Salutations d’églises soeurs

L’évêque Patrick Streiff donne la parole à plusieurs délégués d’autres Conférences annuelles. Ces délégués viennent cette année de petites CA. En raison du nombre réduit de pasteurs, elles sont considérées comme des «Conférences annuelles provisoires», même si ce statut «provisoire» est devenu permanent en raison de la situation de ces Églises :

  • de la Conférence annuelle provisoire Autriche: le  pasteur Martin Siegrist;
  • de la Conférence annuelle provisoire Serbie-Macédoine: le pasteur Novica Brankov ;
  • de la Conférence annuelle provisoire Bulgarie-Roumanie: le pasteur Vladimir Todorov.

Nous plaçons aussi dans cette rubrique les salutations de l’évêque Yvan Abrahams, président de la Conférence méthodiste mondiale (CMM).


Message du délégué de la Conférence annuelle d’Autriche

Martin Siegrist, Pasteur du circuit Vienne-Floridsdorf à la Conférence annuelle Suisse-France-Afrique du Nord Aarau - 18-21 juin 2015 


Bien que je représente ici la Conférence annuelle d'Autriche et que j'aie passé toute mon existence en Autriche, mon nom de famille l'indique clairement: mes grands-parents paternels étaient originaires de Suisse, plus précisément de la région d'Aarau. Mon grand-père allait à l'école du dimanche à Gösgen, ma grand-mère était monitrice d'école du dimanche à Buchs. Ces deux églises faisaient à l'époque partie du circuit d'Aarau. Mes grands-parents se sont connus aux flambeaux méthodistes et c'est à eux, qui se sont laissé appeler par l'Eglise en Autriche pour diriger un foyer de jeunes filles à Linz, que je dois d'être devenu l'un des quelque 1'500 méthodistes autrichiens. 

Je suis donc très heureux de pouvoir participer à cette Conférence annuelle réunie justement à Aarau. Et puis, ce bref aperçu sur mes origines conduit directement au thème la Conférence: « Ensemble au-delà des âges». Je suis redevable en effet à mes grands-parents et à leur disposition profondément méthodiste (ou devrait-je dire profondément judéo-chrétienne?) à se laisser appeler là où l'on avait besoin d'eux pour servir, d'avoir grandi comme méthodiste en Autriche. Et c'est grâce à mes parents, qui m'ont donné l'exemple de la foi vécue comme quelque chose de vivant et de beau, que depuis ma prime enfance, l'Eglise et la foi ont joué un grand rôle dans ma vie. Mais que je sois aujourd'hui encore un méthodiste enthousiaste est lié directement à mon Eglise, qui a réussi à développer une enrichissante communauté de générations: à l'école du dimanche, aux camps de vacances pour enfants et jeunes et plus tard, pendant mes années d'études, dans le cadre des activités paroissiales, j'ai reçu beaucoup de sollicitude et d'amour dans cette Eglise. 

Notre Conférence annuelle d'Autriche vient de siéger du 27 au 31 mai sous le thème: « Et il les enseignait». Les rapports, prédications et entretiens m'ont à nouveau montré l'importance de comprendre l'Eglise comme une communauté d'apprenants. Car vivre signifie apprendre. On apprend jusqu'à la mort et apprendre au sens le plus large inclut: apprendre de Dieu comment il a voulu l'être humain et comment une réelle communion est possible. Une bonne communion: j'ai vécu cela dans l'Eglise. J'aimerais citer quelques éléments qui, rétrospectivement, ont été déterminants pour le jeune adulte que j'étais. 

Dans l'Eglise, j'ai été accepté tel que j'étais et j'ai pu y découvrir qui je voulais être. Penser, questionner et agir librement a été accepté et l'on a encouragé une foi mature. L'Eglise ne m'a pas accueilli moi seulement, mais toutes les personnes, quelle que soit leur provenance. C'était tout à fait normal pour moi de grandir parmi des personnes originaires d'autres pays. Ces liens d'amitié ont été renforcés lors de visites à l'étranger ou par des contacts par-delà les frontières (des frontières encore bien fermées pendant une bonne partie de mon enfance). J'ai appris beaucoup de choses dans l'Eglise: en rapport avec la Bible, la foi, les défis posés par la société et la façon de les relever. J'ai vécu dans l'Eglise une vraie communion avec des frères et sœurs plus jeunes, du même âge, plus âgés et encore plus âgés. Dans ce sens, l'EEM en Autriche a été pour moi une famille de personnes prêtes à apprendre au sujet de Jésus et de ses commandements. 

A ce stade, il est peut-être nécessaire de préciser que même en Autriche, les membres de l'EEM n'ont pas encore atteint la perfection sur le chemin de la sanctification. Bien sûr, il y a des problèmes. Bien sûr, il y a des conflits. Pourtant, et surtout, j'ai trouvé dans cette Eglise l'espace nécessaire, pour moi et pour d'autres, pour grandir et pour apprendre dans la foi. J'en remercie Dieu. 

Je souhaite à la Conférence Suisse-France-Afrique du Nord un esprit de force, d'amour et de sagesse (2 Tim. 1,7) pour tous vos débats et vos décisions. Je me réjouis dans la perspective de nombreuses discussions et rencontres. 

Martin Siegrist, Pasteur du circuit Vienne-fFloridsdorf 

De la Conférence annuelle provisoire Bulgarie-Roumanie: le pasteur Vladimir Todorov


Message à la Conférence annuelle Suisse-France-Afrique du Nord 

Le pasteur Todorov se dit reconnaissant pour le soutien qui leur est apporté... Reconnaissant aussi de disposer de la liberté de parler de leur foi. L’important pour lui est d’être proche du Christ, et de le suivre, et que « sa force s’accomplisse dans notre faiblesse ».

Cher évêque, chers délégués et hôtes de la Conférence annuelle Suisse-France-Afrique du Nord. 

Je veux tout d'abord dire ma reconnaissance de pouvoir être ici. C'est un honneur particulier de pouvoir être parmi vous. Je suis ici votre invité et pourtant de me sens à la maison. C'est une sensation toute spéciale. Souvent, quand je suis en déplacement et que je rencontre des membres de l'Eglise, je ressens à chaque fois combien sommes différents. Nous avons grandi de manière différente, nous avons été éduqués de manière différente, nous vivons différemment et pourtant nous pouvons sentir que nous sommes unis - unis en Jésus. Il y a bien des différences, mais malgré tout nous sommes unis parce que nous avons le même père. C'est quelque chose que les gens de ce monde, qui ne connaissent pas Jésus, n'ont pas et ne peuvent pas comprendre. 

J'ai grandi dans un pays socialiste. De ma naissance jusqu'à l'âge de 16 ans, la Bulgarie était un pays où tous étaient « égaux» (mais pas vraiment égaux), un pays où l'on nous disait que les gens vivaient les uns pour les autres. Mais la réalité était totalement différente. Nous avions peur de parler de ce que nous pensions de notre gouvernement et du parti socialiste, nous avions peur de dire ce que nous pensions à des connaissances, voire même à des membres de notre parenté, parce que nous savions que quelqu'un pourrait colporter ce que nous avions dit et alors celui qui s'était exprimé atterrissait rapidement en prison. Dans cette société, le mensonge, la malhonnêteté, la servilité étaient la norme. Entre nous, chrétiens, c'est très différent. Ce n'est pas un hasard si pendant toutes ces années, l'Eglise de Dieu a été persécutée. 

Jésus dit: «Je ne prie pas pour eux seulement, mais pour ceux-là aussi qui, grâce à leur parole, croiront en moi. Que tous soient un. Comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi, qu'eux aussi soient un en nous, afin que le monde croie que tu m'as envoyé. Je leur ai donné la gloire que tu m'as donnée, pour qu'ils soient un comme nous sommes un. » (Jean 17, 20-22) Ce sont des termes qui décrivent bien ce que je ressens en tant que chrétien. Là où je rencontre des chrétiens, je peux me sentir chez moi dans le monde entier. Particulièrement dans notre Eglise. Notre Eglise est présente aux quatre coins de la planète. Que nous soyons riches ou pauvres, jeunes ou vieux, intelligents ou moins bien dotés, nous sommes unis. Les plus grands, les plus forts pensent à d'autres parties de l'Eglise qui sont dans une situation différente. Quand Jésus vient à notre rencontre, nous commençons une vie nouvelle et nous grandissons, jusqu'à ce que nous devenions un. C'est pour cela que dans l'Eglise, nous pouvons dire que nous sommes un. Unis pas n'importe comment, mais un comme Jésus est un avec Dieu le Père. Nous pouvons jouir de cette unité parfaite. 

L'Evangile de Jean offre le meilleur exemple de cette unité. Nous y trouvons une variété d'expériences que des personnes différentes, venues de courants religieux différents, ont faites avec Jésus. Nous y trouvons le témoignage sans doute le plus ancien du Christ, celui de Jean, le disciple et témoin oculaire de Jésus et le témoignage de ceux qui ont été touchés par les miracles de Jésus, le témoignage de chrétiens issus des cercles de la sagesse juive et encore celui de tous ces autres témoins qui, selon les textes de l'Ancien Testament, ont annoncé Jésus Sauveur. Dans l'Evangile, nous trouvons, à côté de personnalités très diverses comme JeanBaptiste, le pharisien Nicodème, le vrai Israélite Nathanaël, la Samaritaine au puits, Marie Madeleine et de nombreux autres. Tous, ils sont devenus un en Christ. La seule chose qu'ils ont à faire est de s'accrocher à Christ. Il est alors possible de franchir de nombreuses frontières, telles que les limites entre générations. 

Dans notre monde, les générations sont trop souvent opposées les unes aux autres. Elles sont désignées comme étant des obstacles au développement des autres. Si une chose n'est plus utile, il faut la jeter et si quelque chose n'est plus aux normes, il ne faut plus l'utiliser. Dans l'Eglise de Jésus et donc aussi dans notre Eglise méthodiste, les choses doivent se passer tout à fait autrement. Nous devons cheminer ensemble. En toutes circonstances, les forts doivent porter les plus faibles. Parfois, les jeunes doivent porter les anciens et d'autres fois c'est le contraire. Nous devons grandir ensemble dans la foi. Sans oublier que nous sommes en route dans ce monde jusqu'à ce que nous atteignions le but de notre vie - le Royaume des cieux - où nous serons avec Dieu pour l'éternité. 

Nous, les gens d'Europe de l'Est ou du moins ceux que je connais, sommes très reconnaissants de pouvoir avancer ensemble. Nous sommes une Eglise relativement jeune qui grandit encore et acquiert des expériences. Nous sommes reconnaissants pour l'appui important que vous nous apportez pour nous aider. C'est un exemple de la façon dont nous pouvons vivre et cheminer ensemble dans la vie avec Jésus. C'est un exemple pratique de la façon dont l'Evangile peut être vécu. Je vous souhaite la bénédiction de Dieu, son accompagnement et sa sagesse, ainsi que des portes ouvertes pour la diffusion de l'Evangile, afin que ce monde soit sauvé. Amen. 

Vladimir Todorov 

De la Conférence annuelle provisoire Serbie-Macédoine: le pasteur Novica Brankov


La Serbie vous salue…

Le pasteur Brankov juge lui aussi important l’échange entre les générations dans son église aussi..

Aperçu historique: 

Le travail de l'EEM en Voïvodine (la partie nord de l'actuelle Serbie) a été initié par des missionnaires allemands. Le premier culte méthodiste a ainsi été célébré en 1898 par des émigrés allemands qui avaient quitté leur foyer pour commencer une nouvelle vie dans ce territoire. Peu après, l'ensemble de la région a connu un grand réveil et des églises florissantes se sont développées dans différents lieux, d'abord uniquement parmi les germanophones, puis, à partir de 1904, également parmi les habitants de langue hongroise. En 1944, de nombreux « Souabes du Danube» ont cependant été contraints de quitter le pays à cause de la Deuxième guerre mondiale, tandis que d'autres mourraient dans des camps de concentration. Ces personnes représentant la majeure partie des pasteurs et des membres de l'EEM, beaucoup d'églises ont alors dû fermer leurs portes. 

Le travail méthodiste en Serbie s'est certes poursuivi, mais les conditions étaient devenues extrêmement difficiles. Pourtant, de nouvelles communautés de langues slovaque, hongroise ou serbo-croate ont rapidement vu le jour. 

Situation actuelle: 

Les crises politiques qu'a connues le pays entre 1990 et 1999 ont à plusieurs reprises provoqué une baisse considérable du nombre des membres. 

Aujourd'hui encore, après des années de troubles politiques, de guerres atroces et de flux massifs de réfugiés, les jeunes, en particulier, ne voient plus aucun avenir dans leur pays. L'économie est morose, le taux de chômage élevé et beaucoup de gens vivent dans la pauvreté. 

C'est pourquoi proclamer l'évangile implique pour nous à la fois de le vivre et d'offrir aux habitants une aide pratique. Les communautés de l'EEM font les deux. Dans un pays en quête d'identité, elles franchissent également les frontières en s'occupant, par exemple, de minorités ethniques et en développant à divers endroits un travail d'évangélisation et un programme d'activités sociales en faveur des Roms. 

En Serbie, de nombreuses personnes ont perdu espoir. Plaçant leur confiance en Dieu, les membres et amis de l'EEM s'efforcent, avec un grand dévouement, de contribuer à illuminer leur avenir. 

Informations statistiques Population: 7,5 millions Superficie: 77 474 km2 Capitale: Belgrade Communautés EEM : 14 Membres confessants : 495 Membres pastoraux: 14 

Novica Brankov 

Salutation de l’évêque Ivan Abrahams, président du Conseil méthodiste mondial (CMM)


Yvan Abrahams, évêque, président du Conseil méthodiste mondial (CMM)


Ce fut pour moi un honneur et un privilège de vivre ces derniers jours avec vous. Je vous adresse les salutations et les meilleurs voeux du Conseil méthodiste mondial (CMM). Le Conseil méthodiste mondial est une association de 80 millions de personnes appartenant à des églises méthodistes, wesleyennes, nazaréennes, unies et unifiées de quelque 134 pays différents. Ce fut pour moi et pour Mme Kingston un privilège d’être les témoins du travail que vous faites. Nous avons été vivement touchés par votre travail, étant convaincus que les Méthodistes ont une parole pertinente pour notre temps. Merci pour votre grande hospitalité ! Nous avons ressenti ici votre passion et votre engagement ! Nous avons entendu vos rêves, vos visions, votre espérance pour le futur ! Nous nous sommes identifiés aux questions critiques que vous vous êtes posées. Le Conseil méthodiste mondial a été créé en 1981 pour rassembler la famille méthodiste dans son ensemble, renforcer notre voix, favoriser la compréhension mutuelle au sein des églises méthodistes et enfin faire avancer la paix. Le but étant de soutenir la proclamation de l’Évangile de Jésus-Christ et de préserver notre tradition. Nous nous rencontrons tous les cinq ans. Notre prochaine rencontre aura lieu  l’année prochaine, en 2016, du 30 août jusqu’au 5 septembre. Cela fait 45 ans que nous nous réunissons dans différents États en dehors des États-Unis, cette fois, nous nous réunirons à Houston (Texas). Durant ces 45 ans, nous étions à Singapour, Brésil, Corée et la dernière rencontre a eu lieu en Afrique du Sud. Nous nous sommes rassemblés autour de la thématique de l’unité. Nous avons célébré notre diversité. Nous rendons grâce à Dieu pour ce que nous avons vécu par le passé, mais plus important encore, nous regardons vers le futur. En tant que méthodiste, je crois que nous vivons au sein d’une riche tradition. Je suis un éternel optimiste. Je suis un prisonnier de l’espérance. Je ne crois pas que les années glorieuses du méthodisme appartiennent au passé. Elles appartiennent au futur. Je suis très enthousiasmé par ce que j’ai entendu lors de cette Conférence, parce que vous et moi, nous sommes très impliqués dans la rédaction de ce futur du méthodisme. A la fin de cette Conférence, j’aimerais que vous sachiez ce que Dieu nous a parlé, - avec la même conviction que pour les chrétiens de la Conférence de Rome, dans Actes 15,28 : « Nous et le Saint-Esprit, nous avons décidé ». Je prie que vous repartiez avec cette espérance pour écrire une nouvelle page du méthodisme. Dieu vous bénisse...