Introduction et remarques de pratique liturgique

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Cette introduction désire rendre attentif à certains aspects particuliers de l'action liturgique, et donne aussi quelques renseignements pratiques quant à l'emploi du présent recueil. 

Pour répondre premièrement à la question de la légitimité des usages liturgiques, on peut se référer par analogie à une réponse que John Wesley donnait à propos de la lecture des livres. Il répondit en effet, à des personnes qui regrettaient de ne pas trouver goût à la lecture: "Prenez-y donc goût par l'exercice de la lecture'" (Entretiens de Conférence, 1744-1789, question 32). 

John Wesley était profondément convaincu de la valeur spirituelle de la liturgie dont il s'est nourri quotidiennement pendant presque quatre-vingts ans. Il faisait alors usage de la liturgie de l'église anglicane, contenue dans le Book of Common Prayer, qu'il appréciait fortement. Dans la préface de la liturgie que Wesley rédigea en 1784 à l'intention des méthodistes de l'Amérique du Nord - et qui est une des sources les plus importantes de la présente liturgie - il souligna la sainte piété, scripturaire et raisonnable, de cette liturgie anglicane, dont le langage était à la fois vigoureux et élégant. Dans la partie intitulée "Sunday Service", dans laquelle se trouve donné l'ordre des cultes et des célébrations, John Wesley a su conserver l'essentiel de cette liturgie, tout en y apportant quelques modifications qui tenaient compte des conditions sociales radicalement différentes de l'Amérique du Nord. Wesley a ainsi opéré une synthèse harmonieuse entre la tradition et la référence contextuelle, synthèse indispensable pour la composition d'une liturgie authentique. 

En effet, toute liturgie, qu'elle soit destinée à l'usage régulier dans l'église ou qu'elle soit créée à l'intention d'une rencontre occasionnelle ou d'une fête particulière, doit s'inspirer de ces deux courants, la tradition et le contexte dans lequel elle se déroule. 

La tradition s'exprime par

- la vérité scripturaire, 

- la structure liturgique, qui a certes évolué aux cours des siècles, mais dont l'essentiel fait partie du patrimoine que nous partageons avec toute la chrétienté, 

- la tradition de notre propre église, une ramification à l'arbre de l'Eglise de Jésus-Christ. 

La référence contextuelle respecte le fait que les textes liturgiques seront utilisés dans des conditions sociales, ecclésiastiques et culturelles qui peuvent considérablement varier selon le lieu et le temps. La prise en considération du contexte ne doit pas modifier la substance et l'essence de la liturgie, mais se manifeste par le biais des éléments propres à une situation géographique, historique et culturelle donnée. La référence contextuelle se concrétise principalement au travers 


- des traditions musicales, 

- des données architecturales, 

- des vêtements et gestes liturgiques, 

des textes littéraires se référant à la théologie, à la philosophie et à la poésie chrétienne. 

En fait, la liturgie, dans sa forme reçue et par la ferveur qu'elle suscite lors de la célébration cultuelle, est l'expression toute à la fois 

- de la foi vivante de la communauté et des fidèles, 

- de l'enracinement de l'individu et d'une paroisse dans la richesse des expériences du patrimoine de l'église, et 

- de la créativité spirituelle des paroisses et de ses collaborateurs, liés les uns aux autres dans une communion spirituelle s'exprimant visiblement par les Conférences Annuelles, Centrales et Générale de l'Eglise Méthodiste. 

Pour que le culte soit bien conçu et pleinement vécu par la communauté des fidèles, il faut veiller à ce que l'on peut appeler la dynamique cultuelle. 

Du prélude et de la salutation jusqu'à la bénédiction et au postlude, les éléments formant le culte entraînent l'assemblée dans un mouvement de foi, de joie et d'espérance. L'officiant, par ses paroles, le choix des chants, les prières, silences, gestes et par la prédication, doit s'efforcer de servir ce mouvement communautaire. 

Même le culte le plus modeste, même célébré dans un lieu des plus sobres, doit conserver une certaine dignité qui est l'expression de notre foi en la présence du Christ parmi nous. Il faut donc éviter toute agitation. Le recueillement et le silence sont la meilleure préparation à l'adoration. La spontanéité de l'action liturgique est favorisée par l'accoutumance à la forme liturgique. On fera bien d'éviter le plus possible des explications de tout genre pendant le déroulement du culte. En revanche, accroître la connaissance et la compréhension de la liturgie, de ses richesses et de son message, est une tâche permanente du pasteur dans l'enseignement des catéchumènes et de la formation des adultes.