Fondements doctrinaux et Principes sociaux

Sa foi

Fondements doctrinaux et principes sociaux

Notre héritage doctrinal - Notre héritage universel - Convictions chrétiennes fondamentales - Héritage particulier de l’EEM - Points particuliers de la doctrine wesleyenne - Enseignement et règlement concernant la vie chrétienne - Règles générales et Principes sociaux - Credo social et Confession sociale 2008 - Conclusion

Notre héritage doctrinal*

L’Église Méthodiste Unie professe la foi chrétienne selon laquelle Dieu s’est fait homme en Jésus-Christ afin de nous sauver. Par le Saint-Esprit, il agit en permanence dans l’histoire de l’humanité. Ayant le Christ comme Seigneur et étant unis à lui par sa grâce, nous avons droit aux prémices du futur royaume de Dieu et nous intercédons dans l’espérance que ce royaume se réalise pleinement sur la terre et dans les cieux.

Notre héritage doctrinal et notre mission théologique actuelle ont pour but de mieux saisir les desseins de la souveraineté de Dieu et son amour en Jésus-Christ, au sein d’une société humaine en proie à une crise durable.

Nos prédécesseurs dans la foi ont confirmé le message chrétien originel tel qu’on le trouve dans le témoignage apostolique, tout en l’adaptant à leur situation. Leur prédication et leur enseignement, fondés sur la Bible, ont été façonnés par la tradition chrétienne, vivifiés par l’expérience et éprouvés par la raison.

C’est donc inspirés et motivés par leurs efforts que nous cherchons à proclamer l’Évangile du salut dans un monde éprouvé par la misère et en quête d’espérance.

* En 1972, la cour juridique a décidé que tous ces textes, à l’exception des documents historiques, étaient à considérer comme des dispositions législatives et non comme une partie intégrante de la Constitution et n’étaient pas soumis aux dispositions restrictives (décision de la cour juridique, § 358).

 Notre héritage universel

En notre qualité de méthodistes, nous partageons un héritage commun avec les chrétiens de tous les temps et de toutes les nations. Cet héritage repose sur le témoignage apostolique que Jésus- Christ est Sauveur et Seigneur ; ce témoignage est la source et la norme de tout enseignement chrétien digne de ce nom.

L’Église primitive s’est trouvée confrontée à diverses interprétations du message apostolique. Ainsi, d’éminents théologiens ont cherché à mieux définir l’essence de la foi chrétienne afin d’éviter que l’enseignement chrétien ne s’imprègne d’interprétations erronées.

La fixation du canon biblique et l’acceptation de credo œcuméniques tels que ceux de Nicée et de Chalcédoine* ont été déterminantes pour cette recherche de concordance. De tels credo ont permis de maintenir la pureté du témoignage chrétien ; ils ont, en outre, contribué à circonscrire la doctrine chrétienne et à enseigner les fondements essentiels et durables du message chrétien. Ces credo, ainsi que la confession de foi apostolique, constituent les éléments fondamentaux de notre héritage œcuménique.

Les réformateurs des 16ème et 17ème siècles ont élaboré de nouveaux credo et ont tenté de revenir à l’enseignement chrétien primitif afin de redécouvrir l’authentique témoignage biblique. Ces credo ont confirmé la primauté de la Bible. Ils contiennent un enseignement clairement formulé en ce qui concerne des points essentiels tels que la voie du salut, la vie chrétienne et la nature de l’Église.

De nombreux points de doctrines caractéristiques du protestantisme tels que les professions de foi de l’Église d’Angleterre** et le catéchisme réformé de Heidelberg*** ont imprégné la pensée évangélique méthodiste.

Certaines Églises se sont inspirées de diverses doctrines ou d’articles de foi pour leur credo. Bien que revêtant une grande importance, ces catéchismes officiels n’apportèrent pas de réponse à toutes les questions concernant le dogme chrétien.

Les Fondements doctrinaux provenaient, à l’origine, du vaste ensemble constitué par l’enseignement chrétien et sa pratique. Ce sont les exégètes de l’Église qui en ont fait ressortir la pleine signification. Certains de leurs écrits ont servi de points de repère dans le processus de maturation historique de l’Église.

Certaines prédications, certains exposés, certaines liturgies et certains cantiques ont même atteint une renommée notoire au sein de l’Église. Ces documents ont largement et longtemps contribué à l’épanouissement du christianisme. Cependant, l’enseignement chrétien doit rester fidèle au dogme apostolique fondé sur la Bible et dont l’authenticité s’est affirmée dans l’Église à travers les siècles.

  • La confession de foi de Nicée-Constantinople remonte au concile de Nicée (325) et au concile de Constantinople (381) ; le concile de Chalcédoine (451) a formulé, entre autres, le dogme selon lequel Jésus-Christ s’est fait connaître comme vrai homme et vrai Dieu (doctrine de la double nature).

** « Thirty-nine Articles of Religion », 1563 et 1571.

*** Établi en 1563 comme catéchisme du Palatinat ; par sa large diffusion, il est devenu en quelque sorte le pendant réformé du « Petit catéchisme » de Luther.

 Convictions chrétiennes fondamentales

Notre héritage chrétien universel en deux mots

La foi trinitaire

Avec les chrétiens d’autres dénominations, nous confessons notre foi au Dieu trinitaire - Père, Fils et Saint-Esprit. Cette confession de foi comprend le témoignage biblique de l’action de Dieu dans la création, inclut l’engagement personnel et l’œuvre de la grâce divine dans l’histoire et anticipe l’avènement du royaume de Dieu.

L’ordre établi est destiné à assurer le bien-être de toutes les créatures et à rendre possible l’existence de l’homme et de la femme dans leur alliance avec Dieu. Étant pécheurs, nous avons cependant rompu l’alliance avec Dieu, nous nous sommes éloignés de lui, nous nous sommes fait du mal et avons blessé notre prochain tout en apportant la désolation dans l’ordre établi dans la nature. Nous avons besoin d’être sauvés.

Le salut en Jésus-Christ

Avec tous les chrétiens, nous croyons fermement au mystère de la rédemption en et par Jésus-Christ. Le point central du message de l’Évangile est constitué par l’incarnation de Dieu en Jésus de Nazareth. La Bible témoigne de l’amour libérateur de Dieu par la vie et l’enseignement de Jésus, sa mort rédemptrice, sa résurrection, son omniprésence au cours des temps, son triomphe sur les puissances du mal et de la mort, la promesse de son retour. Parce que Dieu nous aime d’un amour sincère malgré notre condition de pécheurs, il nous juge, il nous appelle à la repentance, il nous pardonne, il nous accepte par la grâce qu’il nous a offerte en Jésus-Christ et nous donne l’espérance de la vie éternelle.

La vie en Eglise

Nous professons que, par l’action du Saint-Esprit, l’amour rédempteur de Dieu se manifeste dans la vie personnelle et au sein de la communauté des croyants. Cette communauté, c’est l’Église créée par l’Esprit afin d’apporter le salut aux nations.

Par la foi en Jésus-Christ, nous recevons le pardon, sommes réconciliés avec Dieu et devenons peuple de la nouvelle alliance.

    « Vivre par l’Esprit » implique le recours intensif aux moyens de grâce que sont la prière, le jeûne, la réception des sacrements, l’introspection devant Dieu ainsi que la participation à la vie communautaire de l’Église : cultes, mission, service du prochain et témoignage dans le domaine social.

Nous considérons que nous sommes une partie de l’Église universelle du Christ au sein de laquelle nous devenons semblables au Christ par l’adoration, la proclamation de l’Évangile et le service. Nous sommes admis dans cette communauté de foi par le baptême et en devenant membres de l’Église. Nous recevons la promesse de l’Esprit qui nous transforme et fait de nous des êtres nouveaux. Par la célébration régulière de la sainte cène, nous bénéficions de la présence du Christ ressuscité et sommes ainsi fortifiés pour le suivre fidèlement.

L'espérance du Royaume

Nous prions et travaillons pour l’avènement du royaume de Dieu et du règne de Dieu sur notre terre tout en nous réjouissant de la promesse de la vie éternelle qui sort victorieuse de la mort et des puissances du mal.

Ensemble avec d’autres chrétiens, nous reconnaissons que le royaume de Dieu est une réalité présente et future. L’Église est appelée à être le lieu dans lequel les premiers signes du règne de Dieu sur cette terre sont perçus et reconnus. La puissance salvatrice et rénovatrice du règne de Dieu se manifeste partout où des hommes et des femmes deviennent des êtres nouveaux en Jésus-Christ et où l’enseignement de l’Évangile et la puissance qui en émane sont à l’œuvre.

Mais nous sommes également dans l’attente de la fin des temps, qui surviendra lorsque l’œuvre de Dieu sera accomplie. Cette perspective nous encourage à agir personnellement et en tant qu’Église. Cette espérance nous préserve de la résignation et nous motive à témoigner et à rester au service de Dieu.

La reconnaissance de l'autorité de la Bible

Tout comme de nombreuses Églises chrétiennes, nous partageons la conviction que la Bible fait autorité en matière de foi.

 Depuis la Réforme, la marque distinctive d'une église évangélique est d'être uniquement fondée sur l'Ecriture Sainte, la grâce et la foi en Christ. Il a déjà été question de la grâce et de la foi. Mais nous n'avons fait jusqu'ici qu'effleurer un point qu'il convient de mentionner expressément: la tradition méthodiste ne reconnaît comme fondement que la Bible, qui est la seule Parole de Dieu. Malgré l'étendue de sa culture et tout en soulignant l'importance de la raison, de la tradition et de l'expérience, John Wesley s'est désigné lui-même comme un «homme du livre unique» pour bien montrer par là que tout doit être soumis à l'Ecriture.

Une telle prééminence de la Bible figure dans les confessions de foi de l'Eglise anglicane et de l'Eglise Evangélique Méthodiste, où l'on peut lire: «L'Ecriture Sainte contient tout ce qui est nécessaire au salut; ainsi rien de ce qui ne s'y trouve pas ou rien de ce qu'elle ne peut prouver, ne doit être imposé à quiconque comme confession de foi ou être considéré comme indispensable au salut.» De même, dans la confession de foi de l'Union Evangélique (Evangelische Gemeinschaft) qui s'est unie en 1969 à l'Eglise Méthodiste, il est dit: «Nous croyons que l'Ecriture Sainte, c'est-à-dire l'Ancien et le Nouveau Testament, révèle la parole divine nécessaire à notre salut. Eclairée par le Saint-Esprit, elle doit être acceptée comme règle de conduite pour la foi. Ce qu'elle ne révèle pas ou qui n'est pas établi par elle, ne peut être déclaré comme confession de foi et enseigné comme indispensable au salut.» De même, dans la confession de foi de l'Union Evangélique (Evangelische Gemeinschaft) qui s'est unie en 1969 à l'Eglise Méthodiste, il est dit: «Nous croyons que l'Ecriture Sainte, c'est-à-dire l'Ancien et le Nouveau Testament, révèle la parole divine nécessaire à notre salut. Eclairée par le Saint-Esprit, elle doit être acceptée comme règle de conduite pour la foi. Ce qu'elle ne révèle pas ou qui n'est pas établi par elle, ne peut être déclaré comme confession de foi et enseigné comme indispensable au salut.»

L'unité de l'Eglise en Jésus-Christ

Notre profession de foi est fondée sur le fait qu’en notre qualité de pécheurs, nous ne pouvons être justifiés que par la grâce reçue par la foi. De plus, nous sommes pleinement conscients que l’Église doit se réformer et se renouveler sans cesse. Nous nous rallions au sacerdoce universel de tous les croyants qui participent à la responsabilité de l’édification de l’Église ainsi qu’aux missions et œuvres de l’Église dans le monde.

Avec les autres chrétiens, nous reconnaissons l’unité de l’Église en Jésus-Christ. Ce riche héritage commun de la foi chrétienne s’exprime dans nos cantiques et dans la liturgie de nos cultes. Notre unité est confirmée par les credo et les confessions de foi historiques qui constituent le fondement de la sainte Église chrétienne universelle. Elle ressort également des œuvres communes et des différentes formes de collaboration œcuménique.

Issues des racines communes de l’héritage chrétien, les diverses branches de l’Église du Christ ont élaboré leurs propres traditions, enrichissant ainsi la connaissance commune.

L’engagement solennel de l’Église Méthodiste Unie au niveau œcuménique nous incite à intégrer les points forts de notre doctrine à l’ensemble de la grande unité chrétienne afin qu’elle acquière là, dans un ensemble plus riche, une signification plus grande.

Si nous désirons apporter le meilleur de nos biens à l’édification de l’héritage chrétien, nous devons le faire avec un esprit critique. Ce n’est qu’en qualité de chrétiens unis dans un esprit œcuménique que nous pouvons comprendre le sens de notre héritage particulier et l’approfondir.

  Héritage particulier de l'Eglise méthodiste unie

 Les convictions provenant de l'héritage chrétien universel sont complétées par l'héritage particulier du méthodisme. Ce dernier met l'accent sur la « foi pratique », sur la mise en oeuvre du « christianisme authentique » dans la vie des croyants. Les premiers méthodistes n'avaient pas l'intention d'élaborer une nouvelle doctrine, mais d'appeler les gens à vivre l'expérience de la grâce divine qui justifie et sanctifie, de les encourager à suivre Dieu personnellement et au sein d'une communauté, leur permettant ainsi de grandir dans la connaissance et l'amour de Dieu.

 Les textes doctrinaux du règlement de l'Eglise Méthodiste Unie évoquent un ensemble de points dogmatiques qui permet de mieux saisir l'action créatrice, rédemptrice et sanctificatrice de Dieu. Ils soulignent que l'oeuvre salvatrice de la grâce divine ne se limite pas au fait que Dieu nous accepte et nous pardonne. La grâce est également la source de notre croissance spirituelle, de notre sanctification. La grâce sanctifiante nous conduit vers la perfection chrétienne décrite par Wesley comme l'amour envers Dieu et notre prochain. Wesley abordait les questions théologiques en se préoccupant avant tout de leur signification pour la vie des disciples chrétiens. Il a particulièrement insisté sur la mise en pratique de la foi et de l'amour dans la vie chrétienne. C'est ce qui est devenu le signe distinctif des traditions réunies dans l'actuelle Eglise Evangélique Méthodiste.

 Le dynamisme de l’héritage théologique portant l’empreinte wesleyenne est dû à l’accent mis sur la « foi pratique », sur la mise en œuvre du « christianisme authentique » dans la vie des croyants.

Le méthodisme n’est pas le fruit d’une dissension théologique, bien que ces dernières aient été nombreuses au cours de son développement historique. Les méthodistes de la première heure se réclamaient des doctrines scripturaires de l’Église d’Angleterre telles qu’on les trouve dans

  • les articles de foi,
  • les homélies* - Sermons doctrinaux «Certains Sermons or Homilies Appointed to be Read in Churches» (1547-1603) et
  • le Book of Common Prayer**  (1534/1662)- de l’Église d’Angleterre.

L’intention des premiers méthodistes n’était pas d’élaborer une nouvelle doctrine mais d’appeler les gens à vivre l’expérience de la grâce divine qui justifie et qui sanctifie, de les encourager à suivre Dieu personnellement et au sein d’une communauté, leur permettant ainsi de grandir dans la connaissance et l’amour de Dieu. Aussi bien l’Église wesleyenne que la « United Brethren Church » et l’«Evangelische Gemeinschaft » s’efforçaient de « réformer la nation et avant tout l’Église en proclamant la sanctification selon l’Évangile à travers tout le pays ».

L'intention des premiers méthodistes n'était pas d'élaborer une nouvelle doctrine, mais d'appeler les gens à vivre l'expérience de la grâce divine qui justifie et qui sanctifie, de les encourager à suivre Dieu personnellement et au sein d'une communauté, leur permettant ainsi de grandir dans la connaissance et l'amour de Dieu. Aussi bien l'Eglise wesleyenne que la «United Brethren Church» et l' «Evangelische Gemeinschaft» s'efforçaient de «réformer la nation et avant tout l'Eglise en proclamant la sanctification selon l'Evangile à travers tout le pays».

L’orientation prioritaire de Wesley vers la vie pratique apparaît quand on connaît l’importance qu’il accordait au « chemin du salut selon les Écritures»***. Il abordait les questions théologiques en se préoccupant avant tout de leur signification pour la vie des disciples chrétiens.

Il a particulièrement insisté sur la mise en pratique de la foi et de l’amour dans la vie chrétienne : c’est ce qui est devenu le signe distinctif des traditions réunies dans l’actuelle Église Méthodiste Unie. La structure particulière de l’héritage théologique wesleyen tient en un ensemble de points dogmatiques permettant de mieux saisir l’action créatrice, rédemptrice et sanctificatrice de Dieu.

  • Sermons doctrinaux « Certain Sermons or Homilies Appointed to be Read in Churches » (1547-1603).

** The Book of Common Prayer (1534/1662) est encore publié de nos jours avec quelques modifications mineures.

*** Cf. sermon 43 de Wesley « The Scripture Way of Salvation ».


     Points particuliers de la doctrine wesleyenne


  •     La primauté de la grâce

Bien que Wesley, tout comme de nombreux autres chrétiens, ait cru à la grâce, à la justification, à l’assurance du salut et à la sanctification, il liait ces éléments de manière à en dégager clairement les points essentiels permettant de vivre pleinement une vie chrétienne. La tradition de la « United Brethren Church », telle qu’elle a particulièrement été relevée avec son arrière- plan réformé par Philipp William Otterbein, contient des points caractéristiques identiques.

L’importance primordiale de la grâce imprègne notre compréhension de la vie et de la foi chrétiennes. Par « grâce », nous entendons l’action indue, imméritée et aimante de Dieu dans l’existence humaine à travers le Saint-Esprit qui est omniprésent. Si la grâce de Dieu est indivisible, elle précède le salut en tant que « grâce prévenante », se poursuit sous la forme de la «grâce justifiante » et mûrit pour aboutir à la « grâce sanctifiante ».

Nous affirmons que la grâce de Dieu se manifeste dans l’ensemble de la création, même si nous rencontrons partout la souffrance, la violence et le mal. La création parfaite s’accomplit en l’homme et la femme, appelés à devenir partenaires dans l’alliance avec Dieu. Il nous a offert dignité et liberté et nous rend responsables de notre vie et de celle du monde.

La révélation de Dieu en Jésus-Christ témoigne de la grandeur de notre véritable condition humaine. Même le péché avec toutes ses conséquences destructrices sur l’ensemble de la création n’altère pas le but que Dieu a fixé à notre vie, à savoir la sanctification et le bonheur. La responsabilité pour notre vie n’en est pas diminuée pour autant. Malgré notre condition de

pécheurs, nous restons les créatures d’un Dieu juste et miséricordieux ; afin de redevenir semblables à l’image de Dieu, nous devons être renouvelés par la grâce divine.

  •     La grâce prévenante

Nous reconnaissons la grâce prévenante de Dieu, l’amour divin qui enveloppe l’humanité et qui précède chacune de nos actions conscientes. Cette grâce éveille en nous le désir de plaire à Dieu, allume en nous une faible lueur de compréhension de sa volonté et nous laisse entrevoir que nous avons péché contre lui*. La grâce de Dieu éveille également en nous le désir sincère d’être libérés du péché et de la mort et nous pousse à la repentance et à la foi.

* J. Wesley, Sermon 85 « On Working Out Our Own Salvation » II.I (Sermons ed. A. Outler, Vol. III, p. 203). 11« A Plain Account of Christian Perfection », Works ed. Jackson, Vol. XI, p. 444.

  •     Justification et assurance du salut

Nous croyons que Dieu, dans sa grâce justificatrice, se tourne vers le croyant désirant se convertir, l’accepte avec amour et le rend libre. La théologie wesleyenne précise que l’action de la grâce et du Saint-Esprit peut engendrer, et engendre effectivement, un changement décisif dans le cœur de l’homme et de la femme.

Par la foi, au moyen de la justification, notre péché est pardonné et nous trouvons à nouveau grâce devant Dieu. Ce rétablissement de nos relations avec Dieu en Christ engendre la foi et la confiance : nous naissons à nouveau et, par le Christ, nous devenons de nouvelles créatures.

Ce processus de justification et de nouvelle naissance est souvent appelé conversion. Un tel changement peut se produire de manière soudaine et dramatique ou être le fruit d’un développement progressif. Il désigne un nouveau commencement, bien qu’il ne soit qu’une étape d’un processus qui se poursuit. L’expérience chrétienne issue de la conversion s’exprime toujours par la foi animée par l’amour.

Notre théologie wesleyenne se fonde sur la promesse biblique selon laquelle nous avons l’assurance de notre salut ici et maintenant, car « l’Esprit lui-même rend témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu» (Romains 8,16).

  •     Sanctification et perfection

 Nous soulignons que l’œuvre salvatrice de la grâce divine ne se limite pas au fait que Dieu nous accepte et nous pardonne ; elle est également la source de notre croissance spirituelle. La puissance du Saint-Esprit nous permet de croître dans la connaissance et l’amour de Dieu et dans l’amour envers notre prochain.

La nouvelle naissance constitue le premier pas vers ce processus de sanctification. La grâce sanctificatrice nous conduit vers la perfection chrétienne décrite par Wesley comme « l’amour envers Dieu et notre prochain habitant dans nos cœurs » et par « le fait de penser comme le Christ et d’agir comme il l’a fait ».*

Ce don de la grâce émanant de la puissance et de l’amour de Dieu, cette espérance et cette attente des chrétiens ne s’obtiennent pas par nos propres efforts et ne sont pas limités par notre faiblesse.

* « A Plain Account of Christian Perfection », Works ed. Jackson, Vol. XI, p. 444.

  •     Foi et bonnes oeuvres

La grâce de Dieu et l’action des hommes et des femmes se reflètent dans les œuvres dictées par la foi. La grâce de Dieu crée les conditions nécessaires pour répondre à la foi et pour suivre le Christ.

La foi est la seule réponse indispensable à notre salut. Cependant, les Règles générales nous rappellent que le salut se manifeste par des œuvres bonnes. Pour Wesley, même la repentance devrait être accompagnée de « fruits résultant d’une repentance active » ou d’œuvres de piété et de charité.

Tant la foi que les bonnes œuvres font partie d’une théologie de la grâce qui rend compte de toute la vie chrétienne, car elles émanent de « l’amour de Dieu répandu dans nos coeurs par le Saint-Esprit qui nous a été donné » (Romains 5,5)*.

* J. Wesley, Sermon 85 « On Working Out Our Own Salvation » II.I (Sermons ed. A. Outler, Vol. III, p. 203).

  •     Mission et service

Nous soutenons que le salut personnel débouche toujours sur la mission chrétienne et le service dans le monde. Par « l’union du coeur et de la main », nous affirmons que la foi personnelle, le témoignage de l’Évangile et l’action sociale chrétienne s’imbriquent et se soutiennent mutuellement.

La sanctification selon l’Évangile dépasse la limite de la piété personnelle. L’amour envers Dieu va de pair avec l’amour du prochain, la passion pour la justice et un engagement pour le renouvellement du monde.

Les Règles générales témoignent de cette tradition wesleyenne qui consiste à unir étroitement l’action et la pensée chrétienne. La théologie est au service de la piété, laquelle, de son côté, est le fondement de notre conscience sociale et nous incite à nous engager dans des activités sociales et dans le monde entier, mais toujours en relation avec la toute puissante souveraineté de Dieu.

John Wesley ne s'est pas contenté d'évangéliser, mais il est venu en aide de bien des manières à beaucoup d'hommes de son temps qui vivaient dans la pauvreté et dans la misère. Son exemple nous encourage et nous stimule encore aujourd'hui. C'est ainsi que l'Eglise Méthodiste Unie en Suisse et en France gère diverses maisons de santé et maisons pour personnes âgées (ex. oeuvre Béthesda), un home pour enfants et un centre de réhabilitation pour anciens drogués. L'«engagement social» formulé pour la première fois lors de la Conférence Générale de 1908, est un fait important de l'histoire des églises méthodistes. Depuis cette date il n'a cessé d'être adapté aux nouveaux problèmes. Un extrait de la version allemande de 1925 de la discipline d'église, illustre la signification de cet engagement. Il y est spécifié que l'Eglise méthodiste prend fait et cause «pour la fixation d'un salaire minimum garanti dans chaque corps de métier, pour le paiement du plus haut salaire possible dans chaque secteur d'activité, ainsi que pour l'amélioration progressive de la répartition des produits de l'industrie aux prix les plus accessibles à tous». Ces mots expriment clairement qu'il est pris position contre les excès du capitalisme. Sur le continent européen, on a peu ressenti les remous dus aux débats intenses suscités par cette déclaration. Ils influencent encore maintenant, au niveau mondial, les discussions concernant le mouvement oecuménique.

La sanctification selon l'Evangile dépasse la limite de la piété personnelle. L'amour envers Dieu, c'est l'amour du prochain, la passion pour la justice et un engagement pour le renouvellement du monde. Les Règles Générales témoignent de cette tradition wesleyenne qui consiste à unir étroitement l'action et la pensée chrétienne. La théologie est au service de la piété, laquelle, de son côté, est le fondement de notre conscience sociale et nous incite à nous engager dans des activités sociales et dans le monde entier, mais toujours en relation avec la toute puissante souveraineté de Dieu.

  •     Croissance et mission de l'Eglise

Enfin, nous soulignons l’importance de la vie sociale de la communauté chrétienne et le rôle qu’elle joue dans l’épanouissement des individus. Notre expérience personnelle de la foi se nourrit du culte au sein de la communauté.

Pour Wesley, il n’y avait pas d’autre « religion » que la « religion sociale », pas d’autre « sanctification » que la « sanctification sociale ». Les formes communautaires de la foi dans la tradition wesleyenne ne stimulent pas seulement l’édification personnelle ; elles nous préparent et nous poussent à l’engagement missionnaire et le service du prochain.

Le développement de l’Église est le résultat de l’action du Saint-Esprit. En qualité d’Église Méthodiste Unie, nous vivons cette réalité de la « connexio »* fondée sur la responsabilité que nous éprouvons les uns pour les autres. Ce lien nous unit dans la foi et dans le témoignage rendu dans le monde entier ; elle permet à notre foi de devenir active dans l’amour et renforce notre soif de paix et de justice dans le monde.

* « Connexio », du latin « cum », avec et « nectare », lier. Exprime la communion formant la structure de base sur laquelle naît, s’édifie et vit la communauté chrétienne.

  •     Enseignement et règlement concernant la vie chrétienne

Un des thèmes constants et favoris de la pensée méthodiste, c’est que l’on ne saurait dissocier l’enseignement doctrinal et la pratique quotidiennement vécue. Les méthodistes ont toujours été vivement exhortés à utiliser les moyens de grâce pour maintenir l’unité entre la foi et les bonnes œuvres, comme Wesley l’a exposé dans son écrit intitulé : « Le caractère, les dispositions et les Règles générales des communautés réunies » (1743). La mise en relation de la foi avec des actes d’amour marque à l’évidence la piété wesleyenne et le cheminement chrétien.

À l’origine, les Règles générales étaient destinées aux membres des communautés méthodistes, lesquelles participaient par ailleurs à la vie sacramentelle de l’Église d’Angleterre. Pour être admis comme membre dans ces communautés, il suffisait d’exprimer son « désir de fuir la colère divine à venir et d’être libéré de ses péchés ».

Wesley soulignait cependant avec insistance qu’une foi fondée sur l’Évangile doit aller de pair avec un mode de vie non moins fondé sur l’Évangile. Dans ses règles, il déclare : « Il est attendu de tous ceux qui désirent devenir membres de la communauté ou le rester, de manifester avec constance leur désir de félicité éternelle en observant les points suivants :

  •   Premièrement: ne pas faire le mal; l'éviter au contraire sous toutes ses apparences.
  • Deuxièmement: faire le bien; en étant miséricordieux en toute occasion, de toutes les manières, et, pour autant que cela soit possible, envers tous les hommes.
  • Troisièmement: faire usage de tous les moyens de grâce institués par Dieu.»

   Les exemples qu’il cite pour illustrer ces trois règles fondamentales montrent que notre conscience est en mesure de développer des comportements particuliers à partir de considérations générales. L’interaction de ces comportements indique clairement l’origine spirituelle de l’action éthique.

Wesley rejetait toute référence inappropriée à ces règles. Le Règlement de l’Église n’était pas pour autant aux yeux de Wesley une loi ecclésiastique ; il s’agissait, selon lui, d’un guide pour les disciples du Christ. Toujours selon Wesley, la vraie foi consiste à connaître Dieu, manifesté en Jésus-Christ, à avoir une vie de communion avec Dieu par Jésus-Christ et à désirer la justice à laquelle aspirent les vrais croyants.*

* Sermon 22 « sur le sermon sur la montagne de notre Seigneur » II.4 (Sermons d’enseignement, p. 415).

  •   Règles Générales et Principes Sociaux

En se fondant sur les principes de l’Évangile, les chrétiens de l’Église Méthodiste Unie se sont toujours efforcés d’assumer leurs responsabilités face aux problèmes éthiques et spirituels de la société. En soulignant les rapports entre l’enseignement et l’éthique, les Règles générales se sont révélées comme un signe précoce de prise de conscience sociale dans les communautés méthodistes.

Les Principes sociaux constituent le résumé officiel le plus récent de nos convictions communes qui, fondées sur la notion chrétienne de justice, doivent nous permettre de résoudre les problèmes sociaux, économiques et politiques. La lutte que les méthodistes ont menée de tous temps contre des maux tels que la contrebande, les condamnations inhumaines, l’esclavage, l’alcoolisme, l’exploitation des enfants, se justifie par notre conviction que la colère de Dieu se dirige contre toute injustice et tout gaspillage. Notre engagement pour la dignité humaine et pour les réformes de la société s’est toujours voulu une réponse à l’appel de Dieu à pratiquer l’amour, la charité et la justice du royaume de Dieu. Nous ne proclamons pas un évangile individuel négligeant l’engagement social ; nous ne proclamons pas un évangile social n’incluant pas la conversion personnelle du pécheur.

Nous sommes persuadés que la bonne nouvelle de la souveraineté de Dieu jugera les structures sociales marquées par le péché, qu’elle les délivrera et qu’elle les transformera.

Le Règlement de l’Église et les Règles générales expriment l’espoir que l’expérience individuelle et la vie communautaire de l’Église conduisent à une vie chrétienne concrète. Ces dispositions partent du principe que tous ceux qui trouvent un réconfort spirituel au sein de la communauté des croyants se sentent également responsables envers cette communauté.

Le soutien sans responsabilité favorise la faiblesse morale; la responsabilité sans le soutien est une forme de cruauté.

Une Église prompte à punir ses membres n’est pas ouverte à la charité divine ; mais une Église qui n’a pas le courage de répondre clairement aux défis sociaux et personnels perd son statut d’autorité morale. L’Église applique ses principes en tant que communauté par laquelle Dieu poursuit son œuvre « afin de réconcilier le monde avec lui-même » (2Co 5.19).

  •   Credo social 1908 & Litanie sociale 2008

Le credo remonte à 1908 et se présente comme un catalogue de revendications sociales.

Le Credo social de l'Eglise Méthodiste Unie

Nous croyons en Dieu, le créateur du monde

et en Jésus-Christ, le sauveur de toute créature.

Nous croyons au Saint-Esprit

qui nous fait connaître les dons de Dieu. 

Nous reconnaissons 

avoir souvent mésusé de ces dons à des fins idolâtres et regrettons notre faute.

Nous affirmons 

que la nature est l'œuvre de Dieu 

et nous nous consacrons à la préserver, à l'entretenir

et à faire en sorte que l’humanité l’utilise de manière responsable.

Nous recevons avec joie 

pour nous-mêmes et pour les autres 

les bénédictions que sont la communauté, la sexualité, le mariage et la famille. 

Nous nous engageons 

en faveur des droits des hommes et des femmes - enfants, adolescents, jeunes adultes, aînés et personnes avec un handicap;

en faveur de l'amélioration de la qualité de vie; 

et en faveur des droits et de la dignité de tous les êtres humains.

Nous croyons

au droit et au devoir de toute personne d'œuvrer pour la gloire de Dieu, en vue de son bien et de celui des autres et par là d'assurer son bien-être; 

aux droits à la propriété dans la mesure où elle nous est confiée par Dieu, à la négociation collective, à une consommation responsable; 

et à l'élimination de la misère économique et sociale.

Nous nous consacrons 

à la paix dans le monde, au règne de la justice et de la loi parmi les nations et à la liberté individuelle pour tous les habitants de la terre. 

Nous croyons 

en la victoire présente et définitive de la Parole de Dieu dans les affaires humaines 

et acceptons avec joie notre mission de vivre l'évangile dans le monde.

Amen

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Litanie sociale 2008

La commission Eglise et Société a jugé opportun d’actualiser ce document de référence en 2008, cent ans après sa première publication.

Elle y traduit les préoccupations sociales présentes de l’EEM/EMU sous la forme d’une prière antiphonée destinée à être prononcée lors d’un culte. Elle complète le Credo social toujours en vigueur et invite et incite les communautés locales à partager les préoccupations sociales de l’EEM/EMU. Cette litanie sera transposée en chant à l’avenir comme au temps de Wesley.

Ainsi le credo social de même que les Principes Sociaux, qui explicitent et actualisent le credo, pourront-ils être complétés par une prière brève et efficace.

Litanie sociale 2008

Dieu, révélé en Jésus-Christ,
par l’Esprit Saint, nous appelle dans sa grâce :

Soyez transformés en l’image de votre Créateur,
afin que vous soyez unis dans son amour pour le monde.

Voici le jour :
Dieu se soucie de la sauvegarde de la création,
veut la guérison et la rédemption de toute vie
et pleure sur la Terre exploitée.

Nous aussi, à son image.

Voici le jour :
Dieu prend l’humanité tout entière dans ses bras,
se réjouit de la variété et de la différence,
se plaît à voir des étrangers devenir amis.

Nous aussi, à son image.

Voici le jour :
Dieu crie avec la multitude des humains affamés,
déteste l’abîme grandissant entre riches et pauvres,
et exige que justice soit faite au travail et dans le commerce.

Nous aussi, à son image.

Voici le jour :
Dieu dénonce la violence dans nos maisons et dans nos rues,
juge la folie guerrière du monde,
humilie les puissants et élève les humiliés.

Nous aussi, à son image.

Voici le jour :
Dieu appelle toutes les nations et tous les peuples à vivre en paix,
se réjouit quand justice et compassion s’embrassent,
et jubile quand le loup et l’agneau vivent ensemble.

Nous aussi, à son image.

Voici le jour :
Dieu apporte de bonnes nouvelles aux pauvres,
proclame aux prisonniers la délivrance,
donne aux aveugles la vue
et relève les abattus.

Nous aussi, à son image

(fichier pdf 53 ko)

  • Conclusion

    Tels sont pour les chrétiens de l'Eglise Méthodiste Unie les points qui définissent la «piété pratique» qui est la mise en oeuvre de l'Evangile de Jésus-Christ dans la vie quotidienne des croyants. Plutôt que sur des déclarations doctrinales formelles, ces points reposent sur une foi vivante, un comportement selon l'Evangile manifesté dans la vie d'hommes et de femmes convertis, et une Eglise établie selon la volonté du Christ.

    Pour les méthodistes, il est plus important d'appeler les gens à se convertir et de les mener à la connaissance et à l'amour de Dieu que de formuler de nouveaux dogmes. Le point central de l'enseignement wesleyen, qui a marqué notre passé de son empreinte, appartient de plein droit à l'héritage chrétien commun et reste l'un des éléments fondamentaux du message théologique que nous avons à transmettre.