de Dieu, telle qu’elle a été reçue et vécue par les humains, aussi différents soient-ils.
De ce fait, les communautés de foi naissantes considéraient ces traditions comme le témoignage déterminant de cette révélation. En reconnaissant la corrélation et le caractère indissociable de ces quatre sources fondamentales pour la compréhension théologique, nous ne faisons que suivre un modèle, présent dans le texte biblique lui-même.
La tradition
Pour soutenir son étude de la Bible et approfondir son entendement de la foi, Wesley a puisé dans la tradition chrétienne, en particulier dans les écrits des pères de l’Église, dans les confessions de foi œcuméniques, dans l’enseignement des réformateurs et dans la littérature d’édification contemporaine.
La tradition devient ainsi source et mesure d’un témoignage chrétien véritable, bien que son autorité dépende de sa fidélité au message biblique.
Ces traditions se retrouvent dans de nombreuses cultures à travers le monde. Mais l’histoire de la chrétienté comprend aussi un mélange d’ignorance, de zèle dévoyé et de péché. C’est pourquoi l’Écriture reste la norme de toutes les traditions.
La signification fondamentale de la tradition se reflète dans l’histoire de l’Église, dans l’action incessante de l’Esprit de Dieu qui transforme des vies humaines. La tradition représente la constance de la grâce agissante dans et par laquelle vivent tous les chrétiens : l’amour de Dieu qui s’est manifesté et donné en Jésus-Christ. Ainsi comprise, elle va au-delà de l’histoire des différentes traditions.
Selon cette acception de la tradition, nous admettons que tous les chrétiens ont une histoire commune. Dans ce contexte, la tradition chrétienne précède les Écritures et pourtant la Bible devient le point de mire de toute tradition. Pour accomplir notre mandat théologique, nous, méthodistes, restons ouverts à la richesse que nous offrent l’expression et la force de la tradition.
Quant à la diversité des traditions particulières, elle constitue une source variée de réflexion et d’expression théologiques. Étant donné le fondement historique de notre héritage doctrinal et l’aspect spécifique de notre vie communautaire, nous, méthodistes, accordons une plus grande importance à certains courants de la tradition.
De nos jours nous avons à relever le défi qui nous est lancé par les traditions qui nous viennent du monde entier et qui soulignent les aspects de la compréhension chrétienne générés par les souffrances et les victoires des opprimés. Ces traditions nous permettent de redécouvrir le témoignage biblique de l’engagement particulier de Dieu pour les pauvres, les handicapés, les prisonniers, les opprimés et les exclus de notre société. C’est en eux que nous rencontrons la présence vivante de Jésus-Christ.
Ces traditions mettent l’accent sur l’égalité de tous les humains en Jésus-Christ. Elles soulignent le fait que l’Évangile peut nous libérer, nous faire découvrir la diversité des cultures humaines et en apprécier les valeurs. Elles renforcent notre compréhension traditionnelle selon laquelle justice sociale et salut personnel sont indissociables. Elles nous confortent dans notre engagement pour la paix dans le monde.
Un examen critique de ces traditions peut nous amener à reconsidérer les idées que nous nous faisons de Dieu, à accroître notre confiance en son amour prévenant et à élargir notre perception du « shalom ».
La tradition sert de mesure à la validité et à la pertinence de la foi dans l’Église, pour autant qu’elle représente un consensus dans la foi. Les diverses traditions auxquelles nous sommes confrontés aujourd’hui peuvent comporter des conceptions et points de vue contradictoires sur ce qui est vrai et valable. Nous examinons ces contradictions à la lumière de la Bible et procédons à leur analyse critique en nous référant à la doctrine enseignée par notre Église.
Tout en demeurant ouverts aux nouvelles formes d’identité chrétienne, nous utilisons nos normes doctrinales pour nous situer, veillant à rester fidèles à la foi apostolique.
Mais dans le même temps, nous interprétons l’ensemble des nombreuses traditions chrétiennes comme l’histoire même de la grâce de Dieu par laquelle les chrétiens se reconnaissent et s’acceptent réciproquement dans l’amour.
L'expérience
Le témoignage chrétien, même s’il est fondé sur les Écritures et transmis par la tradition, reste sans effet s’il n’est pas compris et assimilé par l’individu. Pour devenir notre témoignage, il doit faire sens et se réaliser dans notre pensée et notre expérience personnelles.
Notre mandat théologique nous invite à suivre la pratique de Wesley consistant à vérifier si notre expérience personnelle et communautaire confirme l’efficacité de la grâce de Dieu telle qu’elle est attestée dans la Bible.
- 54 -Notre expérience se vit en corrélation avec les Écritures. Nous lisons la Bible à la lumière des situations et des événements qui nous aident à devenir ce que nous sommes, et nous interprétons nos expériences en nous fondant sur le témoignage biblique.
Toute expérience spirituelle influence d’une manière générale l’expérience humaine et à l’inverse toute expérience humaine influence notre compréhension de l’expérience spirituelle.
Or, l’expérience est à l’individu ce que la tradition est à l’Église : c’est le fait de s’approprier la grâce de Dieu qui pardonne et qui vivifie. L’expérience authentifie dans nos vies la vérité révélée par la Bible et éclairée par la tradition, nous permettant ainsi de faire nôtre le témoignage chrétien.
Wesley décrivait l’assurance de la foi comme une assurance et confiance certaines en la grâce de Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ et comme l’espérance inébranlable de recevoir toute bonne chose de la main de Dieu. Cette certitude est le don gracieux de Dieu reçu par le témoignage du Saint-Esprit.
La « vie nouvelle en Christ » est ce que nous, chrétiens méthodistes, entendons lorsque nous parlons de « l’expérience chrétienne ». Elle nous donne un regard nouveau pour reconnaître dans la Bible, la vérité vivante. Elle confirme la valeur du message biblique pour nous aujourd’hui. Elle éclaire notre compréhension de Dieu et de la création et nous enjoint à avoir un jugement éthique qui tienne compte des problèmes et des circonstances.
Même si l’expérience chrétienne est avant tout personnelle, elle comporte également une dimension communautaire ; en effet, notre mandat théologique est aussi déterminé par l’expérience de l’Église et par l’expérience humaine en général. Dans nos efforts pour comprendre le message biblique, nous sommes amenés à reconnaître que le don de l’amour libérateur de Dieu englobe l’ensemble de la création.
Certains aspects de l’expérience humaine mettent notre compréhension théologique à rude épreuve. Nombreux sont les membres du peuple de Dieu qui vivent dans la terreur, la faim, l’isolement et l’avilissement. Une réflexion théologique sérieuse doit aussi prendre en compte l’expérience quotidienne de la naissance et de la mort, de la croissance et de la vie dans la création ainsi que le contexte plus vaste des interactions sociales.
C’est dans la mesure où nous arrivons à intégrer ces expériences que nous apprenons à mieux nous approprier les vérités bibliques et à mieux apprécier la bonne nouvelle du royaume de Dieu.
En tant que source de réflexion théologique, l’expérience, dans sa grande variété, nous stimule, tout comme la tradition, à repenser sans cesse toute la richesse des promesses de l’Évangile. Nous interprétons l’expérience à la lumière de la norme biblique tout comme notre expérience influence notre lecture du message biblique. Dans cette perspective, la Bible reste au centre de nos efforts pour communiquer de manière crédible notre témoignage chrétien.
La raison
Wesley pensait que pour présenter la foi chrétienne d’une manière convaincante, il était indispensable de faire usage de la raison. Ce n’est qu’ainsi que la Bible devient compréhensible et que son message peut s’étendre à d’autres domaines du savoir. Il cherchait à confirmer le témoignage biblique à la fois par l’expérience vécue, en particulier l’expérience de la conversion et de la sanctification, et par « le bon sens » acquis au travers de la vie de tous les jours.
La conjugaison de ces sources et de ces critères telle qu’elle apparaît dans la théologie de Wesley constitue un fil conducteur pour le mandat théologique qui nous est confié aujourd’hui, à nous, Église Méthodiste Unie. Dans l’accomplissement de ce mandat, l’autorité de la Bible prime sur celle de toutes les autres sources théologiques ; elle est le témoignage fondamental des origines de notre foi.
Mais la réflexion théologique peut également être entreprise à partir de la tradition, de l’expérience ou de l’analyse rationnelle. Ce qui importe avant tout est que les quatre éléments convergent vers une vision à la fois théologique, fidèle et sérieuse. Les connaissances acquises par une étude sérieuse de la Bible et de la tradition enrichissent notre expérience aujourd’hui. Une réflexion créative et critique nous permet de mieux comprendre la Bible et l’histoire que nous avons en commun avec tous les chrétiens.
Nous reconnaissons que la révélation de Dieu et notre expérience de la grâce de Dieu dépassent continuellement la portée de la pensée et du langage humains ; et pourtant, malgré cela, nous pensons que tout travail théologique sérieux fait appel à la raison.
C’est parce que nous sommes des êtres vivants doués de raison que nous : - lisons et interprétons la Bible, - concluons si notre témoignage chrétien est compréhensible, - réfléchissons à la foi et cherchons à comprendre l’action de Dieu et sa volonté,
- assemblons les éléments qui composent notre témoignage et les communiquons de manière cohérente,
- examinons la compatibilité de notre témoignage avec le message biblique et avec les traditions qui ont transmis ce témoignage.
C’est par notre capacité de réflexion rationnelle que nous intégrons notre témoignage à toute l’étendue des connaissances, expériences et engagements humains.
Puisque toute vérité vient de Dieu, les efforts pour discerner les rapports entre révélation et raison, foi et science, grâce et nature sont utiles pour développer une doctrine crédible et communicable. Il n’y a rien que nous recherchions autant qu’une vue d’ensemble de la réalité qui soit clairement marquée par les promesses et les exigences de l’Évangile, même si nous savons qu’une telle tentative est constamment entravée par les limites et altérations qui caractérisent la pensée humaine.
En nous efforçant néanmoins de comprendre la foi chrétienne par la raison, nous cherchons à saisir, à exprimer et à vivre l’Évangile de telle sorte que cette attitude s’impose aux hommes et aux femmes raisonnables qui désirent connaître et suivre les voies de Dieu. La tradition, l’expérience et la raison sont des ressources indispensables pour notre étude de la Bible et pour toute réflexion théologique, sans que soit nécessairement remise en cause la primauté des Écritures pour notre foi et notre vie. Ces quatre sources, apportant chacune sa contribution mais ayant finalement une action convergente, nous conduisent, nous, méthodistes, dans notre quête d’un témoignage chrétien vivant et approprié.
Le défi actuel pour le travail théologique dans l'Eglise
Aux tensions et conflits historiques, qui ne sont pas près d’être résolus, s’ajoutent continuellement de nouveaux objets qui nous poussent à de nouvelles recherches théologiques. Nous sommes quotidiennement confrontés à des problèmes imprévus qui constituent un défi à notre proclamation du règne de Dieu sur toute existence humaine.
Les questions que soulèvent les grandes luttes pour la dignité, la libération et l’accomplissement de l’homme et de la femme, aspirations inhérentes au plan de Dieu pour sa création, revêtent une extrême importance. Ces préoccupations sont mises en lumière par des théologies qui expriment le cri des opprimés et la vive indignation de ceux qui prennent part à leur souffrance.
Nous sommes confrontés aux dangers des destructions nucléaires, du terrorisme, des guerres, de la pauvreté, de la violence et de l’injustice. Les injustices liées à la race, au sexe, à la classe sociale et à l’âge sont aujourd’hui largement répandues. L’exploitation abusive des ressources naturelles et le mépris du fragile équilibre de notre environnement contredisent notre vocation à sauvegarder la création de Dieu. Le processus de sécularisation imprègne notre civilisation de haute technologie et gêne la prise de conscience des dimensions spirituelles de la vie. Nous cherchons une réponse chrétienne authentique à ces questions afin que l’œuvre guérissante et salvatrice de Dieu se manifeste par nos paroles et nos actes. La théologie a trop souvent été utilisée pour cautionner des pratiques injustes. Nous cherchons des réponses conformes à l’Évangile, sans craindre qu’elles soient soumises à la critique.
L’une des richesses de notre Église qui s’est surtout développée au siècle dernier est sa dimension mondiale. Nous sommes une Église dotée d’un héritage théologique particulier, mais cet héritage est partagé par une communauté mondiale. Ainsi notre foi est enrichie par les expériences et les formes d’expression provenant de nombreux pays.
Nous approuvons les contributions que les méthodistes des divers groupes ethniques, linguistiques, culturels et nationaux s’offrent mutuellement et apportent à notre Église dans son
- 56 -ensemble. Nous nous réjouissons de cet engagement commun, visant une compréhension théologique claire et une expression missionnaire vivante. Les méthodistes, dans toute leur diversité, se sont toujours efforcés d’aboutir à une compréhension commune de l’Évangile. Nous sommes unis par un héritage commun ainsi que par le désir de participer à l’action créatrice et salvatrice de Dieu.
Notre tâche est d’avoir une vision des choses qui nous rassemble en un peuple qui vit et accomplit sa mission.
Au nom de Jésus-Christ nous sommes appelés à travailler ensemble avec nos différences, en nous exerçant à la patience et à la tolérance les uns envers les autres. Une telle patience ne résulte ni de l’indifférence à l’égard de la vérité, ni d’une tolérance passive de l’erreur mais du fait que nous avouons ne connaître que partiellement les mystères de Dieu et que nul ne peut les sonder sans l’Esprit de Dieu. C’est ainsi que nous continuons à travailler à notre mandat théologique, dans la confiance que le Saint-Esprit nous accordera la sagesse nécessaire pour cheminer avec l’ensemble du peuple de Dieu.
L'engagement oecuménique
L’unité chrétienne se fonde sur la conviction théologique selon laquelle nous avons été unis les uns aux autres par le baptême en tant que membres du corps unique du Christ. L’unité chrétienne n’est pas laissée à notre appréciation ; elle est un don qui doit être accepté et vécu.
Pour accomplir notre mandat théologique, biblique et pratique de l’unité chrétienne, nous, méthodistes, nous nous engageons sur le plan local, national et mondial, et cela de bien des manières, pour parvenir à une reconnaissance réciproque des Églises, des membres et des ministères, pour aboutir à une célébration du repas du Seigneur avec tous les membres du peuple de Dieu.
Bien que nous reconnaissions que la fidélité à notre propre Église est toujours subordonnée à notre vie dans l’Église de Jésus-Christ, nous nous réjouissons de la riche expérience de nos responsables méthodistes telle qu’on peut la constater dans les rassemblements et les consultations d’Église, les dialogues inter-ecclésiastiques et dans toutes les autres formes de rencontres œcuméniques qui contribuent à la guérison des Églises et des nations.
Nous reconnaissons que le Saint-Esprit agit parmi nous, rendant notre unité plus manifeste.
Dans un même temps, nous avons commencé à dialoguer entre chrétiens et croyants d’autres religions. La Bible nous appelle à être témoins et prochains pour tous les peuples. De telles rencontres exigent de nous une réflexion concernant notre foi et nous invitent à rechercher une orientation pour notre témoignage parmi les hommes et femmes d’autres religions. Nous redécouvrons alors que le Dieu qui a agi en Jésus-Christ pour le salut du monde entier est également le créateur de toute l’humanité, qu’il est seul Dieu « qui règne sur tous, agit par tous, et demeure en tous » (Ephésiens 4,6).
En tant qu’hommes et femmes habitant la même planète et dépendant les uns des autres, nous réalisons qu’il est nécessaire d’analyser notre propre héritage de manière critique et de respecter soigneusement les autres traditions. Dans ces rencontres, notre but n’est pas de réduire nos divergences doctrinales au plus petit dénominateur commun des différentes religions, mais plutôt d’élever ces relations au niveau le plus haut possible de la communion humaine et de la compréhension mutuelle.
Avec l’aide de Dieu nous nous engageons ensemble pour le salut, la santé et la paix de toute l’humanité. Par des dialogues empreints de respect et une collaboration pratique, nous
confessons notre foi en Jésus-Christ et nous efforçons de faire comprendre clairement comment Jésus-Christ est la vie et l’espérance du monde.
Conclusion
La doctrine résulte de la vie de l’Église : de sa foi, de son culte, de ses structures, de ses conflits et des défis que le monde lui pose, monde qu’elle veut servir.
L’évangélisation, le développement de l’Église et la mission nécessitent des efforts constants afin de concilier l’expérience authentique, la pensée rationnelle et l’action responsable avec l’intégrité théologique.
Un témoignage convaincant pour notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ peut contribuer au renouvellement de notre foi, conduire des personnes à la foi et fortifier l’Église afin qu’elle puisse agir pour la guérison et la réconciliation.
Ce témoignage ne peut cependant totalement décrire ou cerner le mystère de Dieu. Même si nous faisons l’expérience que la grâce merveilleuse de Dieu agit en nous et dans les autres, et même si nous nous réjouissons des signes actuels du royaume de Dieu qui vient, chaque nouveau pas que nous faisons nous rend davantage conscients que la réalité de Dieu reste un mystère qui ne peut que nous conduire à l’étonnement et à l’humilité. Mais nous croyons qu’il nous est possible de reconnaître mieux encore ce qui est essentiel à notre participation à l’œuvre salvatrice de Dieu dans ce monde ; nous croyons en la révélation ultime de la justice et de la miséricorde de Dieu.
C’est dans cet esprit que nous acceptons notre mandat théologique et nous nous efforçons de mieux comprendre l’amour de Dieu, révélé en Jésus-Christ, afin de le répandre partout. Ce n’est qu’en comprenant toujours mieux qui nous sommes et ce dont le monde a besoin, et en nous référant davantage à notre héritage théologique, que nous serons équipés pour remplir notre vocation de peuple de Dieu.
«A celui qui peut, par sa puissance qui agit en nous, faire au-delà, infiniment au-delà de ce que nous demandons et concevons, à lui la gloire dans l'Eglise et en Jésus-Christ, pour toutes les générations, aux siècles des siècles. Amen.» (Ephésiens 3,20-21).