Jeudi - Rapport des surintendants

Conférence Annuelle 16-19 juin 2011 à OBERWINTERTHUR / ZURICH

Dans leur rapport 2011, les surintendants reviennent sur la mission impartie à l’Eglise de Jésus-Christ, devenue ligne directrice pour l’EEM de 2010-2018 :

Nous, les hommes et les femmes de l'Eglise Evangélique Méthodiste, nous vivons une mission: amener des hommes et des femmes à devenir des disciples du Christ.

A la surprise générale, ce rapport n’a pas soulevé de réactions au sein de la Conférence : il a été adopté sans discussion.

Ce rapport reprend la thématique de la Conférence «Cieux et terre se touchent» et nous engage à fixer de nos yeux l’horizon, là même où cieux et terre se touchent. Ce regard prend en ligne de compte l’action de Dieu en notre temps et au lieu de notre engagement avec en arrière-plan le mandat missionnaire : «nous vivons une mission : amener des hommes à devenir disciples de Jésus-Christ.»

Qu’est-ce qui pousse les membres et amis de l’EEM à appliquer ce mandat ? L’enthousiasme personnel est un facteur déterminant sans compter le fait d’être personnellement touché par ce que Dieu a fait en Jésus-Christ en faveur du monde. Des individus marqués par cette touche divine influencent tout à tour leur entourage.

A l’aide de trois questions, les surintendants précisent la nature de cette mission, amener des hommes à devenir des disciples. Répondre à la question : «Pourquoi doit-on amener les hommes à devenir des disciples de Jésus ?» est chose simple, écrivent-ils. Jésus aurait procédé de la même manière. Parmi les autres raisons, il y a le fait que «Jésus a enlevé la culpabilité qui nous séparait de Dieu», et le désir de nous faire découvrir et accepter l’amour de Dieu à travers cette action. Leur vie changera de perspective par-delà la mort.

«Pourquoi les gens ont-ils besoin de l’Eglise ?» se demandent alors les surintendants dans leur rapport. La foi n’est une affaire privée, mais missionnaire. Telle la conviction profonde de ces responsables d’église.

«Pourquoi les gens ont-ils besoin de notre Eglise ?» telle est la question suivante que pose le rapport. Les dons et talents sont octroyés à l’EEM de manière à ce qu’elle soit une église attractive et une communauté qui «confesse sa foi, parce que les hommes et les femmes qui la composent ont fait l’expérience de l’amour de Dieu». Dans le même temps, elle est une église où se manifestent à la fois l’attachement aux fondamentaux de la foi et la liberté d’expression. En outre, elle est une Eglise qui confère, dans le sens qu’elle prend ses décisions après un temps de discussion. Les grandes décisions sont ainsi prises en Conférence. L’EEM est ensuite une grande église mondiale, une église ouverte à la réalité de l’Eglise universelle et sachant prendre ses responsabilités.

En conclusion, les surintendants expriment leur intention d’accompagner les communautés locales à traduire certains objectifs. Entre autres choses à «vivre la vie de disciples». Mais aussi à faire en sorte que les communautés locales ne concentrent plus leur engagement sur leurs propres besoins, mais avec soin et ténacité sur les gens de leur entourage, de leur région pour les amener à devenir disciples de Jésus-Christ. Ce mandat concerne l’ensemble de la communauté et ne peut pas être cédé seulement aux pasteurs, à des commissions ou à des actions isolées.

Congé de Markus Bach

Après que Markus Bach a présenté le rapport des surintendants, la Conférence a pris congé de lui en tant que surintendant de la région de Berne sous une salve d’applaudissements. «Markus Bach a été pendant 10 ans surintendant de Berne et j’aimerais l’en remercier», relève l’évêque Patrick Streiff qui apprécie l’homme et son apport inestimable au sein du Cabinet : il a apporté une énorme expérience au cours d’une période de grands changements et bouleversements. Son apport était jugé utile. Patrick Streiff le remercie de ses conseils. A présent, Markus Bach va retourner à un ministère pastoral classique et va se concentrer sur sa nouvelle paroisse, mais pas seulement, car de nouvelles tâches l’attendent, maintenant qu’il vient d’être élu comme secrétaire de la Conférence centrale. «Il est heureux que des personnes ayant acquis une telle expérience puissent rester au service de l’Eglise», déclare l’évêque. Markus répond à l’assemblée : «C’était un privilège pour moi de continuer à bénéficier de ces richesses et de ces apports : j’ai eu du plaisir à assumer ma tâche et me réjouis de la tâche qui l’attend.»

Claudia Haslebacher est la nouvelle surintendante du district de Berne.

Les membres confessants en hausse

L’EEM en Suisse/France compte à la fin de 2010 quelque 6’162 membres confessants, 3’678 amis et 182 membres baptisés. 142 personnes viennent d’être admis comme membres professants. L’EEM en Suisse dénombre 134 membres confessants en moins qu’à la fin 2009. Bien que les admissions comme membres confessants sont en hausse, le nombre de membres décline sensiblement dans l’ensemble de l’EEM de Suisse/France (décès, radiations, départs).

4’575 personnes ont été accompagnées par 1’502 collaborateurs dans le cadre du travail de Takano (parmi les enfants, les jeunes et les jeunes adultes).

En moyenne, 5’016 adultes suivent le culte dominical dans 119 communautés locales. Dans l’EEM en France, les 21 communautés locales qui la compose ont gagné 68 membres confessants pour compter en tout 1’279 membres : il faut se rappeler le transfert dans notre Conférence annuelle de la communauté de Paris-Colombes (84 membres) : comme quoi pour grandir rapidement il faut s’occuper des migrants ! On ne dispose pas de statistiques de l’EEM en Algérie. L’EEM y travaille au sein de quatre communautés locales.

L’admission de nouveaux membres aujourd’hui ne peut pas être mise sur le même plan que l’admission de membres 50 ans en arrière. Dans le temps, c’était des gens qui, après quelques visites, devenaient membres et puis tous les jeunes devenaient membres après la fête de fin du catéchisme; aujourd’hui,c‘est différent, nous avons plus de membres que ce que nous pouvons désigner statistiquement. Le membre qui est admis, doit confesser sa foi, parler de sa vie dans la communauté. Il s’engage à participer à l’avancement du Royaume de Dieu. Nos communautés comptent beaucoup d’amis qui hésitent longtemps à franchir formellement le pas de l’engagement de membres. Peut-être réussirons-nous un jour à faire que la question de membres ne soit pas seulement une question de statistiques ou d’association, mais de gens qui s’engagent à part entière, relève Markus Bach et d’ajouter qu’il ne faut pas tout axer sur des chiffres, sachant que derrière les chiffres il y a des personnes à atteindre». Parole de sagesse...

Le rapport est adopté à l’unanimité.

Rapport des surintendants à la Conférence annuelle 2011 du 16 au 19 juin 2011 à Winterthur et Zürich

En intégralité


Jörg Niederer, Etienne Rudolph, Martin Streit, Markus Bach

Le thème de la Conférence annuelle « Les cieux et la terre se touchent » peut être interprété de bien des manières. Dans la perspective du rapport des surintendants à la Conférence annuelle, nous avons choisi d’aborder ce thème en lien avec le texte biblique se référant au moment où Jésus commence son œuvre, dans Matthieu 4,17: « Dès ce moment, Jésus se mit à prêcher: Changez de comportement, disait-il, car le Royaume des cieux s’est approché! ». Depuis l’époque où Jésus a commencé son œuvre, la promesse selon laquelle les cieux sont tellement proches des hommes qu’ils touchent la terre est toujours valable pour l’humanité. Dans l’œuvre de Jésus, les cieux et la terre se touchent. En Jésus-Christ, il est possible de faire l’expérience des cieux sur la terre. Les cieux ne sont pas une réalité éloignée de nous. Jésus est le Dieu devenu homme qui a apporté les cieux sur la terre. En Jésus, les cieux et la terre se touchent.

Et pourtant, Jésus encourage les gens à contribuer à cet événement, ce qui ne va apparemment pas de soi. « Changez de comportement » signifie que nous, êtres humains, devons nous orienter vers cet événement. Jésus a encouragé les disciples à changer de mentalité et à s’ouvrir aux cieux qui s’approchent. Lorsque nous agissons en tant qu’Eglise, les cieux s’insinuent dans les fissures et les égratignures de la terre. Nous ne disposons pas uniquement de nos propres possibilités (terrestres), mais comptons aussi sur l’action (céleste) de Dieu dans notre temps. En tant que méthodistes, nous nous appuyons sur les deux: l’œuvre de Dieu (les cieux) dans notre temps et notre inlassable engagement (la terre).

Nous appelons l’endroit où les cieux et la terre se touchent « horizon ». Quelle que soit la direction dans laquelle nous nous tournons, nos yeux se posent toujours sur l’horizon. Le seul moyen de ne pas voir l’horizon est de tourner son regard vers l’intérieur, de se concentrer uniquement sur soi. Dès que nous regardons loin de nous, nous voyons néanmoins l’horizon. En tant que Cabinet, nous sommes tout disposés à comprendre cela comme une promesse à notre Eglise et à nos communautés. Levons nos yeux vers l’endroit où les cieux et la terre se touchent, découvrons un nouvel horizon, vaste, qui ne soit pas limité par un regard fixé sur l’intérieur! Découvrons notre mandat et notre envoi en nous orientant vers les cieux tous proches, en nous tournant vers la présence de Dieu auprès des êtres humains que nous voulons conduire à suivre le Christ, pour transformer le monde!

Après avoir traité lors de la dernière session de la Conférence la seconde partie du mandat missionnaire (pour transformer le monde), nous voulons nous concentrer cette année sur la première partie de la phrase:

Nous, les hommes et les femmes de l'Eglise Evangélique Méthodiste, nous vivons une mission: amener des hommes et des femmes à devenir des disciples du Christ.

1. D’où venons-nous?

Nombreux sont ceux qui nous ont fait remarquer que ce mandat missionnaire n’avait rien de nouveau pour notre Eglise. C’est vrai! Il y a plus de 100 ans, notre Eglise a vu le jour et connu un grand essor. Les membres de l’époque ont réussi à amener beaucoup de monde à suivre le Christ. Nous ne sommes plus jamais parvenus à atteindre la croissance et l’expansion de ce temps-là. Pourtant, le contexte social de notre Eglise ne nous était pas toujours favorable. Plusieurs rétrospectives historiques récentes, comme celles réalisées à Bienne et à Bâle, par exemple, en témoignent. Ainsi le délégué américain a-t-il dû intervenir politiquement à Berne et confirmer que l’Eglise méthodiste n’était pas une secte pour que les prédications méthodistes soient à nouveau autorisées à Bienne. Les méthodistes ont cependant aussi réussi à former des immenses écoles du dimanche accueillant de nombreux enfants extérieurs à l’Eglise venus écouter les histoires bibliques. De fait, les méthodistes brûlaient d’envie de transmettre la bonne nouvelle de Jésus-Christ à leurs prochains.

Bien des gens ont alors trouvé le chemin de l’Eglise méthodiste épiscopale et de la ‘Evangelische Gemeinschaft’. Ils sont ensuite devenus membres pour manifester leur désir d’être des disciples du Christ. Il est rare que ce genre de communauté soit accueilli avec joie et nos ancêtres se sont parfois heurtés au mépris de leurs contemporains lorsqu’ils s’affiliaient à la ‘Gemeinschaft’ ou aux méthodistes. La pression extérieure n’était certainement pas la même partout, mais elle existait; pourtant, les communautés grandissaient. D’ailleurs, c’est justement à cause de cette pression que de nombreuses églises locales ont créé leurs propres associations: associations chorales, associations de femmes et d’hommes. Ces associations étaient souvent désignées par le terme d’« alliance », qui faisait référence à un groupe de per- sonnes déterminé appartement à l’église, comme l’alliance des femmes et, plus tard, l’alliance des jeunes. A certains endroits, ce phénomène a entraîné une introversion croissante. Est-il possible qu’à cette époque, les tâches liées à la mission et à l’évangélisation aient été de plus en plus souvent déléguées au pasteur ou à des institutions ou organisations spécifiques?

Il y a plus de 100 ans, le but de l’Eglise était d’être présente dans le plus grand nombre d’endroits possibles. Il faut dire qu’à cette époque, la mobilité était très restreinte. Il était donc important de construire une chapelle un peu partout, pour être présent sur place. En principe, il suffisait de disposer d’une salle de culte et, parfois, d’une petite salle. L’élément déterminant demeurait néanmoins le fait que les gens brûlaient d’envie de conduire leurs prochains à suivre Jésus. Certaines communautés agissaient ainsi pour marquer leur rejet de la société d’alors, dans un désir conscient de prendre leurs distances par rap- port au « monde ». Il y en avait cependant aussi d’autres pour lesquelles il était important de ne pas se séparer du monde. A l’époque déjà, les églises locales n’étaient pas toutes identiques. A l’époque déjà, il existait des différences quant à l’orientation à prendre ou à la compréhension du mandat confié à l’Eglise.

Qu’est-ce qui fait que l’Eglise a quand même grandi? L’une des principales caractéristiques que nous voyons aujourd’hui est le désir ardent de ne pas vouloir garder pour soi la bonne nouvelle de Jésus- Christ, mais de la transmettre aux personnes de son entourage. Nous y voyons un enthousiasme et une reconnaissance personnelle profonde pour tout ce que Dieu a fait pour le monde, dans son ensemble, en Jésus-Christ. Cette perception selon laquelle le monde entier est concerné par l’action du Christ a égale- ment conduit à la mise en place d’activités socio-diaconales destinées à transformer le monde.

2. Où en sommes-nous aujourd’hui?

Comment parvenir aujourd’hui à amener des hommes et des femmes à devenir des disciples du Christ?

Il est évident que nous ne vivons plus dans les mêmes conditions sociales que celles qu’ont connues les premiers méthodistes à l’époque où l’Eglise s’est développée. Il semble donc logique que nous ne puissions pas simplement reprendre ce qui fonctionnait alors. Il vaut néanmoins la peine d’étudier attentivement les différences existantes pour tirer du passé certains enseignements utiles pour le présent.

Ce qui frappe, c’est que la pression exercée de l’extérieur sur les églises locales est nettement moins importante que par le passé. De manière générale, la société ne remet plus en question notre droit d’exister. Tant en France qu’en Suisse, il n’existe aucune restriction particulière quant à nos activités en tant qu’Eglise. Il en va autrement en Algérie. Il semble par contre que la pression exercée de l’intérieur ait pris de l’ampleur. Cela signifie que nous nous concentrons aujourd’hui davantage sur des questions que nous nous posons nous-mêmes: quelles sont les tâches de l’église locale, comment nous distinguer des autres Eglises ou sous quelles formes célébrer les cultes, quels cantiques chanter et quelles activités organiser? Nous réfléchissons cependant aussi à nos finances et nous demandons si nous pouvons continuer à engager tel ou tel pasteur, quelles sont ses tâches, au service de qui il devrait se trouver, pour- quoi les pasteurs sont tenus d’accomplir autant de tâches pour l’ensemble de l’Eglise, alors que ça n’apporte rien à la communauté locale, etc. S’il est important de répondre à ces questions, ce ne sont pas des réponses qui justifieront en quoi que ce soit notre existence en tant que communauté chrétienne ou qu’Eglise!

La Conférence annuelle 2010 a adopté une stratégie selon laquelle nous souhaitons amener de plus en plus d’hommes et de femmes à être des disciples du Christ au cours des huit prochaines années. Certaines personnes ont compris cet objectif comme la réponse aux questions internes que nous nous po- sons. La stratégie a été interprétée comme étant la tâche qui nous était désormais dévolue, comme un moyen d’acquérir plus de membres, comme une mesure de recherche de fonds, etc. Il s’agirait cependant là d’un raccourci un peu simpliste. La préoccupation centrale de la stratégie consiste bien plutôt à vouloir conduire des hommes et des femmes à devenir des disciples du Christ. Elle ne se concentre plus sur nous, mais sur l’envoi de Dieu, auquel nous, êtres humains, pouvons et devons contribuer. Nous devrons certes toujours répondre aux questions posées ci-dessus, mais ce ne sont pas ces questions-là qui nous motiveront à être une Eglise crédible aujourd’hui, car les réponses à ces questions ne justifient en fin de compte pas notre existence en tant qu’Eglise!

La question essentielle que nous devons nous poser aujourd’hui est: comment parvenir à amener des hommes et des femmes à devenir des disciples du Christ? Un regard aux statistiques devrait nous fournir un premier indice à cet égard. Les personnes qui se sont tournées vers Jésus et ont confessé publique- ment leur foi sont admises dans notre Eglise lors d’une célébration de renouvellement des vœux du baptême ou deviennent des membres confessants à l’occasion d’un baptême. Au cours de ces dernières an- nées, le nombre de ces personnes oscillait entre à peine 100 et un plus de 200 par année pour l’ensemble du territoire de la conférence. Ce chiffre ne correspond cependant pas forcément à des « nouveaux disciples de Jésus », car il comprend souvent des personnes qui ont quitté d’autres Eglises pour venir s’installer chez nous. Il est vrai que nous les comptons comme des nouveaux membres, mais cela ne signifie pas que ce soient forcément des nouveaux disciples. La situation est similaire en ce qui concerne les départs. Les gens qui partent de chez nous ont souvent trouvé un nouveau foyer spirituel ailleurs, même si ce n’est pas le cas de tous ceux qui quittent notre Eglise.

Il est donc difficile de répondre clairement à la question de savoir si nous parvenons à conduire des con- duire des hommes et des femmes à devenir des disciples du Christ. Certes, il y a des églises qui peuvent sans aucun problème répondre oui à cette question, mais il en existe aussi dans lesquelles il n’y a eu aucune célébration de renouvellement des vœux du baptême au cours de ces dernières années (et par- fois même au cours des dix dernières années, voire plus!). Bien que ces statistiques révèlent certains éléments dignes d’intérêt, elles ne reflètent en aucun cas toute la réalité. Si l’on voulait obtenir une image aussi proche de la réalité que possible, nous devrions également tenir compte d’autres observations et expériences. Il faudrait ainsi se demander

-    si la croissance numérique des membres de notre Eglise ne découle pas de la venue de personnes issues d’autres communautés chrétiennes;

-    si nous sommes capables d’offrir un foyer spirituel à nos propres enfants et adolescents; les Flambeaux et la formation de pasteur-jeunesse sont de bons outils à cet égard;

-    comment faire pour qu’en dépit de la baisse du nombre des actions d’évangélisation, des hommes et des femmes soient invités à croire en Jésus-Christ et que des personnes en recherche soient accompagnées dans leur quête;

-    comment des personnes qui viennent de se tourner vers le Christ peuvent s’intégrer dans le réseau de relations existant dans nos communautés de manière à y trouver un filet solide où développer leur foi et leur vie de disciple;

- comment faire en sorte que les « nouveaux venus » dans nos communautés puissent faire, sur place et dans l’ensemble de l’Eglise, des expériences positives et utiles qu’ils n’auraient pas envie de manquer.

Nous constatons que la réponse à la question de savoir si nous parvenons aujourd’hui à conduire des hommes et des femmes à devenir des disciples du Christ différera d’une communauté à l’autre et d’un circuit à l’autre. Il est donc également important de ne pas proposer une recette ou une procédure générale applicable à tous les circuits, mais de faire en sorte que plusieurs modes de fonctionnement puissent être utilisés suivant la situation et le lieu. L’important pour nous est que chaque église locale se demande comment amener davantage d’hommes et de femmes à devenir des disciples du Christ. Dans le rapport du Cabinet à la Conférence annuelle de l’année dernière, nous avons mentionné les trois questions essentielles posées par l’évêque Växby:

- Pourquoi les gens ont-ils besoin de Jésus?

- Pourquoi les gens ont-ils besoin de l’Eglise?

- Pourquoi les gens ont-ils besoin de notre Eglise?

Il s’agit de questions qui s’adressent à nous en tant qu’ « insiders ». Quelles réponses donnerions-nous à une personne de l’extérieur qui nous poserait ces questions? A partir de ces questions, nous aimerions formuler les réflexions et idées suivantes. Elles visent à nous aider à amener de plus en plus d’hommes et de femmes à devenir des disciples du Christ.

Pourquoi faut-il amener des hommes et des femmes à devenir des disciples du Christ?

Une première réponse simple à cette question consiste à dire parce que Jésus l’a fait. La Bible compte de nombreux exemples indiquant que Jésus a appelé des gens à le suivre. La Bible parle alors de disciples qui ont suivi Jésus. Il était important pour Jésus de ne pas simplement proclamer une nouvelle doctrine, mais vraiment d’amener des gens à la vivre. Ce faisant, il montrait clairement que le suivre impliquait aussi de porter sa croix (Mt 16,24), de prendre ses distances par rapport aux valeurs que l’on avait jusque là (Mt 8,34) et de se consacrer entièrement à cette nouvelle vie et à ses nouvelles valeurs (Lc 9,61 ss). Avec Jésus et la communauté postpascale, toutes et tous, femmes et hommes, jeunes et vieux, juifs et non-juifs, sont invités à faire de même.

La deuxième réponse que nous pouvons donner à la question de savoir pourquoi nous devons amener des hommes et des femmes à devenir des disciples du Christ se trouve dans la raison même qui a poussé Jésus à le faire: le Royaume des cieux s’est approché (Mt 4, 17). Dans l’incarnation de Jésus, les cieux et la terre se touchent. En Jésus Christ, Dieu s’est fait homme et est venu vivre parmi nous (cf. Jn 1). Le sens de l’envoi de Jésus dans le monde réside dans le fait que l’être humain peut se tourner vers les cieux (faire demi-tour, se repentir). Inviter des personnes à suivre le Christ signifie donc que nous les convions à se tourner vers Jésus et à faire l’expérience, en elles-mêmes, que « les cieux et la terre se touchent ». Le but est de leur faire découvrir que le royaume des cieux est si proche qu’elles peuvent s’en saisir et le prendre pour elles. En Jésus-Christ, Dieu a désormais un visage. Les gens peuvent ainsi découvrir dans leur quotidien que Dieu est leur père et qu’ils sont les enfants de Dieu. Le Saint-Esprit fait en eux ce qu’eux-mêmes sont incapables de faire (Rom 8). C’est l’expérience de la grâce de Dieu.

En faisant l’expérience de la présence de Dieu, l’être humain prend cependant aussi conscience de sa faute. La troisième raison pour laquelle nous invitons les hommes et les femmes à être des disciples est que nous pouvons leur promettre que Jésus a annulé cette faute qui nous sépare de Dieu, sans que nous ayons à faire quelque chose en échange. Cette expérience de la grâce justificatrice que nous n’avons pas eue à mériter est particulièrement précieuse dans la société de performance d’aujourd’hui, mais peut- être aussi difficile à accepter par certains justement à cause de cela. Dans cette action qui se produit à l’extérieur de nous, réside aussi la particularité et la spécificité de la religion chrétienne, par rapport à toutes les autres religions.

Le souhait de voir les personnes reconnaître et accepter l’amour qui se cache derrière cette action est la quatrième réponse à la question posée ci-dessus. L’être humain a besoin de faire l’expérience de l’amour et de l’acceptation pour vivre. Sans cette expérience, il ne peut pas vivre. Les personnes de notre entourage ont en quelque sorte droit à la proclamation, en paroles et en actes, du message d’acceptation et d’amour de Dieu. Ce faisant, veillons à ce que notre attitude envers les autres soit clairement plus convaincante que nos seules paroles. Le message fondamental des méthodistes qui parle d’une « foi active dans l’amour », exprime parfaitement cette affirmation.

Cinquièmement, nous donnons la réponse qui aurait peut-être été la principale raison invoquée par les premiers méthodistes. L’ordre des réponses ne revêt toutefois ici aucune valeur intentionnelle. Il convient d’amener des personnes à devenir des disciples du Christ pour qu’elles aient la vie éternelle. L’être humain a besoin dans sa vie d’une perspective qui aille au-delà de sa mort. Il est frappant de constater qu’aujourd’hui on n’en parle rarement, alors que lors des enterrements, en particulier, les gens posent beaucoup de questions sur la vie après la mort. Apparemment, ils n’obtiennent que peu, voire pas du tout, de réponses satisfaisantes à ce sujet au cours de leur vie ou refoulent complètement la question. En tant que disciples de Jésus, nous avons une réponse à ces questions et ne devons pas en priver les per- sonnes qui nous entourent.

La liste des réponses à la question de savoir pourquoi nous devons amener des femmes et des hommes à devenir des disciples du Christ n’est certainement pas exhaustive, mais nous espérons qu’elle donnera des pistes pour nous motiver à prendre au sérieux et à accomplir le mandat que Jésus nous a confié.

Pourquoi les gens ont-ils besoin de l’Eglise?

Pour la plupart des membres de l’Eglise Evangélique Méthodiste, il est « normal » de faire partie d’une Eglise. Cette appartenance n’est cependant pas aussi « normale » pour les personnes extérieures à l’Eglise ou celles qui sont nouvelles dans la foi. Elles considèrent au contraire l’institution de l’ « Eglise » avec une certaine méfiance ou, dans le meilleur des cas, avec un intérêt réservé. On nous demande régulièrement pourquoi il ne peut pas y avoir de foi en Dieu, en Jésus, qui soit détachée de l’Eglise; en quelque sorte une foi d’ordre privé.

Nous ne pensons pas que la foi soit « uniquement » quelque chose de privé. Certes, elle repose sur l’acceptation individuelle de Jésus, mais la « foi » ne se limite pas à ça. Nous sommes profondément con- vaincus que notre foi revêt un caractère missionnaire. Comme Jésus a été envoyé dans le monde, nous sommes nous aussi des croyants envoyés dans le monde. Dans l’introduction de la Constitution de l’EEM, il est écrit: « L’Eglise de Jésus-Christ œuvre dans le monde et pour le monde » (Constitution de l’EEM, art. 1,2). Nous sommes redevables au monde du témoignage de Jésus-Christ! Nous ne pouvons pas faire autre chose que de parler de ce dont notre cœur est rempli: « Car la bouche exprime ce dont le cœur est plein. » (Mt 12,34).

Lorsque la foi n’est pas une chose privée mais œuvre dans et pour le monde, on la désigne par le terme d’Eglise, qui rassemble les croyants, tant dans les réunions communes que dans l’envoi commun. « L’Eglise est l’union de tous les vrais croyants en Jésus-Christ, leur Seigneur. Elle est la communauté sauvée, envoyée dans le monde, pour annoncer le salut, communauté dans laquelle la Parole de Dieu est prêchée par des hommes et des femmes appelés par Dieu et dans laquelle les sacrements sont administrés correctement selon leur institution par le Christ. Par l’action du Saint-Esprit, l’Eglise invite à l’adoration de Dieu, travaille à l’édification des croyants et au salut du monde. » (Constitution de l’EEM, art. 1,1). En vertu de notre Constitution, l’Eglise n’a aucun but en soi, ni ne se justifie par ses propres structures. Elle vise à aider les croyants à vivre leur foi et leur mission dans le monde. Pour les croyants, elle représente simultanément un foyer dans le monde et un envoi vers le monde.

Pour décrire l’Eglise, Paul a utilisé l’image du corps, avec ses différents membres (1 Cor 12). Dieu a ras- semblé les croyants pour former ce corps. Cette communauté est le corps du Christ rendu visible pour le monde. Les personnes appartenant à l’Eglise Evangélique Méthodiste sont ainsi elles aussi désignées comme des « membres ». Elles sont membres du corps du Christ, ce qui s’exprime par leur affiliation à l’Eglise. Cette appartenance au corps du Christ ne doit pas forcément se faire dans l’EEM. De nombreuses Eglises font partie de l’Eglise de Jésus-Christ. En tant qu’EEM nous avons, pour reprendre l’image de Paul dans 1 Corinthiens 12, une fonction et un don particuliers, que nous accomplissons joyeusement et volontiers dans le monde, sans pour autant dévaloriser les autres dons et fonctions assumés par d’autres Eglises.

Pourquoi les gens ont-ils besoin de notre Eglise?

Quels sont les forces, les dons qui nous caractérisent nous, en tant qu’Eglise Evangélique Méthodiste? Qu’attendent les gens qui suivent l’appel de Jésus lorsqu’ils viennent dans notre Eglise? L’énumération des principales caractéristiques de notre Eglise présentée ci-dessous s’applique à toutes les communautés de l’EEM. C’est la combinaison de ces caractéristiques essentielles qui fait la particularité et la valeur de notre Eglise. Si certains de ces critères apparaissent aussi dans d’autres Eglises, leur combinaison est spécifique à l’ « Eglise méthodiste ».

Nous sommes une Eglise relationnelle

Les personnes qui ont trouvé ou trouveront un foyer dans l’EEM entretiennent dans notre Eglise leur relation avec Dieu et avec les autres. Etant donné qu’elles pourraient aussi entretenir leur relation avec Dieu dans d’autres Eglises et communautés, la raison pour laquelle elles trouvent un foyer chez nous ou pas réside essentiellement dans les relations avec les autres. Le fait de parvenir à établir et à maintenir des relations avec des personnes qui ne font pas (encore) partie de l’église locale est ainsi déterminant pour la croissance de la communauté. Lorsque de telles relations existent, il arrive souvent que des gens trouvent le chemin de nos églises. Ils ne le font généralement pas parce que nous avons les meilleures prédications, les sièges les plus confortables, le meilleur café ou la théologie la plus convaincante, mais parce qu’ils peuvent nouer des relations dans l’une de nos églises. De nombreux circuits qui se sont soumis au test ‘Koinonia’ indiquent que l’une de leurs forces réside dans les « relations agréables ». Une bonne partie des communautés qui travaillent sur le livre de l’évêque Schnase « Les paroisses qui portent du fruit et leurs caractéristiques » consacre beaucoup de temps à l’aspect relationnel de l’ « hospitalité radicale ». Les relations sont l’une de nos forces – veillons à ce qu’elles ne soient pas uniquement tournées vers l’intérieur.

Nous formons, en tant qu’Eglise, une communauté de personnes qui témoignent de leur foi.

Nous nous distinguons en cela des Eglises réformées de Suisse, qui considèrent la présence dans un territoire donné comme un élément déterminant de l’appartenance des protestants à l’Eglise. Le fait de reconnaître Jésus- Christ comme Seigneur et Sauveur, la Bible comme fondement de notre foi et de notre vie, et la sanctification (faire le bien et éviter le mal), est une condition sine qua non pour devenir membre confessant de notre Eglise. Notre cœur est rempli de l’amour de Dieu versé dans nos cœurs par le Saint-Esprit qui nous est donné (Rm 5,5). Cet amour de Dieu vaut pour toutes et tous, car personne ne peut le mériter. Per- sonne ne peut donc en être exclu, ni ne peut l’obtenir par des efforts particuliers. En cela, nous sommes différents de certaines Eglises libres. Dans nos églises, toutes et tous sont invités à chercher et à témoigner la présence de Dieu parmi nous.

Nous sommes une Eglise diversifiée

Les racines de notre foi sont ancrées en Christ et non pas dans une certaine forme de foi. Aussi avons-nous toute une variété de formes de foi et de communautés, qui illustrent chacune à leur manière la richesse des dons de Dieu. Cette diversité se retrouve aussi chez les pasteurs. Nous ne sommes pas d’avis que nous devons toutes et tous penser, agir et croire de la même manière pour être des disciples fidèles de Jésus. Nous estimons bien plutôt que le Christ se trouve au centre de notre foi et de notre vie. Ainsi s’applique à notre Eglise le principe exprimé par notre père fondateur: nous sommes unis dans l’essentiel (le Christ est au centre) et pour tout le reste nous disons qu’il faut penser et laisser penser. Tout comme l’arc-en-ciel comprend différentes couleurs qui se juxtaposent harmonieusement, ce qui en fait justement un arc-en-ciel, nous ne nous voyons pas, en tant qu’Eglise, comme arborant une seule couleur ou identité, mais comme une combinaison de différentes couleurs qui se complètent, se corrigent et aident à montrer au monde le royaume de Dieu. Ne nous laissons pas perturbés par l’exigence générale qui veut que l’on ne puisse s’occuper que d’une seule couleur. Nous sommes heureux de pouvoir être une Eglise diversifiée.

Nous sommes une Eglise qui confère

En tant qu’Eglise qui plonge ses racines dans la réforme, nous respectons le sacerdoce universel, qui s’exprime chez nous par l’importance du travail des laïques. Les pasteurs ne sont pas les seuls à conduire les communautés, puisque la direction de l’église se compose aussi bien de la pasteure ou du pasteur que de laïques. C’est la raison pour laquelle nous ne parlons pas des dirigeants de l’église, mais de la direction de l’église, ce qui souligne la collaboration entre les membres pastoraux et les laïques. Dans ce contexte, les pasteurs ont pour responsabilité particulière de gérer le contenu et les structures de la vie communautaire dans le respect de notre règlement commun. La structure de notre Eglise est faite de conférences (conférences de circuit, conférences annuelles, conférences centrales et conférence générale). Les décisions de notre Eglise ne sont pas prises par des individus (particulièrement inspirés) mais par des conférences. Nous croyons que tous les chrétiens et toutes les chrétiennes sont remplis du Saint-Esprit et donc inspirés. Il vaut la peine d’écouter l’avis de chacune et de chacun. C’est pourquoi il est important que l’appartenance à notre Eglise soit considérée comme une confession et non pas simplement comme une affiliation à une association.

Nous sommes une Eglise mondiale

qui ne veut pas simplement être église ou communauté sur place, mais a pour mission de proclamer l’évangile dans le monde entier. Nous ne tenons donc pas uniquement compte de nous-mêmes et de nos propres besoins, mais aussi de l’existence et des besoins d’autrui (au sein de la Conférence annuelle et dans le monde entier). Cette solidarité ne se traduit pas seulement dans les questions financières, mais aussi dans les ministères et les responsabilités par-delà les frontières de l’église locale. Cette réalité nous différencie des communautés autonomes de notre entourage.

3. A quoi aspirons-nous?

Comment faire en sorte qu’à l’avenir nous arrivions encore à amener des femmes et des hommes à suivre le Christ? Nous ne pouvons pas revenir au temps et aux méthodes du passé, même si certaines choses héritées « de nos ancêtres » fonctionnent encore dans nos églises. Nous avons aujourd’hui besoin d’une nouvelle compréhension de ce que ‘signifie être église’ qui ne soit pas concentrée sur nous-mêmes, mais vive le mandat de Jésus consistant à amener des hommes et des femmes à être des disciples, pour transformer le monde. Nous devons réapprendre (pour autant que nous ne l’ayons pas déjà fait) que l’on ne cherche pas une Eglise ou une communauté pour son propre bien, mais que l’on vit l’Eglise comme la présence de Dieu parmi les hommes. La communauté ou l’Eglise n’est pas là pour nous, pour nous per- mettre d’entendre une bonne prédication, d’avoir un pasteur « crédible » ou de boire un meilleur café. La communauté est là pour nous aider à accomplir tous ensemble la mission que Jésus nous a confiée, à savoir conduire des femmes et des hommes à le suivre.

En tant que Cabinet, nous souhaitons donc avoir des circuits qui présentent les valeurs de référence ci- après. L’un des éléments de la mise en œuvre de la stratégie consistera pour nous à accompagner les circuits dans le processus d’acceptation et d’application de ces valeurs de référence. Nous nous efforcerons aussi toujours davantage d’évaluer les affectations sur la base de ces valeurs de référence et de promouvoir ces valeurs dans le cadre des nouvelles affectations.

1. En tant que membres de la communauté, nous vivons consciemment comme des disciples du Christ. Nous cherchons en nous ce cœur si plein que notre bouche exprime ce qui le remplit. Nous sommes conscients de la joie que nous éprouvons à suivre Jésus et invitons par là-même des personnes de notre entourage à devenir des disciples du Christ. Nous considérons notre propre vie de disciple comme l’une de nos compétences essentielles et pouvons ainsi inviter d’autres personnes à faire de même.

2. Le circuit n’oriente pas son mandat sur ses propres besoins, mais sur la manière la plus efficace d’amener, là où il se trouve ou dans sa région, des hommes et des femmes à suivre le Christ.

3. Le mandat consistant à amener des hommes et des femmes à devenir des disciples du Christ concerne l’ensemble de la communauté et ne peut pas être délégué au corps pastoral ou à des organes déterminés, ni aux organisateurs d’actions ou d’activités spécifiques.

4. En amenant des femmes et des hommes à suivre Jésus, nous posons la pierre angulaire qui transformera le monde. Le fait que des personnes soient amenées à être des disciples nous ouvre des possibilités sur la manière dont le monde peut être transformé. En tant que circuit, nous nous efforçons consciemment d’exploiter ces possibilités de manière cohérente et ciblée.

Au sein du Cabinet, nous avons procédé au cours de ces dernières années à une évaluation annuelle des différents circuits et communautés et ainsi essayé de nous faire une idée du développement des circuits. Cette analyse nous a aidés à fixer des priorités dans notre travail. Nous conserverons cet outil et l’utiliserons désormais en l’orientant plus systématique encore sur l’aspect du discipulat. Pour ce faire, nous demandons de plus en plus souvent dans le cadre de nos discussions dans les circuits, comment ils arrivent à amener des hommes et des femmes à devenir des disciples du Christ, et encourageons les circuits à prendre des mesures concrètes dans cette direction.

L’évangéliste Marc raconte la parabole de la semence qui pousse toute seule (Mc 4,26 ss): « Jésus dit encore: Voici à quoi ressemble le Royaume de Dieu: Un homme répand de la semence dans son champ. Ensuite, il continue à dormir durant la nuit et à se lever chaque jour, et pendant ce temps les graines germent et poussent sans qu’il sache comment. La terre fait pousser d’elle-même la récolte: d’abord la tire des plantes, puis l’épi vert, et enfin le grain bien formé dans l’épi. Dès que le grain est mûr, l’homme se met au travail avec sa faucille, car le moment de la moisson est arrivé. » Cette parabole montre d’une manière toute simple, en quoi consiste notre mission en tant qu’Eglise et communauté: répandre de la semence dans le champ. Nous sommes confiants que ce sont la bonté et la grâce de Dieu qui feront germer les graines et pousser la plante. Et ce sera à nous d’appeler les gens pour la récolte et de moissonner à la gloire de Dieu. Nous nous en réjouissons!

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A la surprise générale, ce rapport n’a pas soulevé de réactions au sein de la Conférence : il a été adopté sans discussion.

Ce rapport a repris la thématique de la Conférence «Cieux et terre se touchent» et nous engage à fixer de nos yeux l’horizon, là même où cieux et terre se touchent. Ce regard prend en ligne de compte l’action de Dieu en notre temps et au lieu de notre engagement avec en arrière-plan le mandat missionnaire : «nous vivons une mission : amener des hommes à devenir disciples de Jésus-Christ.»

Qu’est-ce qui pousse les membres et amis de l’EEM à appliquer ce mandat ? L’enthousiasme personnel est un facteur déterminant sans compter le fait d’être personnellement touché par ce que Dieu a fait en Jésus-Christ en faveur du monde. Des individus marqués par cette touche divine influencent tout à tour leur entourage.

A l’aide de trois questions, les surintendants précisent la nature de cette mission, amener des hommes à devenir des disciples. Répondre à la question : «Pourquoi doit-on amener les hommes à devenir des disciples de Jésus ?» est chose simple, écrivent-ils. Jésus aurait procédé de la même manière. Parmi les autres raisons, il y a le fait que «Jésus a enlevé la culpabilité qui nous séparait de Dieu», et le désir de leur faire découvrir et accepter l’amour de Dieu à travers cette action. Leur vie changera de perspective par-delà la mort.

«Pourquoi les gens ont-ils besoin de l’Eglise ?» se demandent alors les surintendants dans leur rapport. La foi n’est une affaire privée, mais missionnaire. Telle la conviction profonde de ces responsables d’église.

«Pourquoi les gens ont-ils besoin de notre Eglise ?» telle est la question suivante que pose le rapport. Les dons et talents sont octroyés à l’EEM de manière à ce qu’elle soit une église attractive et une communauté qui «confesse sa foi, parce que les hommes et les femmes qui la composent ont fait l’expérience de l’amour de Dieu». Dans le même temps, elle est une église où se manifeste à la fois l’attachement aux fondamentaux de la foi et la liberté d’expression. En outre, elle une Eglise qui confère, dans le sens qu’elle prend ses décisions après un temps de discussion. Les grandes décisions sont ainsi prises en Conférence. L’EEM est ensuite une grande église mondiale, une église ouverte à la réalité de l’Eglise universelle et sachant prendre ses responsabilités.

En conclusion, les surintendants expriment leur intention d’accompagner les communautés locales à traduire certains objectifs. Entre autres choses à «vivre la vie de disciples». Mais aussi à faire en sorte que les communautés locales ne concentrent plus leur engagement sur leurs propres besoins, mais avec soin et ténacité sur les gens de leur entourage, de leur région pour les amener à devenir disciples de Jésus-Christ. Ce mandat concerne l’ensemble de la communauté et ne peut pas être cédé seulement aux pasteurs, à des commissions ou à des actions isolées.

Congé de Markus Bach

Après que Markus Bach a présenté le rapport des surintendants, la Conférence a pris congé de lui en tant que surintendant de la région de Berne avec une salve d’applaudissements. «Markus Bach a été pendant 10 ans surintendant de Berne et j’aimerais l’en remercier», relève l’évêque Patrick Streiff qui apprécie l’homme et son apport inestimable au sein du Cabinet : il a apporté une énorme expérience au cours d’une période de grands changements et bouleversements. Son apport était jugé utile. Patrick Streiff le remercie de ses conseils. A présent, Markus Bach va retourner à un ministère pastoral classique et va se concentrer sur sa nouvelle paroisse, mais pas seulement, car de nouvelles tâches l’attendent, maintenant qu’il vient d’être élu comme secrétaire de la Conférence centrale. Il est heureux que des personnes ayant acquis une telle expérience puissent rester au service de l’Eglise. Markus répond à l’assemblée : «C’était un privilège pour moi de continuer à bénéficier de ces richesses et de ces apports : j’ai eu du plaisir à assumer ma tâche et me réjouis de la tâche qui l’attend.»

Claudia Haslebacher est la nouvelle surintendante du district de Berne.

Les membres confessants en hausse

L’EEM en Suisse/France compte à la fin de 2010 quelque 6’162 membres confessants, 3’678 amis et 182 membres baptisés. 142 personnes viennent d’être admis comme membres professants. L’EEM en Suisse dénombre 134 membres confessants en moins qu’à la fin 2009. Bien que les admissions comme membres confessants sont en hausse, le nombre de membres décline sensiblement dans l’ensemble de l’EEM de Suisse/France (décès, radiations, départs).

4’575 personnes ont été accompagnées par 1’502 collaborateurs dans le cadre du travail de Takano (parmi les enfants, les jeunes et les jeunes adultes).

En moyenne, 5’016 adultes suivent le culte dominical dans 119 communautés locales. Dans l’EEM en France, les 21 communautés locales qui la compose ont gagné 68 membres confessants pour compter en tout 1’279 membres : il faut se rappeler le transfert dans notre Conférence annuelle de la communauté de Paris-Colombe (84 membres) : comme quoi pour grandir rapidement il faut s’occuper des migrants ! On ne dispose pas de statistiques de l’EEM en Algérie. L’EEM y travaille au sein de quatre communautés locales.

L’admission de nouveaux membres aujourd’hui ne peut pas être mise sur le même plan que les admissions de membres 50 ans en arrière. Dans le temps, c’était des gens qui, après quelques visites, devenaient membres et puis tous les jeunes devenaient membres après la fête de fin du catéchisme; aujourd’hui,c‘est différent, nous avons plus de membres que ce que nous pouvons désigner statistiquement. Le membre qui est admis, doit confesser sa foi, parler de sa vie dans la communauté. Il s’engage à participer à l’avancement du Royaume de Dieu. Nos communautés comptent beaucoup d’amis qui hésitent longtemps à franchir formellement le pas de l’engagement de membres. Peut-être réussirons-nous un jour à faire que la question de membres ne soit pas seulement une question de statistiques ou d’association, mais de gens qui s’engagent à part entière, relève Markus Bach et d’ajouter qu’il ne faut pas tout axer sur des chiffres, sachant que derrière les chiffres il y a des personnes à atteindre». Parole de sagesse...

Le rapport est adopté à l’unanimité.

 Rapport des surintendants (fichier pdf 165 ko)